Enjeu — Élections générales J – 18 : Les indécis en position de force pour le 7/XI

Un électeur sur deux, soit 53 % des 941 719 inscrits sur les registres, attend d’être convaincu par les blocs politiques.

- Publicité -

Nomination Day : Rezistans & Alternativ informe déjà par courtoisie à la Commission électorale que ses 20 candidats ne feront pas de déclaration de leur appartenance communale mardi.

Avec le président de la République par intérim en mission dès ce week-end, le chef juge, Eddy Balancy, tenu à l’écart des  pétitions électorales attendues en Cour suprême cette semaine

Dirty Truck Unit : le MCBGroup traîné de force dans les bas-fonds de la campagne avec les transactions bancaires de Navin Ramgoolam à partir de ses AMEX Cards et autres étalés en public

Jour J-2 du Nomination Day et Jour J-18 des élections générales du jeudi 7 novembre, les indécis se retrouvent en position de force.  Que ce soit sur la base du résultat d’un des derniers sondages réguliers de DCDM Research ou à propos des contacts sur les terrains politiques, tout semble se confirmer que les sans opinion à ce stade ont un Edge sur ceux qui auront déjà décidé de leur choix pour ces prochaines consultations populaires.

De ce fait, une fois les procédures de dépôt de candidatures bouclées mardi prochain, les candidats des différents blocs politiques en présence, encadrés de leurs Campaign Committees, mettront les bouchées doubles pour toucher et convaincre un maximum de cette catégorie d’électeurs de faire pencher la balance dans un camp comme dans un autre. Avec l’intensification de la campagne électorale sur le terrain et l’échéance du 7 novembre se précisant, l’affrontement entre, d’une part, l’Alliance Morisien, regroupant le MSM, le Muvman Liberater et le groupe Ganoo, et d’autre part, l’Alliance Nationale du PTr, du PMSD et du groupe Barbier, se durcit avec une escalade de dénonciations avec en toile de fonds Serenitygate et les dessous de la Navin’s Coffers Saga.

D’ailleurs, le MCBGroup subit, contre toute attente, ces jours-ci, des Collateral Damages par des détails des transactions bancaires étalés sur la place publique dans un montage vidéo diffusé sur les réseaux sociaux et un mailing médiatique et politique spécifiquement conçu par le cerveau reprenant le nom d’Edward Snowden, whistleblower américain de réputation internationale.

A ce stade, la mayonnaise électorale n’est pas encore montée sur le terrain en dépit des premières sorties politiques à travers l’île, principalement du côté de la coalition gouvernementale de l’Alliance Morisien. Après les dernières discussions d’hier après-midi entre le leader du PTr Navin Ramgoolam et celui du PMSD, Xavier-Luc Duval, portant sur les investitures de l’Alliance Nationale, une intensification devrait être perceptible dès le début de la semaine et allant crescendo jusqu’au jour du scrutin avec pour objectif de secouer l’inertie notée au sein de l’électorat.

Un chiffre, publié vendredi par DCDM Research sous le titre “Baromètre politique — Le bilan d’opinion décembre 2014 — septembre 2019”, susciter sans doute un sursaut dans les comités de campagne de tous bords. 53 % des sondés, littéralement un peu plus d’un sur deux, affirment être des sans opinion par rapport à la proximité des partis politiques, en particulier à la question : “Aujourd’hui, avez-vous une opinion favorable ou défavorable du gouvernement de ce pays ?” Toutefois, les 53 % d’indécis relevés dans ce dernier sondage de DCDM Research ne sont pas répartis dans les tranches d’âge de l’échantillonnage permettant de dégager une plus grande visibilité, d’autant plus que 32, 5 % de l’électorat sont âgés de moins de 35 ans, soit un sur trois, 46, 2 %, soit en moyenne un sur deux, entre 36 ans et 60, et ultimement 21,2 %, soit un sur cinq, de plus de 60 ans, déjà ciblés par rapport à la surenchère au sujet de la révision de la pension de vieillesse (Old Aged Pension). Ou encore si les indécis sont davantage chez les électrices (51 % ) ou chez les électeurs (49 % ).

