La parole aux Campaign Managers des blocs challengers

Les principaux blocs, l’Alliance Morisien (MSM-ML-Ganoo-Obeegadoo), l’Alliance Nationale (PTr-PMSD) et le MMM, qui se présentent aux élections générales du 7 novembre, amorcent une semaine cruciale dans cette campagne qui aura été relativement courte. À 11 jours du scrutin, les différents Campaign Managers qui tiennent les rênes de la machinerie pour que leur alliance ou parti respectif prennent de l’avance sur le terrain parlent d’une campagne qui progresse dans le calme et qui donne des signes favorables à leurs candidats

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Ravi Yerrigadoo (Alliance Morisien) :

« Les échos sur le terrain nous sont favorables »

l À onze jours des élections générales, quelle est votre évaluation de la position de l’Alliance Morisien sur le terrain ?

En toute humilité, nous sommes très confiants d’une victoire écrasante de l’Alliance Morisien aux élections. Que ce soit au N°7 où je suis très présent ou ailleurs, les retours et l’accueil de l’électorat démontrent que celui-ci éprouve de l’admiration et du respect pour le travail abattu par Pravind Jugnauth et les candidats de l’Alliance Morisien. Et depuis la présentation de notre programme, l’enthousiasme et la confiance sont encore plus palpables. Les échos qui me parviennent à travers ceux qui labourent le terrain nous sont favorables. Nous allons ainsi continuer à aller à la rencontre des Mauriciens.

l Pourquoi, selon vous l’électorat devrait faire confiance à votre leader et non à Navin Ramgoolam (leader de l’Alliance Nationale) ou à Paul Bérenger (leader du MMM) pour être le prochain Premier ministre ?

C’est simple. Il n’y a aucune comparaison entre eux et Pravind Jugnauth. Ce dernier est un Premier ministre exceptionnel. Le peuple éclairé de Maurice saura faire la différence entre les valeurs que prônent Pravind Jugnauth et celles de Navin Ramgoolam. De son côté, Paul Bérenger, qui a construit sa carrière à partir de la lutte des travailleurs, a choisi de ne pas voter pour un projet de loi sur la réforme. D’autre part, le gouvernement de Pravind Jugnauth a un bilan sous son mandat. Par contre, pendant les deux mandats successifs de Navin Ramgoolam, le secteur de la construction, par exemple, était en décroissance. Sous le primeministership de Pravind Jugnauth, ce secteur a été en croissance continue. Il faut faire confiance à Pravind Jugnauth parce qu’il leads by example. Quand il encourage la pratique du sport, on le voit en faire lui-même. Quand il dit que le pays doit être propre, on le voit qui met la main à la pâte et va en campagne de nettoyage. De l’électeur qui va voter pour la première fois aux aînés, tout le monde sait que l’avenir du pays se trouve avec Pravind Jugnauth (ndlr : il cite des mesures annoncées dans le programme de l’Alliance Morisien).

l Quels sont les enjeux de la campagne 2019 pour l’Alliance Moricien ?

Tous ceux qui se présentent aux élections y vont pour diriger le pays. Et comme tous ceux briguent les législatives, nous nous présentons aussi pour les remporter. Tous les dirigeants de l’Alliance Moricien sont en faveur de ce pays où nous voulons vivre en paix in happiness.

l Quel a été l’investissement que vous avez consenti tant en ressources matérielles, financières et humaines pour votre campagne 2.0 et quel a été l’impact jusqu’ici ?

Tout est fait bénévolement. Tous ceux qui nous donnent un grand coup de main le font par conviction et dans un élan patriotique. Pour ce qui est de l’impact de la campagne 2.0, je ne saurais vous répondre car je ne suis pas expert en la matière.

l En 2007, pour les présidentielles françaises, Nicolas Sarkozy élu président avait pour slogan « Ensemble tout est possible. » L’Alliance Morisien s’en est inspirée avec « Ensam tou posib » ?

