Relance économique : Quelle partition les artistes peuvent-ils jouer ?

Si on ne le souligne pas souvent, force est de reconnaître que la production artistique et les revenus qu’elle génère contribuent au développement économique. L’art aide à la création d’emplois. Le monde du spectacle a besoin de décorateurs, techniciens, ingénieurs son et lumière, peintres, menuisiers, agence de publicité, entre autres. Autant de métiers gravitant autour de l’art et qui font rouler l’économie. Les restrictions sanitaires, toutefois, ont freiné ce secteur. Quel rôle les artistes peuvent-ils avoir dans la relance économique ?

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Ivor Tan Yan, négociateur pour le syndicat l’Union des Artistes, confirme que cette catégorie de professionnels a été doublement impactée d’une part à cause de la pandémie de Covid-19, et d’autre part, par manque de statut légitime. Pour que l’artiste puisse vivre de son art, il est nécessaire, dit-il, d’établir pour eux un statut. « Ce n’est plus possible que 80% du budget du ministère servent à ses dépenses récurrentes. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’investissement dans l’art et la culture. » Le syndicaliste est d’avis que « l’État mauricien ne fait jamais rien pour valoriser l’art et a décidé arbitrairement d’un statut pour les artistes, soit des Self Employed ».

Les artistes ont eu droit au Self Assistance Scheme qui a été plafonné à Rs 5 100, ce qui représente la moitié du salaire minimum. Il ajoute que le monde de l’art est déjà un secteur économique qui existe sans le soutien de l’État.

Joëlle Coret, chanteuse et présidente de l’Union des artistes, témoigne : « tout le secteur de la musique se trouve aujourd’hui fragilisé, ce qui n’est pas sans conséquences graves sur nos revenus. » Elle confie que certains artistes qui se produisaient dans des hôtels ont dû se réinventer pour survivre. « Faute d’un cadre légal, nous, les artistes, sommes exploités. Nous n’avons aucune protection ni aucune sécurité d’emploi », regrette-t-elle.

« J’avais des revenus pour 26 jours par mois. Tel n’est pas le cas aujourd’hui. En un mois, je peux travailler deux fois à l’hôtel. » Si la crise incite à revoir les fondamentaux, elle juge important de trouver de la place pour l’art et la culture dans son budget car « ils nourrissent l’âme et contribuent à notre bien-être ».

Zan Zak Arjoon, chanteur, tire la sonnette d’alarme sur l’impact des restrictions sanitaires sur les activités artistiques. « Beaucoup d’artistes se sont reconvertis. De fins interprètes ont quitté le métier. C’est triste d’entendre un ami venir m’avouer que la musique et le divertissement sont devenus un service non-essentiel ! »

Pour lui, il faut savoir innover et s’adapter. « Les gens sont tellement présents sur les réseaux en ligne aujourd’hui. Les concerts en ligne peuvent marcher. » Le chanteur ne peut s’empêcher d’interroger la pertinence des restrictions sanitaires. « Aujourd’hui, nous nous posons la question : les restrictions sont-elles d’ordre médical, sanitaire ou politique ? »


IVOR TAN YAN (NÉGOCIATEUR) : « Il faut un statut pour les artistes »

En tant que négociateur pour l’Union des Artistes, quelles sont les difficultés auxquelles sont confrontés les artistes depuis la pandémie et comment surmontent-ils cette situation ?
C’est une catégorie de professionnels qui a été doublement impactée du fait du ralentissement des activités culturelles d’une part, et d’autre part, faute de statut légitime pour tous les artistes dont les peintres, danseurs, chanteurs, etc. La loi du travail définit ce qu’est un travailleur, soit un individu qui consacre son temps, ses compétences et ses capacités au service de celui qui paye.

L’artiste aurait dû bénéficier d’un tel statut mais compte tenu du temps de travail auquel un artiste est soumis, c’est considéré comme un travail à temps partiel. Le temps pour les répétitions auquel se consacre un artiste et qui fait partie de son travail n’est pas comptabilisé, et donc pas rémunéré. Le temps de réflexion dont a besoin un artiste n’est pas valorisé.

