Democracy Day ou la voix de la jeunesse

Pour le 15e anniversaire de la Journée internationale de la Démocratie, vendredi, les Nations unies ont mis l’accent sur un thème, porteur d’espoir pour demain face à la sinistrose d’aujourd’hui, en l’occurrence Empowering the Next Generation. Force est de constater que l’assaut mené par les forces d’hier sur l’échiquier international n’a fait qu’étouffer la voix de la jeunesse.

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En prélude à la 78e session de l’assemblée générale des Nations unies, démarrant dans les prochains jours, des sommets, se présentant sous toutes les sauces politiques, se sont succédé aux quatre coins du globe, avec les mêmes chefs d’État et de gouvernement intervenant. Le seul élément qui change à chaque fois demeure la tenue vestimentaire.

Sinon la teneur des interventions varie difficilement d’une série à l’autre. Les réflexes politiques entêtés et les alliances d’intérêts tenaces. Donc, comment assurer ce thème d’Empowering the Next Generation alors que ceux, qui auraient dû servir d’exemple pour élargir l’espace démocratique, ne font preuve que d’esprit obtus.

D’abord, ils occupent toute la place au-devant de la scène internationale. À New York, ils seront 140 à défiler à la tribune des Nations unies. Quelle est leur moyenne d’âge? Peut-on s’attendre à autre chose que de la rhétorique éculée de la période de la Guerre froide des années 60? Sauf que les protagonistes auront légèrement altéré leur maquillage politique?

Cette jeunesse récuse la thèse de New Skin for the Old Ceremony pour en faire des Beautiful Losers, titre de deux oeuvres, la première musicale, la seconde littéraire, du même artiste qu’est Leonard Cohen, dont la fidélité à son chapeau de feutre n’a pas d’égal. Comme pour rappeler que l’on ne change pas une formule qui gagne.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui tente de se démarquer du Political Mainstream sur le plan international, note avec force que « this year’s International Day of Democracy is dedicated to Empowering the Next Generation by focusing on the critical role of children and youngsters in ensuring democracy today and in the future. »

Certes, Maurice peut difficilement aspirer à changer la configuration de la démocratie sur le front international. Mais sur le plan local, des urgences se font sentir cruellement. Mais comment réconcilier ces dernières aux ambitions légitimes de cette jeunesse?

Serait-il exagéré de soutenir que l’espace démocratique est susceptible de s’épanouir par le truchement de l’exemple prodigué par des aînés et la vigueur renforcée des institutions, tenant à distance les déviants poussant à l’autoritarisme grandissant?

Cette escalade entre l’Office of the Commissioner of Police et l’Office of the Director of Public Prosecutions, deux institutions garanties par la Constitution, met à mal le premier alinéa de cette même Constitution, à l’effet que « Mauritius shall be a sovereign democratic State… ».

À qui profite ce désaccord exacerbé entre deux institutions, dont le mandat principal est de garantir le Law and Order au sein de la Res Publica. D’autant plus que le terrain sur lequel elles s’affrontent est la lutte contre les trafiquants de drogue, un fléau, qui met en danger cette jeunesse mauricienne.

Cette confrontation, même si elle se déroule devant l’instance judiciaire suprême de la république, ne sert nullement la cause de la démocratie à Maurice. Encore plus elle ne se présente pas comme l’engrais très riche pour faire fertiliser le concept de l’Empowerment of the Next Generation.

Pire, elle ne se résume pas justement pas à entretenir la suspicion mais surtout à affaiblir la confiance de la jeunesse et de toute la république, dans ces institutions s’inscrivant dans la perspective de Checks and Balances dans la défense des droits et des libertés fondamentales du citoyen.

Le prochain épisode de ce striptease constitutionnel, avec des accusations réciproques, par voie d’affidavits et de contre-affidavits se profilant à l’horizon, suscitera les applaudissements nourris des hors-la-loi, toujours engagés dans leur commerce florissant de la mort et défiant sans pudeur toute autorité sur le terrain.

La plaie institutionnelle, déjà causée, prendra du temps à se cicatriser. Au nom de cette jeunesse mauricienne, qui se cherche encore, l’exemple que donneront, et cela le plus rapidement, l’Office of the Commisioner of Police et l’Office of the Director of Public Prosecutions, s’avère déterminant « in ensuring democracy today and in the future ».

Ce n’est nullement difficile car l’ego de l’individu ne doit pas se substituer au collectif des institutions au nom de l’intérêt supérieur de demain, représenté aujourd’hui par la jeunesse…

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