Je ne sais pas. Mais Ensam tou posib démontre bien que nous reflétons les valeurs des Mauriciens, que nous partageons le même état d’âme quand il s’agit de l’unité dans la diversité. Ensam tou posib c’est aussi nou mars lame dan lame pou kapav resi ensam

l Alors que les candidats sont encore obligés de décliner leur appartenance ethnique pour briguer les élections générales, votre alliance qui a pour leader un PM sortant a une appellation qui évoque le mauricianisme. Ce qui est un paradoxe, n’est-ce pas ?

Le gouvernement de Pravind Jugnauth a présenté un projet de loi sur la réforme électorale. Mais l’opposition, (c’est-à-dire ni le PMSD, le MMM et le PTr), n’a voté pour la réforme. Pour notre part, nous avions joint l’acte à la parole et fait montre de notre volonté. Aujourd’hui, nous avons la loi que nous méritons ! Nous sommes obligés de nous tenir à cela.

Sarat Lallah (Alliance Nationale) –

« Les Navingate ne sont pas dangereux  pour Ramgoolam, mais pour le pays »

l À onze jours des élections générales, quelle est votre évaluation de la position de l’Alliance Nationale sur le terrain? Comment se déroule cette campagne ?

Nous avons fait une alliance avec notre allié naturel, le PMSD, et le mouvement Jean-Claude Barbier. Tout se passe merveilleusement bien. L’entente est cordiale et sur le terrain, il y a un réel enthousiasme pour les candidats de l’Alliance nationale. Quand les rouges s’allient aux bleus, c’est une équipe gagnante qui se dirige vers le pouvoir. Nous sommes confiants d’être bientôt au gouvernement.

l Quels sont les enjeux de la campagne 2019 pour l’Alliance Nationale ?

Faire respirer le pays à nouveau. Comme le dit notre slogan Anou liber sa pei-la. Nous présentons une équipe compétente, qui allie expérience et jeunesse, et qui est capable de relever le défi pour la mise en place des propositions de notre programme gouvernemental. Nous venons avec des propositions pour moderniser davantage notre pays et pour une consolidation des institutions qui ont été sévèrement ébranlées ces dernières années. Nous allons combattre le népotisme, la corruption, le fléau de la drogue qui fait des ravages parmi les jeunes, pour relancer l’économie dans une situation de perte de confiance.

l Pourquoi selon vous l’électorat devrait-il faire confiance à votre leader et non à Pravind Jugnauth (Alliance Morisien) ou à Paul Bérenger (MMM) pour être le Premier ministre ?

Des trois leaders qui visent le poste de Premier ministre, c’est Navin Ramgoolam l’homme de la situation. Mais ce match se joue entre Navin Ramgoolam et Pravind Jugnauth. Navin Ramgoolam est un homme charismatique, un rassembleur. Pourquoi cette équipe et pas nos adversaires ? C’est simple, car aujourd’hui dans le pays, il y a une dictature installée. Nous, nous venons pour libérer du népotisme, des abus, des ingérences dans la vie des gens, du non-respect des institutions, de l’emprise de la mafia du jeu et de la drogue incarnés par le primenistership de Pravind Jugnauth.

l Quel a été l’investissement que vous avez consenti tant en ressources matérielles, financières et humaines pour votre campagne 2.0 et quel en a été l’impact  jusqu’ici ?

Cette année, nous avons différentes plateformes à l’œuvre pour la campagne, avec notamment une équipe digitale, une autre pour la campagne “traditionnelle”, et chaque circonscription a un campaign committee avec à la tête un campaign manager et des sous-comités de campagne pour l’organisation des réunions, des meetings et autres. Nous avons une équipe dynamique de jeunes informaticiens, vidéographes, designers, concepteurs graphiques, artistes digitaux qui s’investissent volontairement pour aider à renverser ce régime. La campagne a un impact réel. Ramgoolam 2019 projette cette image de rupture que prône le leader du PTr. Vous n’avez qu’à voir le nombre de likes. Cependant, même avec des volontaires, ni le MMM ni l’Alliance Nationale ne peuvent se battre contre le pouvoir de l’argent du Sun Trust et de la mafia du jeu. D’autant que les fonds du PTr sont bloqués aux Casernes centrales !

l Navingate 1, Navingate2, Serenitygate, etc. Qu’en pensez-vous ?

