Seafood Hub : La FPAOI soutient l’interdiction des DCP pour la pêche au thon

Keith André (président) : « Cette technique de pêche détruit nos stocks et affecte les petits opérateurs »

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La Fédération des Pêcheurs Artisans de l’océan Indien, qui regroupe 120 000 membres, se prononce en faveur d’une période d’interdiction de la pêche au thon par Dispositif de Concentration de Poisson (DCP) dérivant. Cette résolution adoptée au niveau de la Commission des thons de l’océan Indien (CTOI) donne lieu à des protestations, étant donné les répercussions sur les opérations dans le Seafood Hub. Mais pour la FPAOI, il faut penser au long terme et pas au court terme.

Le Dispositif de Concentration de Poisson communément appelé « rado » en kreol ou FAD (Fisheries Aggregating Device), en anglais, est utilisé pour attirer les poissons. Ce qui permet aux bateaux de les pêcher en groupe, plus facilement. Il est utilisé tant dans la pêche artisanale qu’industrielle. Depuis 2016, différentes initiatives ont été prises pour limiter son utilisation dans l’océan Indien.

Keith André, patron pêcheur aux Seychelles et président de la FPAOI, n’a pas hésité à prendre position ouvertement à la télévision seychelloise, en dépit du fait que son pays a voté contre cette résolution de la Commission des Thons de l’océan Indien (CTOI). Il faut savoir que Maurice et les Seychelles sont les deux pays ayant une importante industrie de transformation du thon dans la région. De nombreux bateaux étrangers, européens, notamment, pêchent dans la Zone économique exclusive (ZEE) à cet effet.

À la session extraordinaire de la CTOI tenue au Kenya du 3 au 5 février, une résolution visant à interdire l’utilisation des DCP pendant 72 jours, dans l’océan Indien à partir de 2024, a été entérinée. Même si d’une certaine perspective on y voit là, un bras de fer entre les pays privilégiant les senneurs européens et d’autres où la pêche à la ligne est pratiquée, le tout soutenu par une Organisation non-gouvernementale britannique, les pêcheurs ont préféré jouer la carte de la durabilité. Lors du vote, 16 pays se sont prononcés en faveur de la résolution et sept contre.

La FPAOI, qui a un statut d’observateur à la CTOI, plaide pour la préservation des stocks de thon dabs l’océan Indien. « Cette résolution ne va pas limiter suffisamment les dégâts causés par les DCP, mais c’est au moins un début. Vous ne pouvez imaginer combien de rado sont abandonnés en mer et dérivent dans l’océan Indien. Pour nous, 72 jours ce n’est pas suffisant pour réparer les dégâts causés à nos stocks de thon, mais c’est toujours un début », souligne Keith André.

Il se dit en faveur d’une interdiction sur une année afin d’évaluer les retombées subséquemment. « 72 jours ce n’est rien, cela ne va pas changer grand-chose. Des études scientifiques ont démontré que les FADs attrapent 77% de juvéniles. Ce n’est pas une technique de pêche soutenable. Cela représente un danger pour nos stocks de thon. Il ne faut pas prendre des mesures pour le court terme, mais pour le long terme »,fait-il comprendre.
Outre l’aspect environnemental, Keith André souligne que l’utilisation des DCP se fait également au détriment des petits opérateurs de l’océan Indien. « Les senneurs prennent les poissons en grandes quantités et il n’en reste plus qui viennent vers les côtes. Auparavant, il y avait des saisons où les pêcheurs côtiers pouvaient pêcher le thon à certains endroits, mais maintenant, il n’y en a presque plus », dénonce-t-il.

Le président de la FPAOI se dit également inquiet des dissensions provoquées par cette résolution au sein de la CTOI et se demande si l’avenir même de la commission n’est pas remis en question. « C’est la première fois qu’il a fallu passer au vote pour faire adopter une résolution. Il y a quatre ou cinq compagnies qui ont un puissant lobby et qui font tout pour empêcher cette résolution, alors que d’autres sont disposées à faire des efforts », rajoute-t-il.

Il invite ainsi à la prudence, afin de ne pas céder aux lobbies et ainsi prendre le risque d’épuiser les stocks de thon de l’océan Indien.

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Ouverture de la pêche à la senne

La saison 2023 de la pêche à la senne débute demain. Comme chaque année, une cérémonie sera organisée pour marquer l’événement. C’est à Mahébourg que l’ouverture officielle se fera cette année, par la Lyons Fishermen Cooperative Society.
Le ministre de la Pêche, Sudheer Maudhoo, celui des Coopératives, Sunil Bholah, ainsi que les ministres Bobby Hurreeram, Stephan Toussaint et le parlementaire Kavy Doolub, élus de la circonscription de Mahébiourg/Plaine-Magnien (No 10) seront présents.
La pêche à la senne est autorisée du 1 er mars au 30 septembre. Après quoi, les pêcheries doivent remettre leurs sennes aux gardes-pêche de leurs localités qui les garderont sous scellés jusqu’à la prochaine saison. Le gouvernement a également mis en place un plan en vue de décourager la pêche à la senne jugée destructrice pour l’environnement marin. Une somme de Rs 150 000 est proposée aux pêcheries qui rendront leurs sennes pour pratiquer un autre type de pêche.

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