Les musiciens et chanteurs arrivent-ils à vivre de ce métier aujourd’hui ? Certains exercent un autre métier en dehors de leur activité artistique.
Pour pouvoir vivre uniquement de leur art, ils doivent disposer de plusieurs lieux où ils peuvent se produire. Forcément, donc, certains n’arrivant pas à décrocher suffisamment d’opportunités, de contrats exclusivement artistiques, se voient obligés de prendre un autre métier. Cela est d’autant plus vrai aujourd’hui qu’ils sont affectés par la pandémie et n’ont pas de statut légal qui les protège. Ce qui amène beaucoup d’artistes à s’éloigner de l’art comme métier. Combien d’artistes ne sont-ils pas découragés lorsqu’ils doivent jongler entre différentes activités professionnelles pour pouvoir continuer à pratiquer et partager leur art ?

Les artistes mauriciens n’ont, à ce jour, jamais eu de structure comme l’Union des Artistes qui leur permet de rassembler leurs demandes à travers une organisation qui a le Locus Standi pour agir. Aujourd’hui, si une association veut parler pour les artistes, elle ne pourra parler que pour les membres. Or, un syndicat parle pour un corps de métiers. L’État mauricien ne fait jamais rien pour valoriser l’art et a décidé arbitrairement d’un statut pour les artistes, soit celui de Self Employed. Les artistes ont eu droit au Self Assistance Scheme qui a été plafonné à Rs 5 100, ce qui représente la moitié du salaire minimum. C’est intéressant de voir comment on prend la situation des artistes qui est celle de travailleurs à mi-temps souvent : on tient compte du fait qu’ils sont des travailleurs à temps partiel mais on ne tient pas compte du fait qu’ils travaillent à temps partiel dans plusieurs établissements pour pouvoir avoir un revenu convenable à la fin du mois.

Le pays est frappé de plein fouet par la crise économique. La priorité pour beaucoup est de nourrir leur famille. Les arts et la culture ont-ils encore une place dans leur budget ?
L’art et la culture ne disparaîtront jamais. C’est la flamme qui anime la nation mauricienne. Il n’y a pas un mariage, un anniversaire où l’on n’entend pas une chanson de séga ou un artiste mauricien de variétés. Les morceaux de ces artistes locaux animent la soirée. L’avenir est prometteur parce qu’on ne peut tuer l’art et la culture. Même des grands régimes dictatoriaux comme le stalinisme n’ont pu détruire la culture.
Grâce aux réseaux sociaux aujourd’hui, une initiative a été lancée pendant la pandémie intitulée Nu l’art, Nu Viv. C’était une première à Maurice, un concert en ligne avec une contribution faite par ceux qui en ont profité. C’était un événement Live. Donc, je ne suis pas trop inquiet de l’avenir de l’art à Maurice car nous avons vu comment une initiative privée a permis à des artistes d’obtenir des revenus pendant cette période.
Par contre, si les artistes ne veulent pas que leur peine perdure, ils devront prendre conscience de l’importance de s’organiser autour du syndicat, L’Union des Artistes est le seul moyen pour pouvoir faire pression. C’est un syndicat qui existe dans le monde entier pour améliorer les conditions de travail des artistes.

Parce que ce ne sont pas tous les artistes qui sont partants pour se rallier autour d’un tel syndicat ?
Il faudrait qu’ils comprennent l’ampleur de la manigance dont ils font l’objet. Tous les artistes doivent comprendre qu’ils doivent s’unir à travers un syndicat pour que leurs droits soient respectés. Il faut qu’ils comprennent à quel genre de manipulation ils sont soumis actuellement.
L’art, la culture et le sport ont en commun le fait qu’ils rassemblent la nation mauricienne derrière une passion commune. C’est pour cela que tous les régimes qui se sont succédé depuis ces 50 dernières années n’ont jamais trouvé important de valoriser les bénéfices que l’art et la culture peuvent apporter à l’économie. C’est le travail de l’Union des Artistes aujourd’hui de regrouper encore plus de membres. Aujourd’hui, nous avons une structure enregistrée auprès de la Registrar of Association.

De quelle manière les artistes peuvent-ils contribuer à la relance économique ?
L’art et la culture s’exportent très bien sans le soutien de l’Etat et font vivre des centaines, voire des milliers de familles à Maurice avec les intermittents du spectacle (ingénieurs son et lumière, techniciens etc.). Lorsque les artistes mauriciens brillent à l’international, cela a un impact sur l’image du pays. C’est déjà un secteur économique qui existe sans aucun soutien de l’État. Avec un soutien non partisan, on obtiendrait des retombées économiques non négligeables.

