Prix : le feu couve sous la cendre

Le Premier ministre est attendu au pays ce week-end après un séjour d’une semaine en Inde où, au dire des médias indiens, il a reçu un accueil retentissant. Les autorités de l’État du Gujarat ont en effet mis les petits plats dans les grands pour l’accueillir en mobilisant une foule et des artistes sur un parcours de deux kilomètres.

- Publicité -

Sa participation à la cérémonie de la pose de la première pierre de l’OMS Global Center for Traditional Medecine et l’ouverture du Global Ayush Investment and Innovation Summit, aux côtés du Premier ministre indien, Narendra Modi, et du directeur de l’OMS, lui a permis d’avoir une visibilité nationale en Inde. Ce qui est bon pour l’image de Maurice en Inde et pour dissiper la vilaine image de paradis fiscal à laquelle le pays a été associé pendant longtemps. Visiblement, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a déployé tous les efforts pour montrer que Maurice est un partenaire majeur de l’Inde dans sa stratégie géopolitique dans l’océan Indien et dans l’indo-pacifique.

Très peu d’informations ont toutefois transpiré de la rencontre en tête-à-tête qu’ont eue les deux dirigeants. Le Premier ministre indien a indiqué sur Twitter qu’il a été question « d’approfondir davantage la coopération bilatérale entre l’Inde et Maurice dans différents secteurs ». Ils ont aussi discuté du partenariat de développement en cours et de la coopération dans les domaines de la défense, de la sécurité maritime, du renforcement des capacités, des échanges entre les peuples et d’Azadi ka Amrit Mahotsav, c’est-à-dire les manifestations organisées dans le cadre de la célébration du 75e anniversaire de l’indépendance de l’Inde.

Les dirigeants ont également évoqué les progrès du projet Métro Express et la proposition d’un centre d’excellence Ayush à Maurice. Le Premier ministre mauricien a tout simplement indiqué que cette rencontre a permis d’évoquer des sujets d’intérêt commun. « Notre partenariat avec l’Inde est devenu encore plus pertinent dans une conjoncture mondiale bien difficile », a-t-il dit.

À Maurice, cette visite a été éclipsée par la hausse conséquente des prix du gaz ménager et des produits pétroliers. Beaucoup s’étonnent que ces augmentations soient intervenues en l’absence du chef du gouvernement, qui a laissé au Premier ministre par intérim, Steven Obeegadoo, le soin de gérer la situation, qui a frôlé l’explosion sociale avec la manifestation spontanée organisée à Camp-Levieux, Rose-Hill. La nervosité gagne graduellement la population alors que la misère gagne du terrain, comme l’affirme Sylvio Michel dans un entretien au Mauricien. Le Premier ministre sera-t-il à même d’apaiser l’exaspération de la population devant l’érosion de leur pouvoir d’achat à une vitesse vertigineuse ?

Les retombées de sa visite d’une semaine sont attendues avec intérêt dans les milieux politiques et économiques en cette période où les enjeux macroéconomiques sont préoccupants, comme l’a souligné le CEO de Business Mauritius. Est-ce que le Premier ministre indien accepterait que l’Inde accorde un soutien budgétaire à travers des prêts ou des lignes de crédit à des taux favorables ? Est-ce que l’éventualité d’importer des produits pétroliers de l’Inde à un prix avantageux, qui pourrait permettre de réduire les prix actuels, a été évoquée ? La population veut savoir à quoi en fin de compte aura servi ce déplacement en Inde.

Pour leur part, les associations de consommateurs se mobilisent. L’ACIM prévoit une série de manifestations, dont une dans la capitale. Jayen Chellum prévoit une opération casserole avec la participation de femmes afin qu’elles expriment leurs difficultés à nourrir leur famille. Il annonce l’organisation des manifestations locales, qui devront déboucher sur une manifestation nationale.

De son côté, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, réclame des mesures immédiates, comme la distribution de vouchers aux familles les plus vulnérables. Alors que la guerre russo-ukrainienne se poursuit, personne ne peut prévoir comment va évoluer la situation sociale dans un avenir proche. Pour le moment, le feu couve sous la cendre.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -