(Hippisme) Choix unilatéral des Terres du DPM Obeegadoo – Champ-de-Mars : les jeux sont faits !

La Côte d’Or International Racecourse Ltd, filiale des Finances, se voit confier le contrôle et l’entretien de la piste, qui a été pendant plus de 200 ans sous l’autorité du MTC

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Dans un communiqué émis hier soir, cette entité fait déjà appel aux organisateurs de courses locales pour soumettre leur candidature jusqu’à mardi 16h

Au Champ-de-Mars, les jeux sont faits ! Depuis longtemps diront les plus perfides. Alors que la Mauritius Turf Club Sports and Leisure Ltd (MTCSL) et la People’s Turf PLC attendaient avec impatience la décision du ministère des Terres au sujet de leur demande pour le bail, c’est un troisième larron, candidat de dernière heure, qui est sorti du chapeau du Deputy Prime Minister Steven Obeegadoo. La Côte d’Or International Racecourse Entertainment and Complex Ltd (COIREC Ltd), filiale du ministère des Finances, se voit en effet « granted the control and maintenance of the State Land known as the Champ de Mars ». C’est un communiqué officiel du ministère, daté du jeudi 19, mais disséminé officiellement hier après-midi, qui en fait état.

Ce nouveau développement de taille, en marge de l’imbroglio dans lequel est plongée la saison hippique 2022, renforce la mainmise de l’État, avec sous le même toit du ministère des Finances la Côte d’Or International Racecourse Entertainment and Complex Ltd (COIREC) et la Gambling Regulatory Authority, où siège Dev Beekharry, l’indéboulonnable représentant personnel du Premier ministre, Pravind Jugnauth. Une question reste néanmoins en suspens, à savoir à qui la COIREC Ltd allouera l’organisation des courses et quelles seront les modalités pour être sélectionné.

Un tout dernier développement est intervenu hier soir avec l’émission d’un communiqué de la COIREC, invitant les organisateurs de courses locaux à soumettre leur candidature pour l’utilisation du Champ-de-Mars comme piste pour des courses, et ce, sous enveloppe scellée au secrétariat de ladite compagnie, Prime Partners, au 3e étage de Medine Mews, Port-Louis, au plus tard le mardi 24 mai à 16h. Autant dire que la MTCSL et la People’s Turf PLC, qui se sont déclarées intéressées jusqu’ici, seront probablement les deux seules sociétés dans les stalles de départ, à moins que la glorieuse incertitude du turf nous réserve une autre surprise…

Revoilà la Côte D’Or Racecourse Ltd

Depuis hier matin, il était question qu’une décision concernant les courses hippiques allait être annoncée à la fin de la réunion du conseil des ministres. Les spéculations les plus farfelues allaient bon train quand est tombée la surprenante nouvelle que le Champ-de-Mars a finalement été confié pour sa gestion et son entretien à la nouvelle compagnie publique, créée il y a trois semaines au sein du ministère des Finances.

Pour rappel, dotée d’un capital de Rs 100 000, la COIREC n’a été incorporée que le 29 avril. Cette nouvelle entité étatique confirme l’intention du gouvernement de faire bouger à terme les courses hippiques du Champ-de-Mars à Côte-d’Or, mais avec la décision de jeudi dernier, cette nouvelle compagnie pourra aussi se faire la main au Champ-de-Mars.

La nouvelle société, sous le contrôle du Grand Argentier, Renganaden Padayachy, regroupe aussi Dev Beekharry, qui siège en tant que Board Member représentant le PMO au sein de la GRA, le régulateur du monde hippique. Par ailleurs, la No 1 de Landscope (Mauritius) Limited, Naila Kishani Hanoomanjee, en fait également partie, alors que les autres membres de cette entreprise, dont le but est le développement de Building Projects for Sale, sont des fonctionnaires, notamment Rajkumar Baungally, Sébastien Diolle, Goolanchund Goburdhun, Kalianee Kautick, Dharamraz Mohabeer et Javed Suhootoorah, avec le secrétariat assuré par la Prime Partners Ltd.

Le moral au plus bas

Avec ce nouveau développement inattendu hier, alors que dans les coulisses on annonçait avec insistance la date du 28 mai pour la reprise des courses, l’incertitude la plus totale continue d’entourer le début de la saison 2022. D’où le moral au plus bas des différents acteurs actuellement au Champ-de-Mars. Finances dans le rouge, trésorerie à sec, dépenses en hausse, accentuées par la récente hausse des prix du carburant et des frais fixes devant être réglés chaque mois, plusieurs écuries sont au bord de l’asphyxie. Jamais dans les annales des courses à Maurice un début de saison n’aura été enveloppé d’un aussi épais brouillard.

Il était écrit que cette saison 2022 allait être maudite avec le projet de nationalisation des courses et l’avènement de la Horse Racing Division (HRD). Ce qui était craint se révèle jour après jour. Entre cacophonie administrative, lois scélérates et guerre d’ego, le turfiste lambda y perd son latin. Pressenti pour débuter le 19 mars, le coup d’envoi a été reporté en pas moins de quatre occasions. Et à ce jour, on ne sait toujours pas quand cette fameuse saison 2022 débutera.

Si le Training se déroule normalement depuis bientôt un mois, autant dire qu’entraîneurs, jockeys, propriétaires et palefreniers sont dans leurs petits souliers et ne savent plus à quel saint se vouer. « La situation est catastrophique. On est tous dans le flou. On ne cesse d’entendre qu’on va débuter depuis plusieurs semaines, mais on ne voit rien venir », se désole Soodesh Seesurun, assistant entraîneur chez Gilbert Rousset.

L’établissement dirigé par Ramapatee Gujadhur, qui est financé de fonds familiaux propres, a préféré se séparer de son jockey australien Peter Knuckey, dont le salaire, selon les bruits de la rue Shakespeare, oscillait autour des 10 000 dollars australiens. Certains établissements ayant connu une saison 2021 difficile parviennent péniblement à joindre les deux bouts, quand bien même ils bénéficient de l’apport financier d’un généreux mécène. Cette situation découle du fait que les coûts ne cessent d’augmenter.

Larg tou souval dan San Mars

Ajouter à cela, le peu de visibilité sur la saison dans sa globalité. Jamais dans l’histoire des courses à Maurice la date d’un début saison aura été toujours inconnue, alors que la plupart des chevaux ont déjà atteint un niveau avancé de préparation. « Les chevaux doivent être prêts pour courir et nous devons les soumettre à la préparation nécessaire. Mais tant que le début de saison se fait attendre, on n’est pas sûr que les chevaux puissent maintenir leur bonne condition pendant tout ce temps. Tout cela complique notre tâche », laisse entendre Soodesh Seesurun. Ce qui pousse certains entraîneurs à réduire le travail de certains pensionnaires, alors que pour d’autres, c’est le Maintenance Work qui est le régime quotidien. Ce dérèglement peut, in fine, être néfaste aux équidés.

L’incertitude par rapport à l’avenir du MTC, organisateur historique des courses à Maurice, et sa subsidiaire, la MTCSL, et tous les derniers développements concernant le bail du Champ-de-Mars sont aussi sources d’appréhensions pour les différents acteurs.
Qui organisera les courses et où se courront-elles si jamais les MTC/MTCSL étaient appelés à disparaître ? se demande-t-on. Quid du projet du nouvel hippodrome et d’un nouvel organisateur des courses, maintenant que les autorités internationales, notamment la Fédération internationale des autorités hippiques (FIAH), ont été alertées de ce qui se passe à Maurice (voir Le Mauricien d’hier) ?
Malgré cet épais brouillard, les différents acteurs continuent à jouer le jeu. Mais pour combien de temps encore ? Même si l’entraînement se déroule normalement, le moral, lui, est au plus bas quant à la suite des événements. Un vent d’optimisme se fait toutefois sentir de temps en temps. « On espère qu’on débutera au plus vite, surtout pour les employés, afin qu’ils puissent percevoir leur salaire. Au cas contraire, ils arrêteront de travailler. Si tel est cas, inn ariv ler pou larg tou souval dan San Mars, less zot manz lerb », conclut Soodesh Seesurun.

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Des palefreniers au ministère du Travail

Les palefreniers veulent faire entendre leur voix. Maillon incontournable de la chaîne, ils comptent faire des représentations au ministère du Travail au sujet de leur situation. Ainsi, on apprend qu’ils ont approché un syndicaliste pour discuter de leurs conditions de travail, surtout que le MTC a informé les différents établissements qu’ils doivent désormais embaucher leurs palefreniers, qui seront des salariés à part entière.

Si la réponse du ministère du Travail n’est pas à la hauteur de leurs attentes, ils envisagent d’entamer une grève de la faim. « La situation n’est pas facile pour nous », a déclaré au Mauricien hier matin Vijay Seetohul, palefrenier à l’entraînement Rameshwar Gujadhur. « Certains d’entre nous ont des dettes à rembourser et n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Nous sommes tous dans le même bateau et nous faisons ce que nous pouvons afin de subvenir aux besoins de nos familles. Nous continuons à nous accrocher, car nous aimons notre travail, mais nous ne savons pas jusqu’où nous pourrons tenir. »


Boolell : « Du jamais vu et sans précédent »

« Nous assistons à une mainmise totalitaire de l’État. Cela remet en cause le droit de propriété. Le gouvernement a créé une compagnie publique, dont un membre siège à la GRA et est supposé être indépendant dans la gestion des courses. Aujourd’hui, ils ont pris le contrôle du Champ-de-Mars et décideront à qui ils accorderont l’organisation des courses. Derrière la façade de faire chuter une citadelle, il y a toute une organisation mafieuse. Il y aura du blanchiment d’argent au vu et au su de tout le monde. Nous avons l’impression qu’il n’y a plus d’Etat de droit. Nous envoyons des signaux contradictoires et la population ne réalise pas l’ampleur de ce problème. »

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