Quelles mesures l’Etat peut-il prendre pour relever le secteur ?
Établir un statut pour les artistes. Ensuite, ce n’est plus possible que 80% du budget du ministère servent à ses dépenses récurrentes. Cela veut dire qu’il n’y a pas d’investissement dans l’art et la culture. Je ne parle pas que de la musique mais des écrivains, des plasticiens, etc. Malgré tout, on a des écrivains reconnus internationalement.

Le mot de la fin…
Les artistes doivent s’intéresser à leur sort, ne doivent pas courir après des promesses mais s’engager autour du syndicat qui ne vise pas l’accaparement. Le Managing Committee ne peut occuper plus de deux mandats pour un total de six années.


JOËLLE CORET (CHANTEUSE) : « Tout le secteur de la musique est fragilisé »

La pandémie n’a pas épargné le monde des arts. L’interdiction des grands rassemblements et l’absence de touristes pendant des mois vous ont obligée à vous éloigner de la scène. Comment les artistes surmontent-ils cette situation ?
Face à la pandémie, le monde des arts a été stoppé dans son élan par l’annulation des concerts, festivals, répétitions et diffusions. Tout le secteur de la musique se trouve ainsi fragilisé. Ce qui n’est pas sans conséquences graves sur les revenus des artistes. Il y a eu une baisse au niveau des ventes de disques et une chute au niveau des collectes en droits d’auteur pour le secteur de la création – auteurs, compositeurs et leurs partenaires que sont les éditeurs de musique.
Pour surmonter cette situation, les artistes ont tenté de préserver leurs activités via les réseaux sociaux pendant le confinement et proposer des concerts en ligne. Certains artistes qui évoluaient dans le circuit hôtelier ont changé de carrière pour se réinventer et essayer de trouver d’autres sources de revenus pour survivre en allant travailler dans des centres d’appels par exemple, en se lançant dans des travaux de construction, entre autres… Pour d’autres, la crise a été une opportunité de se concentrer sur la création d’œuvres.

Les musiciens et chanteurs n’arrivent donc pas à vivre de ce métier aujourd’hui…
La situation a empiré depuis la pandémie. À cause des restrictions sanitaires, nous n’avons pas d’espace pour nous produire. Nous essayons de survivre. Faute d’un cadre légal, nous, les artistes, sommes exploités. Nous n’avons aucune protection ni aucune sécurité d’emploi. C’est un grand désavantage pour le secteur. Il faut aussi souligner qu’il y a beaucoup de nouveaux jeunes talents qui émergent, ce qui fait qu’on est de plus en plus nombreux. Il faut alors plus d’espace. On est donc encore plus limités en termes d’espace.
Avant, je travaillais à l’hôtel. Je savais que de lundi à samedi, j’avais un travail. J’avais des revenus pour 26 jours par mois. Tel n’est pas le cas aujourd’hui. En un mois, je peux travailler deux fois à l’hôtel.

Avez-vous pris un autre métier ?
Non, j’ai essayé de travailler dans l’administration mais la compagnie a fermé. J’ai travaillé en tant que superviseuse de Housekeeping à l’hôtel mais avec la pandémie, je n’ai pu continuer. J’ai des amies qui sont parties travailler dans des centres d’appel. De temps à autre, je donne des cours personnalisés d’initiation au chant. Je fais aussi du travail social. Je ne demande rien mais parfois on me rémunère.

Les concerts en ligne représentent-ils une avenue intéressante qui mérite d’être davantage exploitée ?
Pour moi, les concerts en ligne ont marché surtout pendant le confinement. C’est, du moins, mon point de vue. Cela nous a été très utile comme moyen de garder notre visibilité alors que tout était fermé. Avec les hôtels qui ont rouvert, nous sommes plein d’espoir de retrouver des plateformes pour nous produire. Les concerts en ligne n’ont plus de fait le même intérêt. Ils ne remplacent pas les interactions que le chanteur a avec son public en live.

Les hôtels ont rouvert leurs portes. Comment expliquer que les artistes soient encore un peu sur la touche ?
Je me suis posé la question. Les hôtels peuvent être remplis mais ils n’ont peut-être pas de chanteurs. Pour diminuer les coûts, certains peuvent recruter un DJ simplement, mais pas un groupe de musiciens.

