Tirs Croisés – Sécurité alimentaire : Restaurer la fertilité des sols : une urgence

La dégradation de la qualité de nos terres ne date pas d’hier, remontant à la période de colonisation, où des forêts ont été rasées pour l’exploitation du bois d’ébène et pour la culture de la canne à sucre. Alors comment restaurer la fertilité de nos sols ? Jean-Marie Sauzier, Chief Executuve Officer (CEO) de la pépinière Exotica, fait ressortir que lorsque graduellement la terre s’est appauvrie, l’on a commencé à utiliser des engrais chimiques. « Ceux-ci nourrissent les plantes, mais détruisent la terre et les micro-organismes qui s’y trouvent. » Il souligne que d’après les scientifiques, il y a plus de vies sous terre que sur la terre. Et ces vies sont indispensables pour le bien-être de la terre. « Nous avons cultivé la canne à sucre parce que cela rapportait beaucoup d’argent, mais nous l’avons fait au détriment de beaucoup de choses », dit-il. La bonne nouvelle, « c’est que la Terre est là depuis des milliards d’années et est extrêmement résiliente ». Mais il faudrait rectifier très vite ces erreurs, car « dans cinq ans, nous voudrons importer de la nourriture, mais nous ne pourrons pas ». Du coup, « soit nous produisons tout ce qui pousse bien localement, soit nous mourrons de faim Et en 2030, nous serons au pied du mur », prévient-il.

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Parmanada Ragen, ex-Research and Development Officer aux National Parks and Conservation et ancien Project Manager (Mainstreaming Biodiversity Project) à l’UNDP Mauritius, souligne que, dans un contexte de changement climatique et de pressions foncières croissantes, prévenir la dégradation des terres et gérer la santé des sols à Maurice est essentiel pour une agriculture durable et la sécurité alimentaire, tandis que la conservation de l’environnement est primordial. « La dégradation des terres pose des défis importants pour la sécurité alimentaire à Maurice. » Il recommande ainsi des campagnes pour éduquer les planteurs et présenter des exemples de réussite en matière d’adoption de bonnes pratiques pour des sols en bonne santé. « Des partenariats entre les agences gouvernementales, les instituts de recherche, les ONG et le secteur privé doivent être favorisés pour partager les connaissances et l’expertise sur la santé des sols. »

Ancien Business Development Manager de l’AREU, Shyamaparsad Bisnauthsing cible la responsabilité de tous face à la situation actuelle « en voulant produire davantage pour nous enrichir ». Selon lui, « les gros producteurs ont toujours pensé en termes de profits en négligeant l’aspect écologique ». Il y a quelques années, relève-t-il, le gouvernement avait négocié 2 000 arpents de terres des propriétés sucrières. « La moitié de ce lot devait être mise à la disposition des planteurs et des entrepreneurs agricoles. Il y avait suffisamment de terres disponibles pour atteindre l’autosuffisance. Que sont devenues ces terres ? » s’interroge-t-il, avant de dire qu’un inventaire est nécessaire. Il se deande encore : « au nom du développement économique, les bonnes terres agricoles sont converties en IRS, Gated Communities et Highways. A-t-on pris des décisions sages en allouant des permis en ce sens ? »

JEAN-MARIE SAUZIER (CEO D’EXOTICA) :
« En 2030, nous setons au pied du mur ! »

Les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe viennent de lancer une campagne nationale sur la préservation des terres et des sols. La dégradation de nos terres remonte à la période de la colonisation, où des forêts ont été rasées pour l’exportation à outrance du bois d’ébène et pour la culture de la canne à sucre. « À force d’abus de plus de 200 ans, le beau pays est devenu malade, à bout de souffle. Nous avons misé sur le confort, la sécurité matérielle, mais nous n’avons eu que très peu de considération pour la nature », constate Pierre Baissac, conseiller en résilience écologique. Comment pouvons-nous aujourd’hui prévenir la dégradation des terres et mieux gérer leur fertilité ?

La nature n’a jamais demandé quoi que ce soit à l’homme et, pourtant, la nature est magnifique. Quand nous parlons de Maurice, la nature était totalement boisée. Il n’y avait pas de monoculture. À l’époque, les arbres avaient des branches et, de temps en temps, pendant la saison sèche, les branches tombaient et pourrissaient, et faisaient de l’humus.
Quand les colons sont arrivés, ils ont commencé à défricher. La canne à sucre à l’époque poussait comme des bambous de Chine, car la terre était remplie d’humus et de compost. Que voyons-nous dans la nature mauricienne ? 90 % de nos terres ne sont jamais nues. Si vous laissez un terrain en friche, vous verrez des plantes de toutes espèces qui poussent. En général, il y a une biodiversité. Ce n’est pas un hasard.

