Favoritisme, le mal mauricien

L’association des Remote Gambling Operators, inconnue jusqu’ici puisque pas encore listée au Registrar of Associations à vendredi dernier, a, par le biais d’un communiqué, longuement commenté le rapport de la compagnie britannique 1710 Gambling Ltd, qui avait été choisie par le board de la Gambling Regulatory Authority (GRA) pour étudier les possibilités d’introduire le cashless betting à Maurice. Ce rapport intérimaire avait, entre autres, révélé officiellement le favoritisme flagrant qui règne dans les activités de betting et du gaming à Maurice, et le fait que les principaux bénéficiaires s’acquittent du paiement des licences les moins élevées et sont plus présents dans les activités où le risque de blanchiment d’argent était le pus élevé. Le communiqué de cette association, où ni GlobalSports ni Supertote ne sont des membres, vise à décrédibiliser l’auteur du rapport et son contenu, donc à défendre la situation actuelle du betting mauricien, qui profite largement au conglomérat du magnat des paris à Maurice.

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Ce n’est en fait pas une surprise que ce conglomérat rejette le projet de cashless betting de 1710 Gambling Ltd, qui est pourtant reconnu comme un outil favorable de la lutte contre le blanchiment. Et il ne sera pas étonnant non plus que la docile GRA, qui fait preuve d’une servilité déconcertante vis-à-vis de ce groupe, range ce rapport dans les tiroirs. Visiblement, en ces temps préélectoraux, le conglomérat dominant du monde du pari et du jeu à Maurice a apparemment un urgent besoin de rectifier le tir concernant l’apparence de favoritisme dont il bénéficie des pouvoirs publics, en particulier les informations de cette « petite section de la presse » concernant l’implantation des LPM à travers l’île. Il est vrai que l’élimination parallèle des bookmakers off-course et l’installation progressive des machines à sous de type LPM dans le réseau des facility centers à travers l’île portent fortement préjudice à l’image déclarée du gouvernement de combattre le zougadérisme mauricien.

SMSPariaz, le fer de lance de ce puissant conglomérat du jeu et des paris, s’est vu contraint de s’épandre dans des publicités payantes pour venir confirmer et minimiser qu’une trentaine de machines à sous à paiement limitée —un maximum de Rs 5 000 quand même ! — occupent déjà une dizaine des 570 facility centers, comme révélé en exclusivité dans nos colonnes. Dans son communiqué, SMSPariaz affirme qu’il n’opère à ce stade que 31 machines LPM dans six régions de l’île. Soit. Mais peut-il confirmer pour être le plus transparent possible s’il a oui ou non déjà obtenu auprès de la GRA des licences pour une soixantaine de machines pour opérer dans douze localités. Il devrait aussi informer le public si oui ou non il a déjà à deux reprises, sous les travaillistes en 2011 et sous l’Alliance Lepep en 2015, fait part de son intention d’opérer plus de 850 machines à terme et qu’à ce stade, selon des informations obtenues auprès du ministère du Commerce, fait une demande d’importation de plus de 400 LPM. Pour être tout à fait complet à cet item, il serait intéressant aussi de savoir des dirigeants de SMSPariaz s’ils entendent oui ou non faire une demande pour déplacer certaines des machines en opération et s’ils sont disposés à payer ou non de nouvelles licences à cet effet…De nouvelles publicités payantes, là où ils se sentent sécurisés, nous éclaireraient sur l’ensemble de cette problématique !

Alors que Lee Shim et ses amis de circonstance de la GRA, Bheekary et Dabiddin, font du damage control sur les dénonciations de faveurs dans le monde du pari mauricien à l’approche des échéances électorales, au Champ de Mars aussi on semble être gagné par le virus du favoritisme. Sonné il est vrai par les scélérates mesures budgétaires accompagnées du retrait de l’important sponsorship d’Air Mauritius pour le Maiden et la journée internationale depuis que la Phœnix Beer a été contrainte de se retirer sur la base d’une loi improductive interdisant toute publicité pour des boissons alcoolisées, le Mauritius Turf Club, par le biais de ses commissaires des courses, semble avoir perdu le sens de la mesure. Nous avions déjà exprimé nos réserves sur l’indulgence des commissaires des courses au sujet du renommé jockey sud-africain Piere Strydom après sa monte scandaleuse sur Chili Con Carné dans l’épreuve remportée par Pera Palace, d’autant que le betting dans cette épreuve démontrait clairement un engouement excessif pour le futur gagnant. Pour rappel, en conclusion, les RS avaient trouvé que Piere Strydom « did ride to instructions, could have insisted a bit more but would not have finished closer. He is a star jockey and should know what to do in these circumstances et need to be more aggressive at the start. » Il lui avait été demandé de ne laisser aucun doute sur ses montes à l’avenir.

Voilà que ce même jockey « star jockey » Piere Strydom s’est permis d’asséner à un autre jockey, le Mauricien Brandon Louis, des coups de cravache après la dernière course. Nous n’osons imaginer une seule seconde ce qui serait advenu du pauvre jockey mauricien si c’est lui qui avait donné à Sa Seigneurie Piere Strydom des coups de cravache. Un minimum de trois mois sans doute… Il est vrai que la monte de Louis dans cette course est sujette à interrogation, mais Strydom ne doit pas penser que ses adversaires doivent se plier à ses exigences. Aux 1200 mètres, « Brandon Louis failed to take the necessary steps to ensure that his mount did not jostle Red Indy with the latter going in and brushing the running rail. » Mais le jockey Strydom n’était pas en reste, car il fut aussi trouvé coupable d’avoir juste après « angled his mount outwards and jostled Vintage Angel, resulting in the latter being carried outwards until near the 1100 metres. » Les deux ont été logiquement suspendus pour une semaine pour ces gestes inconsidérés, même si l’acte de Strydom peut être considéré comme des représailles.

Mais là où le bât blesse, c’est lorsqu’un jockey de la trempe de Piere Strydom se met après la course à frapper son collègue avec la cravache et l’insulter dans le paddock. D’abord, un jockey de sa trempe n’aurait jamais dû se comporter de la sorte, car son acte est une disgrâce pour les courses hippiques. La sanction aurait dû être exemplaire, car les « role models » ont plus que quiconque le devoir de se comporter en champions et non comme des voyous de bas quartiers. Ainsi, la petite semaine de suspension et les Rs 50 000 d’amende sont insuffisantes pour s’être « conducted himself in an improper manner in the pull up by taking his whip and striking apprentice Louis and thereafter verbally abused him in the paddock. » La mansuétude des Racing Stewards du MTC est choquante pour dire le moins.

Pour redevenir un centre hippique respecté, la consigne au MTC devrait être la fermeté absolue. Il aurait fallu agir avec la même détermination que les collègues Racing Stewards de Hong Kong qui avait en janvier 2012 sanctionné le jockey vedette français Maxime Guyon pour l’acte inapproprié d’avoir asséné deux coups de cravache volontaires à un jockey local. Pour cette faute, Maxime Guyon avait été suspendu par une interdiction de monter pour neuf journées de course à Hong Kong. Ni son statut ni ses plus plates excuses n’ont fait l’objet d’une quelconque faiblesse ou pitié des Racing Stewards. À Hong Kong, le règlement est formel : il est interdit de toucher un adversaire avec sa cravache. La sanction est lourde et sans équivoque. Pas de favoritisme pour les star jockeys !

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