Élections générales : Indifférence et déception dans l’archipel d’Agalega

« Est-ce parce que nous ne sommes qu’un petit nombre d’électeurs que les partis politiques ne font pas attention à notre présence au sein de la République ? » s’indignent des Agaléens

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Contrairement à Maurice et à Rodrigues, où les signes de la campagne électorale sont visibles, à Agalega, les habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes sans porter grand intérêt à cet événement. En tout cas, ce n’est pas le premier sujet de conversation dans l’archipel. Soulignons qu’Agalega est rattaché électoralement à la circonscription Port-Louis Est/Port-Louis Maritime (No 3) et compte environ 200 électeurs répartis entre l’Île du Nord et l’Île du Sud, pour un total de 350 habitants en sus d’une cinquantaine de fonctionnaires mauriciens.

« Eleksion ale, eleksion vini, pena nanryen ki sanze pou nou », disent d’emblée dzq habitants. « Nou dekouver lor televizion ek lor Facebook bann kandida ki pou rod nou vot le 7 novanb me ziska ler nou pa pe tann person koz Agalega dan zot bann renion e nou pa kone si zot pou mensionn nou ti zil dan zot program elektoral », s’insurgent-ils. Ces derniers reconnaissent l’importance du droit de vote dans la vie d’une population et qu’en général les Agaléens vont voter à chaque élection. « Nou kone nou bizin akonplir nou devwar sivik », disent-ils. Mais d’après les Agaléens vivant dans leurs îles natales, leur donner le droit de vote chaque cinq ans « ne suffit pas pour dire que Agalega est prise en considération au sein de la République de Maurice ».
Selon nos interlocuteurs dans l’archipel, le gouvernement et leurs députés « ne s’intéressent au vécu de la population que lorsque les habitants crient leur colère et organisent des manifestations » de protestations. « Il y a un manque d’intérêt des politiciens de tout bord pour Agalega, malgré leurs nombreuses promesses pour améliorer notre vie. Si nou pa kriye e ki lagazet ek radio fer atan nou lavwa, banla pa bouze pou kone ki nou bann problem », affirment ces habitants.
Les Agaléens reconnaissent un développement visible depuis le début de cette année par rapport à la mise en œuvre du projet de construction d’une nouvelle piste d’atterrissage et de celui d’une nouvelle jetée. Toutefois, ils sont très déçus envers leurs députés et le gouvernement sortant par rapport à une attente qui se prolonge quant à leurs requêtes sur des choses pouvant améliorer leur quotidien et qui ont été maintes fois soulevées. « Nou bann deman ankor parey… Pa finn zoulaz nou bann ti mizer », constatent sur un ton d’amertume des habitants.
Ils reviennent avec les mêmes revendications qu’ils lancent aux politiciens dans le cadre de ces prochaines élections, dont : l’obtention d’un contrat de propriété de maison, la création d’un Agalega Welfare Fund, la construction d’un nouvel hôpital, un système éducatif adapté aux réalités de l’archipel, des mesures urgentes pour contrer la dégradation de l’environnement et, surtout, la mise en place d’une politique pour l’écologie dans le cadre des travaux de construction majeurs en cours, la création d’un centre de lecture moderne/ICT Room pour les habitants en général, des mesures incitatives pour la création des petits business familiaux afin de combattre le chômage au lieu d’une politique d’aide tournée vers l’assistanat, de même que l’élaboration d’une politique de loisirs pour les jeunes et pour les aînés, la nécessité d’un « dialogue social » entre habitants et autorités et le recrutement de Social Workers.
Ainsi, si les habitants ont été soulagés de voir cette année le début de la construction des nouvelles infrastructures de communication qui permettront le désenclavement de l’archipel, ils ont vite déchanté en réalisant qu’ils n’obtiendront pas de jobs durant ces travaux. « Nou pena nanryen kont bann travayer etranze, me nou bien blese par lamanier fer gouvernman parski zot ti promet nou ki nou pou gaygn travay nou osi kan konstriksion large », affirment des habitants.
Les électeurs d’Agalega sont également agacés à la veille de ces prochaines élections parce qu’ils n’ont reçu la visite d’aucun député durant ces quatre dernières années et font remarquer que Fazila Daureeawoo et Mahen Jhugroo ont fait un saut chez eux en tant que ministre des Îles éparses. « Tou vot konte dan enn eleksion. Est-ce parce que nous ne sommes qu’un petit nombre d’électeurs que les partis politiques ne font pas attention à notre présence au sein de la République ? » se demandent des habitants.
Par ailleurs, une trentaine d’Agaléens résidant officiellement dans l’archipel et employés par l’Outer Islands Development Corporation sont en poste depuis quelque temps à Maurice pour différentes raisons. Ces Agaléens affirment au Mauricien qu’ils n’auront pas le droit d’aller voter le 7 novembre. Ils soulignent que des Public Officers en poste à Agalega ont le droit de vote par “proxy” et se demandent pourquoi ce même droit ne s’applique pas à leur situation. D’autant qu’ils sont, eux aussi, des Public Officers. « Nous sommes employés par un organisme gouvernemental et nous sommes en service à Maurice. Pourquoi ce traitement inégal ? » se demandent certains Agaléens.

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