OPÉRATION NETWAYAZ (SAISON II) : Gooljaury en plein coup de vent

Le vent a tourné en défaveur de Rakesh Gooljaury, qui semble être en plein coup de vent politico-financier depuis sa condamnation pour 90 heures de travaux communautaires dans l’affaire de complot dans la nuit du 2 au 3 juillet 2011 au bungalow de Navin Ramgoolam à Roches-Noires. Depuis le 20 mai dernier, les pressions s’accentuent avec les procédures judiciaires initiées par MauBank et AfrAsia, deux des quatre institutions financières, dont la State Bank of Mauritius Ltd, faisant partie du consortium, en vue de recouvrer une partie de plus de Rs 690 millions, dont Rs 564 959 802.54 pour la seule MauBank de facilités bancaires en suspens. Entre-temps, le patron de Fashion Style, ayant bénéficié d’un Variation Order de la Cour, devait prendre l’avion ce week-end pour un déplacement de trois jours à l’étranger. De leur côté, les Receiver Managers, André Bonieux et Raj Basgeet, doivent surmonter des obstacles pour avoir accès aux dossiers et livres de compte de la quinzaine d’entités du groupe Gooljaury placées sous administration judiciaire sur ordre du juge Gérard Angoh, siégeant en référé en Cour suprême. Le prochain rendez-vous en Cour pour Rakesh Gooljaury et autres Paul Foo Kune est prévu pour la fin de la semaine.
A vendredi dernier, très peu de renseignements étaient disponibles sur les motifs de ce déplacement-express, l’espace d’un week-end, de Rakesh Gooljaury et de la destination, alors que l’avenir de son groupe d’affaires se joue de manière irrémédiable devant les instances judiciaires appropriées. Certes, pour la reconversion de ses affaires avec la représentation des marques exclusives et haut de gamme, le patron de Fashion Style, qui fait face à un redressement fiscal de quelque Rs 60 millions avec la Mauritius Revenue Authority, bénéficie des services d’un Legal Consultant tout-terrain et à toute épreuve et d’un partenaire dont la réputation n’est plus à faire.
Néanmoins, la partie ne s’annonce nullement facile pour les deux parties en présence, soit, d’une part, MauBank et AfrAsia, déterminées à sauver la mise face aux Toxic Loans de Rs 1,7 milliard, et, d’autre part, Rakesh Gooljaury, qui se trouve sous la menace d’une banqueroute au terme de l’Insolvency Act. La stratégie visant à se débarrasser de manière subtile la représentation de ces marques de luxe et de sauver son réseau de magasins dans les Shopping Malls les plus huppés, sur la base d’un accord taillé sur mesure, a échoué lamentablement.
D’ailleurs, c’est l’annonce officielle en date du 20 mai de la relance de la prestigieuse marque Mango par la société New Trenzz Co Ltd, dont l’unique directeur est Paul Ah Kong Foo Kune, qui devait faire dérailler le subterfuge. En effet, la veille, soit le 19 mai, Rakesh Gooljaury avait adressé un e-mail à la MauBank l’informant qu’il avait perdu la représentation de la marque Mango. A partir de ce détail, MauBank et AfrAsia, qui affirment détenir des « charges on all the assets (de Rakesh Gooljaury), including the the rights and interests in the brands commercialised (par Rakesh Gooljaury) », devaient conclure à la mauvaise foi de ce client pas comme les autres.
L’endettement colossal
Très vite, ces deux banques devaient s’engager dans une autre stratégie de recouvrement de dettes, même si depuis octobre de l’année dernière, ce consortium de banques travaillait sur un plan de redressement financier de ce groupe. Indépendamment de la State Bank of Mauritius Ltd et de CIM, MauBank et AfrAsia avaient procédé à la nomination de deux ReceiverManagers. Justifiant cette démarche, ces deux banques devaient étaler au grand jour l’endettement colossal du D . Gooljaury Group comme suit depuis 2007 : MauBank, soit anciennement la Mauritius Post and Cooperative Bank Ltd, a accordé à ce groupe d’affaires un Restructuring Mechanism pour le financement total du groupe, notamment des facilités de découverts bancaires avec pour conséquence qu’au 19 mai dernier, l’ardoise de Fashion Style auprès de MauBank s’élève à Rs 310,9 millions, dont Rs 13,8 millions accordées le 4 avril de cette année ;
l le 23 août 2008, Designer Labels Ltd, faisant partie du groupe, avait bénéficié d’un prêt de Rs 101 millions et des Overdraft Facilities de  Rs 15 millions. Jack Intl Ltd est endettée auprès de la MauBank pour un montant de Rs 73 millions
l Pro-Fashion Ltd avec des Overdraft Facilities de Rs 14,8 millions.
De ce fait, MauBank soutient que « these four companies have defaulted the banking facilities and are at 19 th May 2016 indebted to it in the sum of Rs 564 959 802.54 ». Dans ces réclamations devant la Commercial Division de la Cour suprême, mention est également faite de « several unconditional repayment undetakings from the Mauritius Duty Free Paradise Ltd ».