Quand nous avons commencé à cultiver la canne à sucre, nous avons fait une monoculture. Au début, cela a poussé très bien, la terre avait beaucoup d’humus et beaucoup de matières organiques et de micro-organismes. D’après les scientifiques, il y a plus de vies sous terre que sur la terre. Même si on ne le voit pas, sous la terre, ça grouille de vies. Or, ces vies sont indispensables pour le bien-être de la terre. Quand, graduellement, la terre s’est appauvrie, nous avons commencé à mettre des engrais chimiques. Ceux-ci nourrissent les plantes, mais détruisent la terre et les micro-organismes qui s’y trouvent. Les engrais chimiques plaisent à nos yeux, car les plantes poussent et rapportent, mais sont mauvais pour la terre. Au lieu d’avoir des champignons et des bactéries dans la terre, comme à l’origine, nois introduisons des virus qui font une coque à la surface, ce qui fait que quand il pleut, l’eau ne rentre pas dans la terre, mais part dans les rivières.

Comment renverser la donne ?
La merveille, c’est que la Terre est là depuis des milliards d’années et est extrêmement résiliente. Nous bulldozons un carreau et trois mois après, c’est bourré de plantes. La terre nous pardonne beaucoup de nos erreurs. La monoculture n’est pas bonne pour la terre. Laisser la terre nue quand nous avons fini de bulldozer est aussi mauvais. La vie se trouve à 20 cm à tout casser au haut de la terre. À moins de faire un labour de 6 cm de profondeur, quand nous labourons, nous prenons tout ce qui est vivant et nous envoyons en bas. Et nous prenons tout ce qui est mort en bas pour le mettre en haut. C’est un non-sens. Il faudra changer de façon de voir, et c’est le plus dur.

Nous avons cultivé la canne à sucre parce que cela rapportait beaucoup d’argent, mais nous l’avons fait au détriment de beaucoup de choses. En Europe, ils ont fait la même chose avec le blé et le maïs, etc. Pierre Poivre, qui était en avance sur son temps, avait recommandé que nous laissons des futaies, qui abritent des oiseaux, qui vont manger des pestes se trouvant dans les champs et vont abriter des insectes prédateurs de mauvais insectes. Des papillons et des abeilles y sont attirés. Toute l’écologie change quand nous mettons des haies autour. Malheureusement, les agriculteurs voulant maximiser leurs profits ont graduellement retiré ces haies et, aujourd’hui, nius voyons des kilomètres carrés de champs en monoculture ! C’est un vaste programme.

La bonne nouvelle, c’est que bien sûr, côté financier, l’agriculteur perdra des profits dans un premier temps, mais cela va assez vite, car la régénération de la terre peut se faire en un ou deux an (s). Il faut avoir la volonté et décider de faire moins de profits. Selon les scientifiques, il y a 15 ans, il nous restait 60 récoltes environ, soit après 60 récoltes, plus rien ne poussera !

Il faut penser à notre souveraineté alimentaire…
En l’espace de quatre ans, nous pourrions être totalement indépendants. Le seul problème, si un jour nous produisons le lait localement, et que cela coûte Rs 100 le litre, et qu’un autre pays en ayant en surplus fait du dumping chez nous, les vendant à Rs 50… Il faut que nous décidons de favoriser les produits mauriciens. Les oranges, nous pouvons en cultiver à Maurice, même si ce n’est pas aussi orange que celles importées. Il faut une volonté politique. L’espoir est permis, bien sûr, mais il faudrait faire très vite, car dans cinq ans, nous voudrons importer de la nourriture, et nous n’e pourrons pas. Les pays eux-mêmes interdiront l’exportation. Mais si nous continuons à montrer à nos enfants qu’il faut étudier les maths, l’anglais, le français, etc., et que nous oublions de leur faire travailler la terre, nous sommes mal barrés.
Aujourd’hui, les enfants ne veulent pas se salir les mains en plantant. Si nous avons une nation d’informaticiens, mais plus d’agriculteurs, nous sommes en mauvaise posture. La réhabilitation de la terre gagnera en importance. Cela devient urgent. Les grosses propriétés sucrières se rendent compte qu’on va dans le mur. Il faudra changer de paradigme. Il faut inclure une période de 35 minutes par semaine dans les écoles primaires pour apprendre aux enfants à travailler la terre. Autrement, nos petits-enfants mourront de faim.

