Fausses notes

Un 5e décès a été rapporté derrière les barreaux cette semaine. Joselito Evenord, 43 ans, écroué depuis novembre dernier, a été retrouvé pendu dans sa cellule de la prison de GRNO ce mercredi 27 mai. Soit une vingtaine de jours après la découverte du cadavre de Jean Caël Permes, 29 ans, à La Bastille. Sans oublier précédemment les décès de Louis Michael Louise, retrouvé mort dans sa cellule à la prison de Beau-Bassin le 20 mars, au lendemain d’une mutinerie. Et celui de Jean Alain Auguste, trouvé pendu dans sa cellule à la prison de Melrose, fin avril. Un autre citoyen, en l’occurrence David Utcheegadoo, avait, lui, été retrouvé mort dans une cellule policière au poste de Trou-d’Eau-Douce le 13 mai dernier.

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Cinq morts dans nos geôles depuis mars, soit donc sur environ trois mois. Cinq Mauriciens qui trouvent la mort alors qu’ils étaient placés sous la responsabilité de l’État. Que parmi eux certains aient eu des soucis psychologiques ou autres, il incombe que le résultat final est qu’ils sont morts et que l’État n’a pas garanti leur sécurité. Cinq citoyens ont perdu la vie dans des circonstances encore floues, puisque des enquêtes sont en cours. Et toujours aucune réaction des autorités ! Pas le moindre mot de la part d’un ministre, et encore moins du chef du gouvernement, probablement davantage pris par la nouvelle mappemonde datant de… février de cette année. Chacun ses priorités, évidemment.

Si l’on attache autant d’importance à cette succession de morts derrière nos barreaux, c’est parce que c’est tout bonnement anormal que des citoyens placés en détention, et donc sous surveillance contrôlée, perdent la vie. Quelque chose ne tourne pas rond. Quelque chose va mal. Quelque chose est définitivement pourri dans notre système ! Dans une telle configuration, on s’attend évidemment à ce que des mesures rapides, dans le court terme, soient prises, mais également dans le long terme, afin d’identifier les lacunes, les mauvais éléments en cause, et de trouver des solutions. Parce que de tout temps dans l’histoire de notre pays, on a rarement recensé autant de morts derrière les barreaux en si peu de temps !

Plusieurs personnalités, dont le leader des Mauves, Paul Bérenger, et l’ex-Attorney General Rama Valayden, mais aussi le parti politique de gauche Lalit et l’Ong Dis-Moi sont montés au créneau et réclamé des sanctions et des mesures. Cependant, les jours passent et même si on semble être sortis de la crise sanitaire causée par la pandémie mondiale de Covid-19, ces décès en prison ne semblent toujours pas émouvoir grand monde, hélas ! Surtout parmi ceux qui se trouvent au pouvoir…

Les semaines de confinement et de couvre-feu sanitaire ont sérieusement affecté les habitudes et les comportements des Mauriciens, c’est un fait. Une telle expérience a été, pour certains, une épreuve, et pour d’autres carrément un traumatisme. Le retour vers la “New Normal” se décline, de fait, puisque nous sommes dans une configuration totalement inédite, dans une atmosphère souvent empreinte de flou et de manque d’informations. Et pour cause : c’est surtout dans cette optique que quasiment tous les Mauriciens attendaient, le 25 mars dernier, l’intervention du Premier ministre. Notons au passage que, même si la presse locale n’a jamais été vraiment en confinement, de par sa mission d’informer en toutes circonstances, en revanche, le jeu démocratique des conférences de presse, lui, a été depuis plusieurs semaines déjà relégué aux oubliettes ! Et qu’on ne s’embarrasse plus des questions (im)pertinentes des journalistes : la parade toute trouvée ! Aussi donc, l’allocution à la nation – le nouveau “trend” employé et suivi de près par Steven Obeegadoo — du lundi 25 s’est soldée par une nationale désillusion, pour dire le moins.

Évidemment, pourquoi cette attente pour que le Premier ministre évoque le déconfinement et la levée du couvre-feu sanitaire, annoncée pour le 2 juin, et donc sept jours plus tard ? Ce n’était pas une priorité, voyons… L’on ne sait si ce sont les effets de la Covid-19 ou autre chose, mais on nage en plein délire dans notre pays !

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