ÉDITION:De la fascination du dessin…

Émile Bravo fait la chasse aux idées reçues sur la bande dessinée à partir de quelques constats et en s’insurgeant à propos de certains phénomènes liés aux modes et au marché. Venu récemment à Maurice pour animer des ateliers autour de la BD et de l’illustration jeunesse sur une invitation, l’auteur a expliqué lors d’une conférence à l’IFM, de manière convaincante et démonstrative, que la bande dessinée était avant tout une écriture, le dessin y faisant simplement office d’outil ou de code…
Les dessinateurs de bande dessinée (BD) n’en reviennent parfois pas eux-mêmes lorsqu’ils voient les files d’attente de fans demandant des dédicaces et signatures dans les salons et rendez-vous culturels. Le dessin exerce une attraction telle qu’une bande dessinée peut continuer de « vivre » en publiant de nouveaux albums après la mort de ses auteurs… Ce phénomène a le don d’énerver Émile Bravo qui considère par exemple la survivance d’Astérix après le mort de René Goscini comme « le scandale du siècle », estimant les albums qui ont suivi comme « nuls » parce qu’ils ont été imaginés sans leur auteur, simplement prolongés par leur dessinateur.
Le père de Jules et ses épatantes aventures estime que la BD ne doit pas être perçue que par le biais de son dessin et de la fascination qu’il exerce. Aussi, l’idée qu’on la considère comme une forme d’expression puérile l’exaspère. « Nous avons du mal à admettre que la BD est avant tout une écriture car nous avons oublié qu’au départ, avant de se codifier de manière de plus en plus abstraite, l’écriture a commencé par le dessin. L’écriture cunéiforme primitive était figurative, les idéogrammes également et ils le restent encore à certains égards aujourd’hui. Au fil des siècles nous avons perdu le lien qui existait entre le dessin et le code de l’écriture », explique Émile Bravo.
Comme le début de l’Histoire a été associé à celui de l’écriture, tout ce qui a trait à l’expression orale, aux arts rupestres (etc) relève de la préhistoire… Et il est difficile de voir de l’écriture dans le dessin et du dessin dans l’écriture. Nous avons oublié que le dessin était un mode de communication codifié. La BD peut se comprendre partout, elle a néanmoins ses codes, styles et familles de langage à l’instar de l’école franco-belge, des mangas, ou des comics américains pour ne citer que les plus connus.

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