« Cette analyse par tranches d’âge ou par genres aurait présenté davantage de pertinence dans la conjoncture politique que le pointage de 27 % à l’Alliance Morisien (MSM/ML), celui de 13 % à l’Alliance Nationale (PTr/PMSD) ou encore les 5 % au MMM. Il ne fait aucun doute que ces données pour le mois de septembre sont appelées à évoluer avec le coup d’envoi de la campagne électorale », fait-on comprendre dans des milieux politiques divers ayant pris connaissance de cet outil dénotant le pouls politique d’un échantillonnage de quelque 30 000 Mauriciens.

Et en guise de conclusion à cet exercice, DCDM Research concède que « ceux qui disent ne pas être proches d’aucun parti (appelés aussi indécis) représentent cependant le plus grand parti (53 % ). La dynamique est cependant en faveur de l’Alliance Nationale vs l’Alliance Morisien, en comparaison avec août 2019 et janvier 2015. Le pourcentage de ceux n’exprimant pas de proximité avec un parti est véritablement là où se jouera la bataille électorale. En novembre 2014, 66 % se disaient proche d’aucun parti ».

Les stakeholders donnent l’impression  de se neutraliser

Du pain sur la planche pour les candidats, vu que le temps pourra faire défaut pour des exercices de porte-à-porte sans un planning stratégique à toute épreuve. Ou encore que les options de rassemblements régionaux, voire nationaux, sont limitées, vu que le prochain week-end sera consacré aux célébrations de la fête Divali et qu’il ne restera que le dimanche 3 novembre pour la clôture de la campagne.

Alors, il restera l’arme des émissions politiques organisées par la station de la radio et de la télévision, MBC, probablement à partir du 26 octobre. Déjà, dès la clôture du délai pour les retraits de candidatures à 15h, le 25, les représentants de la MBC envisagent de consulter les Campaign Managers politiques en vue d’établir la grille de programme de ces causeries dans le cadre des élections au coeur de foyers de ces 941 719 électeurs potentiels. Et cela, même si le temps imparti est limité tout en étant sous contrôle, en termes de contenu, des messages proposés.

Si dans les rangs de l’opposition, l’on dénonce avec véhémence l’engagement partisan de la MBC dans la campagne en faveur de l’Alliance Morisien, il pourra être difficilement concevable de ne pas prendre avantage de ces Prime TimeSlots à la télévision nationale. Déjà, les spécialistes en communication politique des partis sont à l’oeuvre pour arriver au dosage nécessaire en vue de convaincre les indécis à leur cause électorale.

A ce jour, les stakeholders donnent l’impression de se neutraliser au chapitre des promesses électorales. La révision à la hausse de la pension de vieillesse à Rs 13 650, soit le double, au cours d’un éventuel prochain mandat de Pravind Jugnauth, conçue comme un Electoral Game Changer par Lakwizinn du Prime Minister’s Office, n’aura pas permis de faire la différence sur le terrain. L’Alliance Nationale et le MMM n’ont pas tardé pour contrecarrer les retombées de cette mesure en faveur d’un électeur sur cinq avec des propositions allant dans le même sens.

Des recoupements d’informations effectués par Week-End de sources concordantes indiquent qu’en sus des annonces sur la nouvelle formule de promotion au sein de la force policière, d’un programme pour le recrutement de 10 000 détenteurs de diplômes universitaires dans le secteur public ou encore le grant de Rs 100 000 aux chauffeurs de taxi faisant l’acquisition d’une nouvelle voiture, un nouveau package en faveur des fonctionnaires et des employés des corps paraétatiques est sur le point d’être ficelé à l’Hôtel du gouvernement.

Suite à une réunion en date du 18 septembre dernier sous la présidence du Secretary to Cabinet et chef du Service civil et en présence de Rashid Imrith et Brinda Brizmohun, président et secrétaire de la Federation of Public Sector and Other Unions, un comité technique des ministères des Finances et de la Fonction publique a été constitué en vue de procéder à une évaluation budgétaire des propositions.

Ainsi, la demande syndicale pour le paiement de trois increments sur les salaires de l’ensemble des employés du secteur public nécessitera une injection additionnelle de fonds de Rs 190 millions par mois dans le budget. Une décision a ce sujet est annoncée comme étant imminente, vu que le dossier a déjà été transmis au Treasury Building. Ces trois increments, au cas où ils sont entérinés, viendront se greffer sur le paiement de Rs 1 000 aux employés du secteur public à partir de janvier prochain et annoncé dans le dernier budget. La garantie a été donnée par le chef du Service civil le 18 septembre dernier.