D’abord, il faut souligner que Serenitygate est venu des médias et non de l’Alliance Nationale. Nous avons nous-mêmes été surpris par l’ampleur des dénonciations dévoilées après un travail d’investigative journalism, où des preuves sont mises en avant, dont les fameux échanges de courriels. Quant au Navingate 1, le PTr a émis un communiqué qui explique que ce sont des transactions internes du parti, datant de 2009. Malheureusement, notre trésorier Ah Fat n’est plus là pour venir témoigner. Quand on regarde le Navingate1, ce n’est pas le contenu des infos qui interpelle, mais la fuite des informations et c’est le plus grave. Cela ébranle la confiance dans nos institutions. Quant à Navingate 2, cela nous fait rire. On ne peut pas venir avec les mêmes images pendant cinq ans. Nous ne pensons pas avoir à répondre de cela. Nous, nous avons mieux à faire. Cela dit, les Navingate ne sont pas dangereux pour Navin Ramgoolam, mais pour le pays. On est en train de dire que, demain, n’importe quoi peut être divulgué sur n’importe qui.

l Qu’est-ce qui a motivé le choix de votre leader pour une candidature au N°10 ? Et quel est votre pronostic national ?

Ce n’est pas la première fois qu’un leader, dans la configuration, change de circonscription. Les deux politiciens qui ont fait des commentaires dessus ont oublié qu’ils avaient aussi changé de circonscription, Paul Bérenger migrant du N°18 au N°19 en 1987 et Pravind Jugnauth sortant du N°11 pour atterrir au N°8 en 2009. Ce qui est sûr, c’est qu’une fois élu, Navin Ramgoolam sera le Premier ministre de toutes les circonscriptions et de toute la population. Quant à l’issue de ces élections, je ne peux pas prévoir un 60-0 pour l’Alliance Nationale. Mais on ne sait jamais. La tendance qui se décline démontre un net avantage pour nous. Je souhaiterais que nous dépassions les 35 sièges pour un gouvernement fort, stable et qui pourra changer Maurice pour le mieux.

l Le 15 novembre sera prononcé le jugement dans l’affaire du coffre-fort. S’il est Premier ministre, que fera Navin Ramgoolam s’il est trouvé coupable ? Qui serait alors son remplaçant ?

Navin Ramgoolam sera certainement Premier ministre. Tout en respectant l’indépendance du judiciaire, nous n’avons aucun doute que cette affaire sera, comme les dix précédentes, rayée. Il n’est pas question de remplaçant. Navin Ramgoolam sera Premier ministre pour cinq ans.

Daniella Bastien (porte-parole de campagne du MMM) :

« Pas comme une équipe  recomposée à la dernière minute »

l À onze jours des élections générales, quelle est votre évaluation de la position du MMM sur le terrain ?

Je dois d’abord rappeler que tout s’est enchaîné depuis l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Nous nous sommes dès lors retrouvés dans une situation inédite avec la tenue, dans un délai de 15 jours, du Nomination Day pour l’inscription des candidatures et la fixation du Polling Day pour dans 15 jours additionnels à compter de ce jour du dépôt des candidatures qui était mardi dernier. Tout cela fait que l’ensemble des formations en lice dont le MMM ont été prises de court. Malgré tout, au MMM, nous sommes tout à fait heureux d’avoir été les premiers à rendre publique notre liste de 60 candidats et d’avoir présenté, tout aussi en premier, notre liste des 20 mesures prioritaires que nous entendons mettre en œuvre au sein d’un éventuel gouvernement MMM. De la même manière, nous sommes heureux d’avoir aussi dévoilé en premier les noms de ceux qui constitueraient notre frontbench à l’Assemblée nationale, ainsi que les noms des personnalités qui assumeront les postes de responsabilité constitutionnelle sous un éventuel gouvernement MMM. Après la publication, dans un premier temps, de ses 20 mesures prioritaires, le MMM présentera officiellement mardi prochain dans son intégralité son programme de gouvernement qui a été préparé au terme de deux longues années de concertation avec des membres de différentes catégories socio-professionnelles. Nous avons aussi des raisons d’être satisfaits du response de l’électorat aux exercices de porte-à-porte qu’entreprennent nos candidats, même dans des régions et quartiers que nous croyions à tort hostiles au MMM. Les personnes sollicitées nous ouvrent toutes grandes leurs portes.

l Pourquoi, selon vous, l’électorat devrait faire confiance à votre leader et non à Navin Ramgoolam (Alliance Nationale) ou à Pravind Jugnauth (Alliance Morisien) ?

Par rapport aux deux autres leaders cités, la personnalité de Paul Bérenger, son ardeur au travail et son intégrité font, certes, la différence. Mais au MMM, nous insistons aussi beaucoup sur la cohérence qu’il y a dans un ensemble. Vous savez, le MMM se présente à ces législatives non pas comme une équipe recomposée à la dernière minute comme d’autres. Nous comptons, certes, sur notre leader, mais tout repose aussi sur une équipe complète et un programme. C’est ce qui nous démarque des autres. Je ne veux comparer notre liste de candidats avec celle des deux principales alliances que nous avons en face de nous. Nos adversaires assument la responsabilité des choix de candidats qu’ils ont faits. Je rappelle, en revanche, que la liste des 60 candidats du MMM a été finalisée au terme de longues discussions démocratiques au sein des instances du parti, avant qu’elle ne soit finalement approuvée par plus d’un millier de délégués venant de plus de 300 branches régionales du MMM réparties à travers les 20 circonscriptions. Nos 60 candidats ont donc désormais le soutien inébranlable des militants qui œuvrent à la base dans les 20 circonscriptions du pays. Cette confiance s’exprime d’ailleurs par la mine radieuse qu’affichent nos candidats sur le terrain.

l Quel est l’enjeu de cette campagne 2019 pour le MMM ?

Continuer à convaincre le plus grand nombre que c’est le MMM qui présente l’équipe la plus crédible à ces législatives. Il y a tout le bassin que l’on dit important des indécis que nous sommes appelés à convaincre un peu plus chaque jour jusqu’au moment du scrutin. À ce que je sache, les indécis n’ont pas encore confié à des observateurs politiques pour qui ils iraient éventuellement voter.

l Quel a été l’investissement que vous avez consenti tant en ressources matérielles, financières et humaines pour votre campagne 2.0 et quel en a été l’impact  jusqu’ici ?

À vrai dire, le budget que le MMM a consacré à sa campagne sur le web n’est pas énorme. Mais nous sommes bien sûr présents sur les réseaux sociaux et notre message atteint ses cibles. De même, au plan régional, nos équipes ont leurs propres pages Facebook. Il nous arrive aussi de faire des enregistrements que nous mettons par la suite en ligne. C’est peut-être à ce niveau que se situe le plus gros investissement.

l En cette année du cinquantenaire du MMM durant laquelle des législatives sont prévues, votre parti a aussi connu un certain nombre de soubresauts. Le pire est derrière vous ?

Certes, ce furent des moments difficiles, mais nous faisons désormais avec. Comme nous le rappellent les paroles de la chanson de Siven Chinien, tel le félin qui sait qu’il retombera toujours sur ses quatre pattes, le militant est depuis longtemps rompu à l’idée d’avoir à « ser to lerin to marse » quand s’abat l’adversité.

l Votre pronostic…

Je ne veux pas me prononcer. J’aurais préféré que ce genre de question politique soit adressée à un dirigeant du MMM, à l’instar d’Ajay Gunness.

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