Pour le compte d’AfrAsia Bank, les dettes de Gooljaury sont de Rs 50,5 millions et 1,7 million d’euros (Rs 70 millions environ) pour des facilités bancaires accordées à Fashion Style; de Rs 4,5 millions pour le compte de Roulette Express Ltd ; de Banking Facilities de Rs 1 million et de 200000 euros pour Goman Ltd, la société qui avait émis un chèque de Rs 100000 en juillet 2011 au nom de Navin Ramgoolam pour faire accroire que Rakesh Gooljaury avait loué le bungalow de Roches-Noires au moment de l’agression de l’ancien Premier ministre.
Avec la situation de non-remboursement de ces emprunts, le consortium de banques devaient engager des consultations à partir d’octobre de l’année dernière en vue de « find a viable solution to the indebtedness of Rakesh Goolaury ». A la réunion du 27 octobre 2015, il avait été décidé d’injecter un fonds additionnels de Rs 58 millions pour financer les stocks. Toutefois, MauBank avait exigé la mise à exécution d’un plan de restructuration à partir de janvier 2016.
Le 18 novembre intervient la décision de mettre à la disposition du groupe Gooljaury des fonds de roulement de Rs 50 millions, soit MauBank : Rs 32 millions, State Bank of Mauritius, Rs 10 millions, et CIM Rs 8 millions,
Le 16 décembre : premières indications du démantèlement du groupe Gooljaury avec une offre pour le rachat de Pre-Maman/Orchestra à Maurice avec des négociations en cours pour améliorer le montant du deal.
Entre-temps, la firme BDO est appelée à assumer la responsabilité de la gestion financière du groupe jusqu’à ce Rakesh Gooljaury se décide d’entrer en affaires avec New Trendzz et World of Fashion Ltd du clan Foo Kune. De nouvelles facilités bancaires sont encore accordées, dont Rs 16 millions de la même Maubank. Depuis, avec l’injonction obtenue par MauBank et AfrAsia, le transfert et la vente de toute la gamme de 14 marques exclusives, allant de Hugo Boss jusqu’à Zara en passant par Armani sont gelés jusqu’à vendredi prochain, quand cette affaire devra être appelée de nouveau devant le juge siégeant en référé.
Pravind Jugnauth  prend ses distances
Intervenant à l’Assemblée nationale, mardi, lors des débats sur le budget supplémentaire, le député du MMM Reza Uteem a procédé à une opération de déshabillage financier de Rakesh Gooljaury, la Star Witness dans le premier procès contre Navin Ramgoolam lors de l’opération Lakaz Lerwa Lion. Citant les chiffres mentionnés dans l’affidavit des deux banques, il a soutenu que « we are just going to quote certain figures which are referred to in that affidavit, which are going to chill a lot of people. MauBank avers that Respondent Nos. 1 to 4 – Fashion Style, Designer Labels, Jack International and Pro-Fashion Ltd have defaulted the above-described banking facilities and are, as at 19 May 2016, indebted to it in the sum of Rs564,959,802.54. And we are talking about four companies which are related to Respondent No. 15, Mr Doomeswarsing Gooljaury, the new blue-eyed boy of this Government. »
Plus loin, Reza Uteem devait dénoncer la « fausse générosité » des banques. « These companies had defaulted as far back as October 2015. They owed more than Rs 500 m. and what did MauBank do? You know, what they did, Madam Speaker? This is even more shocking. What did they do? In November 2015, MauBank granted Rs32 m. additional loan to the company led by Gooljaury », s’insurge-t-il.
De son côté, le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a tenté de prendre ses distances de Rakesh Gooljaury. « I mean, as far as I am concerned, he is not my blue-eyed boy anyway », devait-il soutenir alors que dans la réunion du 16 février 2015 avec les deux représentants de la Mauritius Duty Free Paradise Ltd, Rakesh Gooljaury avait présenté Parvind Jugnauth comme «un vieil ami » de plus de quinze ans.
Lors de la présentation liminaire du Supplementary Appropriation Bill, le ministre des Finances a confirmé que le gouvernement a injecté un peu plus de Rs 3 milliards de fonds publics dans MauBank, la Mauritius Post and Cooperative Bank et la National Commercial Bank Ltd pour les alléger des Toxic Loans, soit pour la NCB : Rs 200 millions le 15 avril 2005, Rs 500 millions le 30 juin 2015, ex-MPCB : Rs 753 millions le 30 juin 2015 et MauBank : Rs 300 millions le 29 octobre 2015 et Rs 1,3 milliard le 13 janvier de cette année.
Dans la conjoncture, Rakesh Goolajury est appelé à jouer une autre partie qui s’annonce extrêmement difficile face aux banques quand, au cours de la semaine, la MauBank Ltd a obtenu la saisie des biens immobiliers des Beerjeeraz à Albion, dont le nom a été cité au même titre que Rajesh Goolajury au chapitre des Toxic Loans de Rs 1,7 milliard lors de l’inculpation provisoire de Rajiv Beeharry-Panray, ancien Chief Executive Officer de la MPCB.

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