En conclusion ?
Pendant la guerre, les marchandises ne venaient pas. Cette fois, ce ne sera pas la guerre, mais le changement climatique. Soit nous produisons tout ce qui pousse bien localement, soit nous pourrons de faim. En 2030, nous serons au pied du mur.

PARMANADA RAGEN (Consultant en biodiversité) :
« Des défis importants pour la sécurité alimentaire »

Les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe viennent de lancer une campagne nationale sur la préservation des terres et des sols. La dégradation de nos terres remonte à la période de colonisation où des forêts ont été rasées pour l’exportation à outrance du bois d’ébène et pour la culture de canne à sucre. « À force d’abus de plus de 200 ans, notre pays est devenu à bout de souffle. Nous avons misé sur la sécurité matérielle, mais nous n’avons eu que très peu de considération pour la nature », constate Pierre Baissac. Comment pouvons-nous aujourd’hui prévenir la dégradation des terres et mieux gérer leur fertilité?

Prévenir la dégradation des terres et gérer la santé des sols à Maurice est essentiel pour une agriculture durable, la sécurité alimentaire et la conservation de l’environnement, dans un contexte de changement climatique et de pressions foncières croissantes. Les mesures clés comprennent l’adoption de pratiques de gestion durable des terres, telles que le Conservation Tillage, le Cover Cropping et la rotation des cultures. Les méthodes de conservation des sols, comme les terrasses, l’agroforesterie et les amendements des sols sont essentielles, de même qu’une gestion efficace de l’eau grâce à la collecte des eaux de pluie et à une irrigation efficace.

Les mesures de végétation telles que les Grass Buffer Strips et les brise-vent, ainsi que l’aménagement du territoire et le zonage, soutiennent une utilisation durable des terres. Le renforcement des capacités, la recherche sur les cultures résilientes au climat, la surveillance de la santé des sols, les cadres politiques, les incitations financières et les campagnes de sensibilisation du public sont également cruciaux.
La mise en œuvre de ces mesures peut améliorer la résilience des terres et des systèmes agricoles, réduire la dégradation des terres et garantir la sécurité alimentaire, la durabilité environnementale et la résilience des moyens de subsistance à Maurice. La collaboration entre les parties prenantes est essentielle pour atteindre ces objectifs de manière efficace et efficiente.

Le Covid-19 nous a fait prendre conscience de notre surdépendance à l’importation et de nos lacunes en termes de sécurité alimentaire. Nos sols et nos terres, c’est ce qui est à la base même de notre sécurité alimentaire, n’est-ce pas ? Dans un contexte d’abus de produits chimiques par les planteurs, produits qui ne font que dégrader les terres, comment rebondir pour atteindre une souveraineté alimentaire ?

La dégradation des terres pose des défis importants pour la sécurité alimentaire à Maurice, petite nation insulaire fortement dépendante de ses ressources foncières limitées pour sa production agricole. Pour parvenir à la sécurité alimentaire dans un contexte de dégradation des terres, des mesures fortes doivent être mises en œuvre.
Parmi les stratégies robustes que Maurice peut adopter figurent la conservation et la réhabilitation des sols. Il faut mettre en œuvre des terrasses sur les terres en pente pour réduire l’érosion des sols et augmenter la superficie disponible pour la culture. Ensuite, pratiquer l’agroforesterie, soit intégrer des arbres et des arbustes dans les terres agricoles pour améliorer la fertilité des sols, réduire l’érosion et fournir des sources supplémentaires de nourriture et de revenus. Il faut en outre utiliser des engrais organiques et inorganiques pour reconstituer les éléments nutritifs du sol et améliorer la structure du sol.
Enfin, adopter des techniques de labour en courbes de niveau pour ralentir le ruissellement de l’eau et réduire l’érosion des sols.