La guerre des clans       sur vidéo

L’autre point restant en suspens au tableau du secteur public porte sur la date de la mise en application du prochain rapport du Pay Research Bureau (PRB), qui devrait être publié en octobre de l’année prochaine. La Federation of Public Sector and Other Unions exerce des pressions pour que l’adoption des recommandations salariales du PRB prend effet à partir du 1er janvier 2020, soit avec effet rétroactif, même si le PRB complétera son Assignment en octobre de l’année prochaine. Le syndicaliste Imrith multiplie ces jours ses contacts en vue d’obtenir une garantie écrite du gouvernement sortant en faveur des employés du secteur public.

Dans les rangs de l’opposition, notamment de l’Alliance Nationale, tout en dénonçant les « annonces et promesses de dernière heure » de l’Hôtel du gouvernement, on prête l’intention au tandem Navin Ramgoolam et Xavier-Luc Duval, le Shadow Minister of Finance, de dévoiler en début de semaine une batterie de mesures pour déjouer « la générosité électorale du camp opposé ».

En parallèle à la panoplie de mesures électoralistes, les deux camps, soit l’Alliance Morisien et l’Alliance Nationale, sont engagés dans une campagne de dénonciations sans appel sur les réseaux sociaux par le truchement de montages vidéo. Depuis le week-end dernier, l’Alliance Nationale a pris le relais de Top FM TV avec les détails de Serenitygate et un jackpot de Rs 214 millions sous forme de Film Tax Rebate avec la belle famille de Pravind Jugnauth prise pour cible.

En dépit d’un procès en réclamations de Rs 500 millions du couple premierministériel, la détermination de l’Alliance Nationale à transformer Serenitygate en un cheval de bataille pour la campagne électorale n’a nullement été entamée. Dans les réunions de mobilisation d’agents, que ce soit dans le Sud, avec l’intervention de Ritish Ramful à Mahébourg/Plaine-Magnien (No 12) ou le tract distribué à Universal College dans la circonscription de Piton/Rivière-du-Rempart avec pour titre JUGPOT Jakpot pour fami Jugnot. Le tract fait allusion aux Rs 214 millions de Serenitygate, aux Rs 144 millions de l’affaire Medpoint, l’achat de 45 arpents de terrains à Wolmar et à la compensation de Rs 46 millions au Sun Trust.

En guise de contre-offensive, en fin de semaine sont étalés des transactions bancaires et autres achats de luxe dans des capitales étrangères au nom de Navin Ramgoolam et financés pour les cartes de crédit et AMEX Credit Cards. Les relevés bancaires avec d’importants transferts représentant d’importants fonds du PTr vers un autre compte aussi bien que des dépenses faramineuses dans des magasins huppés à l’étranger, ont fait l’objet d’un mailing médiatique et politique ciblé dans le but de déstabiliser le leader du PTr. En même temps, un montage vidéo avec des critiques acerbes contre Navin Ramgoolam est diffusé depuis vendredi soir sur les réseaux sociaux.

Toutefois, dans cette dernière affaire, le MCBGroup, puisque tous les documents incriminés proviennent des archives de ce groupe bancaire, a préféré prendre les devants avec des explications pour éviter de compromettre sa réputation sur la place à Maurice et à l’étranger. Après consultations au plus haut niveau dans la soirée de vendredi, le MCB Group, traîné dans les bas-fonds de la campagne, a émis un communiqué à l’effet qu’une « série de documents ayant trait aux comptes du Dr Navin Ramgoolam à la MCB ont atterri dans les salles de rédaction et chez certaines personnalités publiques. Ces documents qui tombent directement sous le sceau du secret bancaire, avaient été remis aux autorités dans le cadre de deux enquêtes, pour lesquelles nous avons été tenus de coopérer. Nous condamnons sans réserve ces fuites dont nous nous dissocions totalement ».

En tout cas, pour les 18 prochains jours de la campagne électorale, marquée par des incertitudes et l’urgence de convaincre cette majorité d’indécis, le clan Jugnauth et le camp Ramgoolam ne comptent pas se lésiner sur les moyens pour répondre du tac au tac avec une nouvelle dimension au lendemain de la proclamation des résultats, peu importe quelle alliance électorale émergera lors du décompte des bulletins de vote du 8 novembre.

 

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -