Entités parapubliques : Guerre ouverte à la SBM Tower !

Lakwizinn du PMO au SBM Group Chairman, Kee Chong Li Kwong Wing : “Blame yourself if something goes bad. Kan zafer bon ou galoupe  divan kosté kosté avec PM. Ek sinon kan zafer sal, ou pa responsab nanyen”

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La SBM face à des Credit Loss Expenses de Rs 3,6 milliards avec la Risky Exposure consentie au groupe Pabari du Kenya

Air Mauritius tente de sortir la tête de l’eau, sur une série de deals avec Airports of Mauritius et une émission de Preference Shares de Rs 500 M avant la publication prochaine du bilan annuel au 31 mars

La MauBank Ltd ne survit qu’avec des facilités de crédits de Rs 3 milliards et une injection de fonds publics de Rs 3,2 milliards

A elles seules, ces trois QUANGOS (Quasi-Autonomous Non-Governmental Organisations), en l’occurrence la State Bank of Mauritius Ltd, Air Mauritius Limited et la MauBank Ltd, constituent un boulet financier de plus de Rs 10 milliards. Pourtant, ces trois entités parapubliques caressaient l’ambition de faire partie du fleuron au point de vue de la gestion financière ou autres et de projeter sur le front international l’image de marque de Maurice. Toutefois, ce qui est plus grave est qu’en sus dd la Risky Exposure avec le groupe Pabari du Kenya ayant nécessité une couverture sous forme de Credit Loss Expenses de Rs 3,6 milliards, la SBM Tower à la place d’Armes s’est transformée en un terrain miné dans une guerre ouverte entre deux clans. Lakwizinn du Prime Minister’s Office n’a pas tardé à répondre à la campagne Pa Mwa Sa ! Li Sa! du Chairman de la SBM Holdings Ltd, Kee Chong Li Kwong Wing. Par contre, du côté de la compagnie aérienne nationale, Air Mauritius qui affiche un bilan financier annuel des plus catastrophiques au 31 mars dernier, l’on tente d’afficher une certaine sérénité par une série de deals, impliquant principalement Airports of Mauritius Limited dans une tentative de redresser la barre. Toutefois, la MauBank Limited continue à adopter un low profile dans la mesure où le poids des facilités de crédits de Rs 3 milliards, renouvelés sur une période additionnelle de deux ans, faute de moyens pour assurer le remboursement, les fonds de Rs 3,2 milliards injectés par le gouvernement, se fait davantage sentir sur cette banque d’Etat, avec des velléités visant à devenir la deuxième plus importante institution bancaire du pays.

Après le bilan financier au 31 décembre dernier et rendu public au forceps en début de semaine écoulée, la State Bank of Mauritius Limited n’a pu échapper à l’évidence. L’information publiée en primeur dans les colonnes du Mauricien en date du 1er juin 2018, faisant état d’une Risky Exposure de Rs 3,5 milliards, ne pouvait plus être remise en question, qu’importe la stratégie d’opération de Lakaz Mama. Pire encore, sous les exigences des External Auditors d’EY, et cela, en dépit de l’attitude très accommodante de la Banque de Maurice du tandem Googoolye-Padyachy, la State Bank of Mauritius a dû faire des provisions pour des Credit Loss Expenses de Rs 3,6 milliards pour l’exercice financier se terminant au 31 décembre dernier.

D’ailleurs, Andrew Bainbridge, Group Chief Executive Officer de SBM Holdings Ltd, affirme dans un communiqué de presse, accompagnant les comptes officiels sur une note de “dissatisfaction” que “after consultation with the external auditors, we have made impairments amounting to Rs 3,56 billion mainly linked to the Segment B business which has resulted in a reduced net profit of Rs 1,25 billion for the year ended 31st December 2018”. Ainsi, les profits après impôts, réalisés par la banque d’Etat, sont réduits de l’ordre de 50%, soit de Rs 2,6 millards à Rs 1,3 milliard. Cette mauvaise performance se reflète également sur l’évolution du cours de la SBM à la Stock Exchange of Mauritius (SEM).

Le cours de la SBM à la clôture de la Bourse en fin de semaine de Rs 5.98 représente une baisse de 22,2% en une année. Pour les actionnaires de la banque d’Etat, qu’ils soient des petits porteurs avec leurs économies ou des investisseurs institutionnels, dont parmi le National Pension Fund et le National Savings Fund par des placements de rentabilité dans la gestion des contributions des employés, cette dépréciation substantielle constitue un souci majeur. Sauf si dans l’immédiat des mesures d’urgence sont appliquées de manière rigoureuse pour remédier à la situation, d’autant plus que le cours de Rs 5.86 de vendredi dernier constitue, pour les spécialistes boursiers, un 10-Year Low.

Les placements boursiers dans les titres bancaires comportent un élément de valeur de refuge. A titre de comparaison, alors que le cours de la SBM pique du nez, celui de la Mauritius Commercial Bank fait preuve de robustesse en gagnant Rs 5 sur son cours pour atteindre Rs 280 vendredi, soit a Four-Week High. Au cours de cette même semaine, la MCB a levé des fonds de l’ordre de 800 millions de dollars américains sous forme de Syndicated Funds en vue de consolider son Balance Sheet.

L’autre Major Player dans le secteur bancaire, la Barclays, qui est en transition vers sa nouvelle identité Absa, se met également de la partie. Cette banque affiche des profits en hausse de 20%. Un communiqué émis, jeudi, note que “2018 a été une année charnière pour Barclays Bank Mauritius. Tous les principaux indicateurs sont au vert, alors que la banque s’embarque dans une année riche en changements, avec la transition vers Absa. Pour l’année 2018, l’institution, qui fait partie des banques les plus performantes du pays, affiche des profits avant impôts de Rs 2,4 milliards, une progression de 20 % comparée à l’exercice précédent, pour un chiffre d’affaires de Rs 4,6 milliards”.

Commentant l’évolution du cours de la SBM, AXYS confirme ce sentiment en soulignant que “in spite of record Earnings Before Income Tax (EBIT) of Rs 4,5 billion (+ 8%), investors remained rather concerned with record impairments of Rs 3,5 billion. Consequently, SBM registered its most volatile week since October 18 — in the aftermath of the cyber-fraud-bottoming out at 10-Year low of Rs 5.86 (- 2%), registering a volume weighted average price (VWAP) of Rs 5.93 ( – 0,8%) before closing at Rs 5.96 ( -0,3%) on Friday following Thursday’s Investor Briefing”.

Remous à l’Hôtel du gouvernement

Dans la conjoncture, l’un des principaux arguments mis en avant, notamment par le CEO de la SBM Holdings Ltd, porte sur la mise à exécution d’un Remediation Plan. “We have made it our top priority to start a thorough remediation of the Segment B business and to improve our risk management framework. We have now substantially completed the remediation work in respect of the Segment B business, reducing credit concentrations and improving collateral cover for better monitoring and stronger controls, making this a stronger and more diversified business in the future”, devait-il soutenir avec force tout en laissant entendre qu’il existe des avenues pour recouvrer “a large portion of the impaired amounts in time”. Il s’est gardé de quantifier la partie des Rs 3,6 milliards, susceptible de retourner dans les livres de compte de la banque. Cette éventualité est également évoquée par des professionnels qui ont été impliqués de loin ou de près dans les négociations avec le groupe Pabari et les autorités compétentes au Kenya.

Par contre, les commentaires du Chairman de la SBM Holdings Ltd, que ce soit dans le communiqué officiel ou dans ses réactions lors de l’Investor Briefing à la SBM Tower, jeudi matin, provoquent des remous à l’Hôtel du gouvernement et sont diversement et défavorablement commentés dans les milieux d’affaires. L’unanimité est que Kee Chong Li Kwong Woing, par la position stratégique occupée au sein la State Bank of Mauritius, se devait “de faire l’économie d’une opération de Rock the Boat en pleine tempête”.
Non satisfait d’avoir consigné On Record que “we are disappointed with the poor results caused by the substantial impairments that occurred in 2018 at the Bank”, Kee Chong Li Kwong Wing n’a fait que rejeter toute la responsabilité de cette imprudence bancaire au coût de Rs 3,6 milliards sur le dos du board et du Top Management de la banque, dont le Chairman n’est autre que le Secretary to Cabinet, Nayan Kumar Ballah, VIP très proche du clan des Jugnauth.

Avec un retard considérable, puisque cette Risky Exposure de Rs 3,6 milliards à la State Bank est du domaine public depuis le 1er juin de l’année dernière, le Chairman de la SBM Holdings Ltd, un nominé politique repêché à la dernière minute lors de la campagne électorale du 10 décembre 2014 et classé comme un irréductible Frontliner du clan Lutchmeenaraidoo, brandit la menace de poursuites au criminel contre “les responsables de cette faute grave”. A ce stade, il n’y a aucune indication venant du board de la SBM Holdings Ltd à l’effet qu’une déposition formelle, avec preuves et dossiers à l’appui, aurait été consignée à la Central CID du commissaire de police, Karl Mario Nobin, en vue d’initier une enquête au sujet des dessous de ces Rs 3,6 milliards et les liens entre des Top Guns de la banque et les bénéficiaires kenyans de ces largesses bancaires.
La baguette magique…

Mais les Top Chefs de Lakwizinn du PMO, dont la principale mission en cette année électorale est de tenter de projeter un Feelgood Factor, ont tenu à réagir promptement aux agitations de Kee Chong Li Kwong Wing, même avec des risques d’interprétation de guerre ouverte entre la Government House et la SBM Tower. En fin de semaine, la riposte venant de l’Hôtel du gouvernement était des plus cinglantes à l’encontre du Chairman de la SBM Holdoings Ltd. “Blame yourself if something goes bad. Ce n’est pas possible que quand tout va bien, on accourt pour se mettre au premier plan aux côtés du Premier ministre, quitte à reléguer les autres au second plan. Kan zafer bon ou galoupe divan kosté kosté avec PM. Ek sinon kan zafer sal, ou pa responsa nanyen. This is not an attitude to condone”, fait-on comprendre dans les milieux de Lakwizinn, laissant entendre que toute la question devra être prise “en haut lieu at the appropriate time”. Sans plus !

Par ailleurs, après la fin de l’exercice financier au 31 mars dernier, Air Mauritius prépare fébrilement le terrain pour la présentation de sa performance financière, qui risque d’être encore problématique étant donné que pour les neuf premiers mois, les pertes ont été de Rs 1 milliard. Depuis la fin de mars, le board et le Top Management de la compagnie aérienne nationale sont engagés dans une série de décisions de nature stratégique en vue d’enclencher le plan de restructuration. Airports of Mauritiius Limited, qui a versé des dividendes de Rs 211,5 millions et de Rs 145,1 millions au cours de ces deux derniers exercices financiers au gouvernement, est considérée comme la baguette magique.
Une première initiative a été entérinée avant même la fermeture des comptes du 31 mars dernier. Lors de sa réunion du 29, le board d’Air Mauritius a annoncé la décision de racheter 20% des actions au sein de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd. Ce deal, qui est évalué à quelque Rs 400 millions, soit avec une prime de 54% sur le cours effectif du jour, se fera par le transfert de 27 millions d’actions d’Air Mauritius allouées à Airports of Mauritius Limited. Si dans le camp du gouvernement, l’on se félicite de ce Move, dans le monde des affaires, on qualifie les 20% d’un seuil très minime, car Air Mauritius ne détient aucun contrôle dans la gestion des boutiques hors taxes à Maurice et à Rodrigues. Le seul avantage de cette opération demeure une injection de profits d’Airports of Mauritius Ltd dans les comptes d’Air Mauritius.

L’autre transaction entre ces deux entités parapubliques a été annoncée vendredi après-midi. Air Mauritius a vendu ses intérêts au sein de Pointe Coton Resort de Rodrigues à Airports of Mauritius Ltd. Le montant agréé est de Rs 110 millions. Entre-temps, Air Mauritius prévoit aussi une émission de Preference Shares de Rs 500 millions dans une perspective de remédier à des lacunes sur le plan de la capitalisation par rapport aux investissements massifs dans le cadre du renouvellement de la flotte.
Le miracle ne s’est pas opéré

Ces actions de préférence d’Air Mauritius ne seront pas admises sur le marché officiel à la Bourse comme c’est le cas pour les titres ordinaires. Cotée à Rs 9.60, vendredi dernier, l’action d’Air Mauritius a perdu 33,3% de sa valeur boursière en une année. Mais au sein de la compagnie aérienne, devant faire face à une série noire de pannes et de Flight Rescheduling, provoquant des remous à tous les niveaux, l’on avance que les différentes étapes du plan de restructuration devront générer des dividendes à terme.

A ce stade, pour la MauBank Ltd, jadis présentée par le faiseur des miracles économiques, Vishnu Lutchmeenaraidoo, comme étant la Second Bank-in-Waiting après la Mauritius Commercial Bank, le miracle ne s’est pas opéré. Contrairement aux autres opérateurs du privé, cette banque soutenue à fond par l’Etat n’arrive pas à décoller. Les derniers commentaires du rapport du National Audit Office sont des plus accablants à cet égard.
Un premier détail révélateur est qu’en décembre 2017, MauBank n’était pas en mesure de trouver des fonds pour assurer le paiement des intérêts sur des facilités de crédits consenties par une autre banque commerciale. Une somme de Rs 60 millions a dû être puisée du Consolidated Fund pour honorer cet engagement. Un mois auparavant, des avances de Rs 3 millions furent accordées par le gouvernement à la Maubank Holdings Ltd pour assurer les Operating Expenses de novembre 2017 à janvier 2018.

Pour le National Audit Office, les difficultés de la MauBank sont encore plus graves, même si au 30 juin dernier, des fonds de l’ordre de Rs 3,2 milliards ont été injectés par le gouvernement. En plus, à octobre de l’année dernière, la MauBank n’était pas en mesure d’effectuer le repaiement d’un prêt de Rs 3 milliards à une autre banque privée. Elle n’a eu d’autre choix que de négocier une extension pour une période de deux ans. A condition que “government, as a major shareholder (99%) of MauBank Holdings Ltd, was requested to extend its existing guarantee to the bank”.

En attendant que la MauBank publie ses comptes audités, le rapport de l’Audit avertit : “MauBank Ltd was still striving to consolidate its performance and resolve the issues inherited from the taking over of the ex)-MPCB and ex-NCB. Maubank Holdings, on the other hand, was still injecting capital into MauBank Ltd to keep it afloat, and none of these injections were viewed as growth capital.”

Un autre cas d’espèces d’investissements à fonds perdu, même si “with the creation of the MauBank Holdings Ltd, the objective of government was to invest capital in it, which would in turn reinvest these into the capital of mauBank Ltd created to take over the merged activities of the Mauritius Post and Cooperative Bank Ltd and the National Commercial Bank Ltd (ex-Bramer Banking Corporation Ltd).”

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