Les trois compagnies, Samlo, en contrat avec le ministère de la Santé, les Gaz Industriels et Gaz Carbonique,ont « joined forces » dans l’intérêt national pour fournir de l’oxygène
Après l’arrivée, hier matin, d’un tank de 20T d’oxygène liquide, Maurice envisage d’autres rotations vers La Réunion, dont une aujourd’hui, dimanche, avec le Barracuda, en attendant l’arrivée d’autres stocks en provenance d’Afrique
du Sud et de Singapour en décembre
La situation du stock d’oxygène dans le pays est « très préoccupante, mais pas encore catastrophique », selon Richard Foiret, d’OFL Ltd, distributeur d’oxygène pour le compte de la compagnie Samlo, qui fournit le précieux gaz aux hôpitaux du service public ces derniers temps. Joint hier soir pour commenter la situation du stock d’oxygène dans le pays après que le gouvernement a mis urgemment le Barracuda à leur disposition pour répondre à la situation de flux tendu généré par la brutale détérioration de la situation sanitaire dans le pays, le directeur d’OFL Ltd a voulu saluer l’esprit de solidarité qui prévaut actuellement dans le secteur avec les deux autres fabricants importants de gaz à Maurice, à savoir Les Gaz industriels et Gaz Carbonique, qui, dans l’intérêt général et dans un esprit patriotique, ont « joined forces » pour remettre le pays durablement à l’abri d’un manque total d’oxygène. Il assure qu’il n’y aura « no stone unturned » pour sauver le maximum de malades.
La montée brutale de cas positifs de Covid-19 et le taux de mortalité alarmant qui sévit dans le pays ont entamé grandement le stock d’oxygène disponible dans le pays, d’autant que l’hôpital ENT de Vacoas, devenu le centre névralgique des soins d’urgence pour les personnes positives au Covid-19 et en détresse respiratoire, s’est retrouvé dans une situation de saturation de sa propre capacité à fabriquer de l’oxygène. La pression est alors montée de plusieurs crans sur le fournisseur contractuel du gouvernement qui, outre de se voir contraint d’alimenter les hôpitaux devenus des centres de soins du Covid-19, en demandait également davantage.
La demande a triplé en quelques jours
Le ministère a dû dans la conjoncture faire appel aux deux autres prestataires de service locaux Les Gaz Industriels et Gaz Carbonique, qui ont dans un élan de solidarité nationale dans la conjoncture malgré leurs engagements contractuels avec d’autres clients à Maurice et dans la région.
Avec une situation sanitaire qui se dégrade, les fournisseurs locaux sont aussi arrivés presque à saturation. Et il était urgent de trouver d’autres sources.
Pour combattre la détresse respiratoire dans le cadre de l’épidémie de Covid-19, l’oxygène se trouve être un élément absolument vital pour traiter les formes les plus graves de la maladie.
L’immense majorité des patients hospitalisés nécessitent ainsi des apports allant de trois à quinze litres d’oxygène par minute. Des débits qui peuvent atteindre 50 à 60 litres par minute pour les formes les plus sévères.
Il faut savoir qu’à Maurice, la demande d’oxygène a quasiment triplé en quelques jours. De deux à trois tonnes d’oxygène par jour, on est passé à 7/8 tonnes par jour en moyenne, ce qui a quasiment triplé la demande en oxygène gazeux. Ainsi, à travers les réseaux diplomatiques, la société Air Liquide, basée au Port à La Réunion, a été contactée afin de fournir 20 tonnes d’oxygène liquide dans un container (isotank) qui a été apporté sur place par le Barracuda (voir texte plus loin). D’autres livraisons sont déjà dans le collimateur pour les prochains jours afin que les services hospitaliers mauriciens soient en mesure de répondre au pic épidémique prévu pour fin novembre ou début décembre.
Dans ce contexte, Richard Foiret annonce qu’un deuxième container sera dirigé vers La Réunion aujourd’hui pour renforcer le niveau du stock local en attendant d’autres arrivées en provenance de Singapour et d’Afrique du Sud qui sont, elles, plus problématiques, car dépendant directement du transport maritime régional qui est grandement saturé aussi ces derniers temps. Maurice envisage d’avoir trois ou quatre tanks de 20 tonnes d’oxygène liquide en stock pour parer à toute éventualité.
Des concentrateurs à la rescousse ?
Il est intéressant de noter que le stockage d’oxygène liquide est plus avantageux que sous forme gazeux, puisqu’un litre sous cette forme est équivalent à plus de 850 litres gazeux à 15°C. Richard Foiret affirme que cette montée en stock d’oxygène liquide « réduit la pression sur le nombre et la rotation de cylindres dans lesquels est distribué l’oxygène gazeux dont ont besoin les malades en détresse respiratoire et permet de stocker plus d’oxygène dans le pays et dans chaque hôpital ».
Enfin pour pallier le manque d’oxygène dans les salles de réanimation, le ministère et son prestataire de service envisagent dans un premier temps de mettre en service un maximum de concentrateurs d’oxygène.
Un concentrateur d’oxygène est un dispositif stand – alone qui aspire l’air du milieu environnant et qui le fait passer à travers un tamis moléculaire pour concentrer l’oxygène de l’air ambiant et le délivrer au patient à la pression partielle nécessaire à travers des masques à oxygène adaptés pour le traitement.
Une quinzaine d’appareils seront requis dans un premier temps à l’ENT, mais aussi dans les autres hôpitaux, ce qui sera loin d’être suffisant pour affronter le pic épidémique à venir.
À noter, selon le site Clicanoo de La Réunion, « qu’un médecin réanimateur et une infirmière de réanimation expérimentés ont été invités par les autorités sanitaires mauriciennes à venir effectuer un audit des pratiques et un appui à la formation des personnels de l’hôpital ENT, situé à Phœnix. Les deux professionnels de santé sont attendus la semaine prochaine. »
Ils ont prêté main-forte…
Vincent Rogers, CEO de Gaz Carbonique : « Gaz Carbonique Ltée et les Gaz Industriels de Christopher Hart de Keating sont les deux seuls producteurs de gaz médicaux et industriels qui opèrent depuis plus de 60 ans. Sauf que les deux compagnies ne fournissent plus d’oxygène aux hôpitaux depuis le 1e juillet 2020 après que le contrat a été octroyé par le ministère de la Santé à Samlo. Nous avons quand même été sollicités cette semaine pour prêter main-forte au niveau de la distribution d’oxygène en cette période de crise sanitaire. Nous travaillons durement avec nos partenaires et les autorités pour minimiser les risques de pénurie en cette période de grande demande. En période de crise, il est important d’avoir accès à une quantité substantielle d’oxygène qui peut soit être produit localement dans nos usines nécessaire ou importé en forme liquide dans des isotanks comme la cargaison qui a été reçue samedi matin en provenance de La Réunion. Pour le reste, c’est toute une question de planification et l’apport de l’importation s’avère primordial. »
Christopher Hart de Keating, CEO de Gaz Industriels : « C’est avec beaucoup d’humilité que mon entreprise a consenti à travailler main dans la main avec Samlo et Gaz Carbonique Ltée. Nous travaillons d’arrache-pied depuis qu’on a été sollicité et je reste persuadé que cette alliance pourra échafauder une planification pouvant déboucher sur la fourniture de la quantité d’oxygène voulue. »