Santé : Le Parkinson affecte aussi des quadragénaires

Le Parkinson est une maladie neurologique chronique dégénérative du système nerveux. Elle se manifeste entre autres par des tremblements, la perte de l’odorat et une lenteur psychique. Cette maladie généralement associée à la vieillesse menace aussi des adultes à la quarantaine.

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En marge de la Journée mondiale Parkinson, qui a lieu le 11 avril, Scope a rencontré deux personnes touchées par cette maladie à moins de 60 ans. Elles nous racontent leur parcours. Le neurologue Dr Harrish Reesaul nous donne des explications.

“J’avais 46 ans lorsque les premiers signes de la maladie de Parkinson sont apparus. Pour moi, ce n’était que des tremblements inoffensifs. Je continuais mes activités sans me soucier. Lorsque je me suis enfin rendu à l’hôpital car les tremblements persistaient, et après plusieurs examens, le médecin m’a annoncé que j’ai un début de Parkinson”, raconte Daniel (prénom fictif), âgé aujourd’hui de 50 ans. Généralement, les premiers symptômes de cette maladie apparaissent vers 60 ans. Quand le verdict est tombé, ce fut le choc pour Daniel.

Idem pour Dev, 45 ans (prénom fictif). “Être atteint de Parkinson à 40 ans, ce n’était pas envisageable. Pour moi, cette maladie n’était associée qu’aux vieux. En l’apprenant, je suis resté fort, même si je savais ce qui m’attendait. Je me suis dit que je devais me battre pour essayer d’aller mieux.”

Dev commençait à marcher lentement et était constamment fatigué. “J’ai travaillé la terre pendant plus de vingt ans. Je suis né dans une famille d’agriculteurs. Avant, on utilisait beaucoup de pesticides pour empêcher les insectes de détruire nos légumes. Il n’y a que moi dans ma famille qui en souffre.” D’après le site lepoint.fr, l’exposition aux pesticides augmente le risque de développer le Parkinson.

Se faire aider au quotidien.

Daniel, ancien peintre de profession, a été longtemps exposé aux émanations de peinture. “Je n’ai jamais pris la peine de porter un masque”, dit-il. Il est désormais incapable de travailler, car ses bras balancent et il a des tremblements des deux côtés du corps. “Je tremble de partout, j’ai des sautes d’humeur. J’ai du mal à parler et je commence peu à peu à perdre l’odorat. Je dois constamment me faire aider au quotidien. Tout est devenu compliqué, mais je tiens bon. Je pense surtout à la souffrance qu’endure ma famille.” Sans l’aide de ses proches, il aurait été au plus mal. Ses proches l’aident financièrement et lui apportent un soutien moral. “Si je me mets à stresser, mon état de santé se détériorera.” Il suit des traitements médicamenteux pour retarder les phases de cette maladie.

“Je continue à travailler pour ne pas rester inactif bien que la maladie ait évolué. J’aime le fait que ma famille ne me mette pas à l’écart et me considère comme capable, alors que tout au fond de moi, je suis fatigué”, dit Dev. “Il faut consulter dès que vous voyez des signes anormaux. À 40 ans et souffrant de Parkinson, je n’ai rien vu venir. Si je l’avais su, peut-être n’aurais-je pas été aujourd’hui à ce stade de la maladie.”

Dr Harrish Reesaul, neurologue :

“Pas de causes exactes”

Existe-t-il beaucoup de jeunes patients atteints de Parkinson à Maurice ?

Cette maladie ne touche pas que les personnes âgées mais aussi les jeunes, sauf qu’à leur âge, ils ne s’en soucient pas. Pour beaucoup, seuls les tremblements comptent; s’ils n’ont aucun tremblement, ils n’iront pas se faire diagnostiquer. Entre 1,000 et 2,000 personnes suivent des traitements dans tous les hôpitaux de Maurice pour le Parkinson.

Quels sont les principaux symptômes de la maladie de Parkinson ?

Une personne atteinte de Parkinson a dans un premier temps des tremblements rythmiques non contrôlables d’une partie du corps; cela peut être la main gauche ou droite. Ça commence principalement par un doigt. À ce stade, on appelle ce signe le pill rolling. La personne aura tendance à faire semblant de faire rouler une pilule ou un autre petit objet entre son pouce et son index.

Peu à peu, la personne connaîtra un ralentissement psychomoteur, une lenteur dans la gestuelle. Cette phase est aussi associée à la lenteur psychique et verbale. Plus la maladie progresse, plus la personne aura du mal à faire certains mouvements et aura une mauvaise digestion. Les deux mains commenceront à trembler. Quand la rigidité musculaire augmente, la personne aura du mal à marcher. Elle marchera à petits pas ou traînera des pieds.

Avec le temps, cette maladie entraîne une augmentation de la quantité de salive dans la bouche. L’expression faciale disparaît peu à peu et l’expression orale perd en spontanéité. La personne aura beaucoup de difficultés à s’exprimer et à avaler. Elle aura un trouble de l’odorat, des troubles du sommeil et souffrira de constipation. Si la personne ne suit pas de traitement, elle ne pourra plus faire de mouvements et restera clouée au lit.

Quelles sont les causes ?

Il n’y a pas de causes exactes pour déclencher la maladie de Parkinson. Toutefois, il y a des théories qui disent que l’environnement dans lequel la personne est exposée joue un rôle important. Être exposée à certains facteurs environnementaux et à diverses toxines peut causer le Parkinson. Ces toxines détruisent de manière sélective les neurones dopaminergiques. Lorsqu’il y a une diminution de neurones dopaminergiques, cela entraîne la maladie de Parkinson. Le risque d’avoir cette maladie dans les gènes est faible.

Peut-on guérir de cette maladie ?

La maladie n’est ni mortelle ni contagieuse. Mais la personne est exposée à plusieurs dangers : elle peut facilement tomber, par exemple. Pour aller mieux, une stimulation cérébrale profonde peut être pratiquée pour atténuer quelques symptômes de cette maladie. Cette thérapie utilise un dispositif implanté qui stimule électriquement le cerveau, en bloquant les signaux qui produisent les symptômes moteurs invalidants. Elle est pratiquée lorsqu’un patient est réfractaire au traitement médical. Mais elle n’est pas pratiquée à Maurice. Avoir recours à ce traitement, c’est aussi prendre des risques, car la personne peut mourir. Dans le cas où tout se déroule bien, rien ne garantit que la personne ira mieux.

À Maurice, il existe un traitement, le Gold Standard Treatment, pour remplacer les dopamines.

Y a-t-il une méconnaissance de cette maladie chez les Mauriciens ?

On ne parle pas suffisamment de la maladie de Parkinson. La faute revient à notre système de santé. Pour beaucoup de Mauriciens, la maladie est encore un sujet tabou.

Si la maladie est diagnostiquée tôt, elle peut être traitée efficacement afin d’en retarder les phases. Beaucoup de personnes n’osent pas consulter un médecin. Parfois, les symptômes ne sont pas suffisamment prononcés pour pouvoir être diagnostiqués.

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