Autre stratégie : la promotion de l’agriculture durable en encourageant les agriculteurs à pratiquer la rotation des cultures pour maintenir la fertilité des sols et réduire la pression des ravageurs et des maladies. Il y a aussi l’agriculture de conservation, soit promouvoir un travail minimum du sol et des cultures de couverture pour protéger la structure du sol, améliorer la rétention d’eau et réduire l’érosion. Il convient d’autre part de promouvoir une variété de cultures pour améliorer la résilience aux ravageurs, aux maladies et à la variabilité climatique.

La gestion de l’eau est également importante, comme la récupération des eaux de pluie pour l’irrigation pendant les périodes sèches. Il faut encourager l’utilisation de l’irrigation goutte à goutte et d’autres méthodes d’irrigation économes en eau pour minimiser le gaspillage.

La sensibilisation des planteurs sur l’amélioration et la gestion de la santé des sols est primordiale…
Oui, elle est cruciale pour atteindre la sécurité alimentaire. Des sols sains favorisent une meilleure croissance des cultures, renforcent la résilience au changement climatique et favorisent la durabilité en réduisant le besoin d’intrants externes tels que les engrais et les pesticides. De plus, des sols sains jouent un rôle essentiel dans la protection de l’environnement, comportent des avantages économiques et améliorent les moyens de subsistance des agriculteurs. Il faut initier des formations et ateliers sur la santé des sols, la gestion durable des sols et des formations pratiques sur des techniques comme le compostage et la rotation des cultures.

Il convient aussi de renforcer les services de vulgarisation agricole pour offrir aux planteurs des informations, des analyses de sol et des services de conseil en temps opportun. Il faut lancer des campagnes à travers divers réseaux médiatiques pour éduquer les planteurs et présenter des exemples de réussite en matière d’adoption de bonnes pratiques pour des sols en bonne santé. Il faut aussi fournir des incitations financières, créer des champs-écoles pour agriculteurs et proposer des parcelles de démonstration pour encourager les planteurs à adopter des pratiques pour des sols en bonne santé. Des partenariats entre les agences gouvernementales, les instituts de recherche, les ONG et le secteur privé doivent être favorisés pour partager les connaissances et l’expertise sur la santé des sols.
Il faut en outre élaborer et mettre en œuvre des politiques qui favorisent des pratiques de gestion durable des sols et intégrer des considérations liées à la santé des sols dans les politiques et programmes agricoles. L’implication de toutes les parties prenantes, y compris les planteurs, les décideurs politiques, les chercheurs, les agents de vulgarisation et le public, est essentielle au succès et à la durabilité de ces efforts visant à accroître la fertilité des sols, à améliorer la productivité agricole et à assurer la sécurité alimentaire à Maurice.

SHYAMAPARSAD BISNAUTHSING (Ex-cadre de l’AREU) :
« Les bonnes terres agricoles sont converties en IRS, Gated Communities et Highways »

Les Inner Wheel Clubs de Quatre-Bornes et de Curepipe viennent de lancer une campagne nationale sur la préservation des terres et des sols. La dégradation de nos terres remonte à la période de la colonisation, où des forêts ont été rasées pour l’exportation à outrance du bois d’ébène et la culture de canne à sucre. « À force d’abus de plus de 200 ans, notre pays est devenu à malade et à bout de souffle. Nous avons misé sur la sécurité matérielle, mais nous n’avons eu que très peu de considération pour la nature », constate Pierre Baissac, conseiller en résilience écologique. Comment pouvons-nous prévenir la dégradation des terres et mieux gérer leur fertilité ?

Pierre Baissac a parfaitement raison en disant que notre beau pays est devenu malade. Nous sommes tous responsables de la situation actuelle en voulant produire davantage pour nous enrichir. Les gros producteurs ont toujours pensé en termes de profits pour leurs compagnies, en négligeant l’aspect écologique et d’autres facteurs concernant la santé humaine et animale. La mécanisation agricole, l’application de fertilisants, d’herbicides et autres pesticides y ont beaucoup contribué. Or, les fertilisants et les herbicides ont des effets instantanés, mais aussi de courte durée. D’où des applications répétitives. Ce faisant, nous créons des effets résiduels, qui détériorent les activités microbiennes, qui ont un rôle très important pour la santé du sol.