Le pays est frappé de plein fouet par la crise économique. La priorité pour beaucoup est de nourrir leur famille. Les arts et la culture ont-ils encore une place dans leur budget ?
Il ne faut pas oublier que l’art est omniprésent dans la vie des gens. C’est le refuge idéal qui aide les humains à mieux vivre leurs émotions. La crise vécue nous incite certes à revoir nos fondamentaux mais pour être heureux, il faut trouver de la place pour l’art et la culture dans son budget car ils nourrissent l’âme et contribuent à notre bien-être.

Quelles mesures l’Etat peut-il prendre pour relever le secteur ?
Jusqu’ici, la situation n’a pas vraiment changé malgré le soutien de l’État pendant le confinement et les mesures prises jusqu’à maintenant. Il faut plutôt la mise en place d’un plan pour renforcer le programme de soutien aux arts et à la culture. Il faut favoriser l’inclusion sociale, construire des espaces publics. Dans chaque municipalité, par exemple, il aurait pu y avoir un espace pour l’art et la culture. Pendant les vacances scolaires, l’artiste peintre ou le chanteur pourrait inspirer les jeunes à travers leur savoir-faire. Pourquoi attendre une fête pour mettre en place un podium ? On aurait pu, par ailleurs, organiser des cours de musique après les heures de classe et des rencontres avec des chanteurs. Je pense aussi à la relance d’activités dans nos théâtres.
Le ministère a le pouvoir de le faire. Au lieu que les chanteurs, qui sont déjà en difficulté aient à payer le Caudan Arts Centre pour faire un concert… Le prix des billets serait aussi moins cher car on n’aurait pas à payer pour le lieu. Un ticket pour un concert pourrait être de Rs 50. Chaque week-end, l’espace pourrait accueillir un chanteur différent.

De quelle manière les artistes peuvent-ils contribuer à la relance économique ?
Les artistes contribuent déjà à l’économie quand ils se produisent dans les hôtels et font la promotion de notre pays à l’étranger. Toutefois, l’artiste n’a pas sa place dans la société. Si l’État reconnaissait que le secteur ouvre la porte à d’autres métiers (ingénieurs son et lumière, coordinateurs, distributeurs de tickets, agences de marketing et de publicité, etc.), il aurait soutenu la profession. Nous aurions ainsi moins de jeunes au chômage.

Le mot de la fin…
Je souhaite que la musique et l’art soient reconnus à leur juste valeur et que nous ayons le soutien de la population. Le préjugé selon lequel être artiste, ce n’est pas un métier valable existe hélas toujours.


ZAN ZAK ARJOON (CHANTEUR) : « De fins interprètes ont quitté le métier »

ZANZAK ARJOON

La pandémie n’a pas épargné le monde des Arts. L’interdiction des grands rassemblements et l’absence de touristes pendant des mois vous ont obligés de vous éloigner de la scène. Comment les artistes surmontent-ils cette situation ?
Nous continuons à travailler, même dans des espaces fermés ou restreints. Mais le volume de travail n’est pas le même. Nous ne pouvons pas faire une dissémination de nos œuvres et atteindre le même marché qu’en temps normal. Beaucoup d’artistes – musiciens, organisateurs d’événementiels, auteurs, compositeurs et interprètes – se sont reconvertis dans d’autres petits métiers. De fins interprètes ont quitté le métier jusqu’au retour à la normale. C’est triste d’entendre un ami venir m’avouer que la musique et le divertissement sont devenus un service non-essentiel dans certains pays dont Maurice ! Bien sûr, l’État ne l’avouera pas car il y a des enjeux politiques.

Qu’est-ce que cela suscite en vous d’entendre que de fins musiciens doivent délaisser leur métier ?
C’est une grande tristesse car ce sont des musiciens dans l’âme et dans la moelle. Quand un musicien, parce qu’il s’est vu contraint de se consacrer à un autre travail, me dit qu’il aurait pu collaborer avec moi mais que n’ayant pas eu l’occasion de pratiquer, il sent qu’il ne pourra faire aussi bien et me conseille quelques autres noms, cela fait très mal… C’est quelqu’un qui fait partie de l’élite de la musique qui me parle ainsi ! L’honnêteté du musicien a primé. Un musicien, pour se parfaire, doit en effet pratiquer dès qu’il se lève et c’est ce qui hisse notre musique à un certain niveau.

Les musiciens et chanteurs arrivent-ils à vivre de ce métier aujourd’hui ou sont-ils contraints d’avoir un autre emploi à côté ?
Ils sont obligés parce que justement il y a ce concept que c’est un secteur non essentiel. Nous ne pouvons aujourd’hui vivre de l’art qui est pourtant notre métier.

Avec la crise, les artistes arrivent-ils à faire preuve de résilience ?
Le découragement est là mais nous avons cette flamme en nous que nous ne pouvons oublier. Ce n’est même pas de la résilience. C’est tellement naturel que nous ne pouvons nous en passer. C’est comme l’oxygène qu’on respire !

Y a-t-il d’autres moyens de se produire qui ont émergé pendant la pandémie, comme sur les plateformes numériques ? Cela marche-t-il à Maurice ?
Un article de Forbes explique qu’il y a aujourd’hui l’Online Media Economy, soit une économie virtuelle. Si nous demeurons dans un pays anachronique, où l’on va vers la technologie d’un côté et de l’autre, on s’accroche à quelque chose qui est en passe de disparaître, nous accrochant à d’anciens modèles économiques, nous ne parviendrons pas à nous brancher sur l’Online Media Economy qui est très florissante.
Que nous le voulions ou pas, même si on rouvre des espaces, le pourcentage de personnes qui s’abonnent en ligne ne baissera pas. Les gens sont tellement présents sur les réseaux en ligne aujourd’hui. C’est sûr que les concerts en ligne peuvent marcher – j’ai eu une expérience avec un groupe d’artistes et cela a été au-delà de nos espérances. Nous avons respecté les gestes barrières. Les retombées étaient inattendues.
Sauf que si les autorités organisent un concert en ligne pour le mois d’avril et qu’on nous dit finalement de venir faire l’enregistrement en septembre. Et entre-temps, l’artiste mange quoi ? Il faut qu’on change de Mindset. Il faut des experts maîtrisant les outils technologiques. Nous sommes aujourd’hui pris dans un conflit entre des fonctionnaires obsolètes et une dynamique du renouveau.
Aujourd’hui, nous nous posons la question : les restrictions sont-elles d’ordre médical, sanitaire ou politique ? Les stades de foot sont bondés et les gens sont sans masque en Europe. À Maurice, sommes-nous plus royalistes que les rois ? Si la démarche est politique, c’est un crime contre l’art et le sport. Je suggère qu’on donne aux artistes enregistrés à la MASA des outils comme une tablette pour faire de la bonne musique, des œuvres de qualité.

Quelles mesures l’Etat peut-il prendre dans le budget pour relever le secteur ?
Je ne ferai aucune suggestion car plusieurs fois dans cet exercice, les décideurs ont montré qu’ils ne comprenaient pas ce qu’est l’art. Ce n’est pas dans leur Mindset. Ce serait vain pour moi de faire des suggestions. À nous les artistes de mener notre propre bataille.

N’empêche, qu’est-ce qui est nécessaire pour amener le secteur vers une renaissance ?
J’ai déjà posé la question plus haut : est-ce que la fermeture des espaces est vraiment sanitaire ou politique ? Un artiste, pour acheter un outil de travail, doit s’endetter. Pourquoi ne pas libéraliser les prix de ces gadgets pour que nous nous lancions dans la live streaming economy ?

De quelle manière les artistes peuvent-ils contribuer à la relance économique ?
L’argent récolté par l’artiste retourne dans le flux circulaire de l’économie nationale. Par ailleurs, quand je rends ma musique accessible aux étrangers, je permets l’importation des revenus qui ne font pas partie du PIB. Quand on permet au public d’aller aux concerts, au théâtre, on permet aussi l’assainissement du système nerveux des gens. Notre service est donc un service essentiellement clinique et thérapeutique. La négation des artistes, c’est la négation de la culture. Il y a une sorte d’hypocrisie car le ministre n’a-t-il pas accès aux divertissements en ligne ? S’il a eu une journée exténuante, en rentrant chez lui, il voudra se relaxer. Comment se relaxer ? Sûrement pas en regardant le mur. L’art et la culture, c’est comme l’air qu’on respire.
Nous avons des chanteurs comme The Prophecy, Mr Love, Clarel Armel qui sont allés en tournée à l’étranger. Il y a une soif de ces chanteurs. On pense tuer l’art mais l’art vaincra, comme le dit Éric Triton, car toutes ces personnes hypocrites écoutent de la musique dans leur salon. Leurs enfants font du Live Streaming.

Le mot de la fin…
Il est triste qu’on mette à la tête de nos institutions des gens pour faire du Trial and Error. On doit recruter des gens compétents si on pense que c’est une économie en soi qu’il faut développer.

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