Il y a des années, la terre était peuplée de vers de terre, qui avaient un rôle important. Ces lombrics ont pratiquement disparu de notre sol. Nous ne les trouvons que sur les terres riches en produits organiques. Il y a des produits organiques qui sont très bénéfiques pour la santé du sol et pour la santé humaine. Ils aident à alimenter le sol de produits essentiels pour améliorer la flore microbienne, faciliter l’absorption rapide et durable des nutriments. Ils améliorent aussi la qualité et valeurs des produits dans tous les sens.
Nus brûlons par ailleurs les paillages avant et après la coupe pour pallier le manque de main-d’œuvre. Cette pratique a été déconseillée par les autorités, mais on le fait au vu de tous, même si cet exercice à tous les aspects négatifs. Du côté de la santé humaine, les résidus des produits chimiques sont absorbés par la consommation de produits contaminés et sont responsables de différents types de maladies dont nous n’avions jamais entendu parler. Alors, pour prévenir, nous devons utiliser des produits non toxiques ou bien moins toxiques.

Le Covid-19 nous a fait prendre conscience de notre surdépendance à l’importation et nos lacunes en termes de sécurité alimentaire. Nos sols et nos terres, c’est ce qui est à la base même de notre sécurité alimentaire, n’est-ce pas ? Dans un contexte d’abus de produits chimiques par les planteurs, comment rebondir pour atteindre la souveraineté alimentaire ?
Bien avant le Covid-19, nous avions pris conscience de notre précarité dans ce secteur. En 2008, le ministère de l’Agriculture avait mis en place un comité pour se pencher sur le sujet et venir de l’avant avec des suggestions. Ce comité avait mis quatre sous-comités pour aboutir à l’objectif majeur. Les rapports avaient été soumis et un rapport final avait été produit. Je me rappelle que l’Auction Market de Belle-Rive en faisait partie. L’implémentation avait débuté et des actions ont été mises à exécution. Malheureusement, il n’y a plus eu de suite quelques années plus tard pour des raisons non connues. Par contre, nous avons pris d’autres décisions qui n’ont pas donné de résultats tangibles.
À cette même époque, le gouvernement avait négocié 2 000 arpents de terres des propriétés sucrières. La moitié de ce lot devait être mise à la disposition des planteurs et des entrepreneurs agricoles. Il y avait suffisamment de terres disponibles pour atteindre l’autosuffisance. Que sont devenues ces terres ? Un inventaire est nécessaire. Le potentiel de développement agricole est énorme. Déjà, les données sont là, et les ressources humaines voulues sont aussi disponibles au FAREI. Il ne manque qu’un Driver compétent avec l’expérience nécessaire pour concevoir et piloter le ou les concept(s).

La sensibilisation des planteurs sur l’amélioration et la gestion de la santé des sols est primordiale…
Vous avez parfaitement raison. En effet, un des axes importants de la vulgarisation agricole est la communication. Je dirais que c’est le sens même de la vulgarisation agricole. Tous les moyens de communication sont utilisés pour sensibiliser les producteurs afin d’atteindre les résultats escomptés. Cet axe était très effectif dans le temps avec des publications mensuelles (Farming News), dépliants traitant de sujets spécifiques, causeries nationales, régionales et dans les quartiers par les agents de vulgarisation agricole, causeries hebdomadaires à la radio et à la télévision nationale à des heures de pointe… Nous notons que ces pratiques ont disparu, sauf pour les causeries à la radio nationale et des dépliants, si je ne me trompe pas. Ces mesures étaient essentielles dans la sensibilisation aux problèmes et pratiques nécessaires pour les comprendre et les résoudre. La contribution de tout un chacun est primordiale.

Le changement climatique est loin d’améliorer les choses, avec des épisodes plus fréquents de sécheresse ou de pluies torrentielles, emportant avec elles les nutriments des terres. Quelles mesures prendre face à cette nouvelle réalité ?
Le changement climatique est un phénomène mondial qui ne dure pas juste pour notre beau pays. Souvent, nous attribuons les causes des calamités ou épidémies à ce phénomène, comme si c’est un phénomène nouveau. Il y a eu plusieurs conférences, colloques et débats sur le sujet depuis un certain temps déjà. Toutes ces activités ont eu la participation de nos têtes pensantes. Des rapports volumineux ont été préparés et des fonds ont été débloqués pour faire face à cette nouvelle réalité, comme vous dites. L’implémentation des mesures est très attendue.
Au nom du développement économique, les bonnes terres agricoles sont converties en IRS, Gated Communities et Highways. Est-ce qu’on a pris des décisions sages en allouant des permis en ce sens ?

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