Cour de Port-Louis – Réactions : Le tapis rouge du CP soulève colère et indignation dans la rue

La décision du commissaire de police, Khemraj Servansing, de se prévaloir des dispositions de la Road Traffic Act pour décréter le périmètre des tribunaux véritable zone interdite en prévision de la présence du ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden, dans le box des accusés en Cour de Port-Louis, soulève tollé et indignation dans la rue. À juste titre, dans une communication officielle adressée au commissaire de police, Me Rama Valayden rappelle que dans le passé « there have been numerous cases of Public Interest before the District Court of Port-Louis (for example cases of Cehl Meeah and Dr Navin Ramgoolam) and never the police resorted to such means to control the free movement of the citizens and free access to Court). Il y a encore les comparutions du Sitting Prime Minister, Pravind Jugnauth, dans le scandale MedPoint. En aucun cas, la police n’avait fait usage de ce « tapis rouge » comme pour le ministre Sawmynaden ce matin.
Entre-temps, la rue proteste contre ce nouvel écart de la police dans le cadre de la Telfair Saga, ébranlant l’Hôtel du Gouvernement, alors que dans le camp des hommes de loi et des politiques, le temps est aux dénonciations.

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Arvin Boolell : « Des mesures
anti-démocratiques de fin de règne »

« C’est une tentative d’un régime politique en fin de règne avec un recours à des mesures qui vont à l’encontre de la démocratie. Cela démontre l’esprit de la partialité en empêchant au public d’être présent. Et c’est ce même gouvernement qui a usé de son Political Arm pour tenter de museler la justice à travers une Public Prosecution Commission. Du jamais vu. On prive les gens de venir devant la Cour quand il s’agit de grands criminels qui comparaissent. On se souvient de la dernière fois le ministre Yogida Sawmynaden avait refusé d’entrer dans le box des accusés. Cette fois aussi il aura droit à un traitement spécial, surtout vis-à-vis des autres personnes qui auraient été en Cour. Je me demande ce que craint la police. Mo espere pa pe gagn lord depi lao… »

XLD : « Enn gouvernman ki pe per popilasion »

« Dans le cas de sir Gaëtan Duval on n’avait pas empêché l’attroupement des Mauriciens. Li paret enn gouvernman ki pe per popilasion. Pe per ki dimounn manifeste. Peut-être qu’ils ont obtenu des informations qu’il y aurait eu un grand rassemblement pour cette comparution et ils ont eu peur. Enn gouvernman ki pe per popilasion. »

Me Rama Valayden : « Pe anpes
dimounn soutenir travay ki pe fer »

« C’est choquant et incroyable. C’est une première dans l’histoire de Maurice. On va me dire qu’il y a précédent dans le cas de sir Gaëtan Duval mais non. Pour lui, c’était changement de venue et il y avait des menaces. Il y a d’autres cas où les gens se sont rassemblés devant les cours de justice. Je me souviens de l’affaire Cehl Meeah. La police avait limité le nombre d’entrées dans la salle d’audience. On n’a pas empêché le public de circuler. La Cour c’est where justice must be seen to be done. Mo sir pou fer tou kalite koustik. Kapav zournalis ki Pass pann renouvle pa pou gagn akse. Ils ne disent même pas pourquoi cette décision a été prise. Pe anpes dimounn vinn montre soutien a lafami ek lekip Avengers ek dimounn demontre zot degou vizavi seki pe arive. »

Me Roshi Bhadain : « Enn minis
pe bizin proteksion kont so pep »

«  Sa ve tou dir kan enn minis Repiblik bizin gagn proteksion kont so pep. Aujourd’hui, on a besoin de bloquer toutes ces rues de Port-Louis et engager de nombreux policiers – ce qui coûte à la population – pour accorder une protection à un ministre qui ne peut faire face au peuple. Cela démontre où le pays est arrivé ces jours-ci et kouma system la anba lao. »

Ivor Tan Yan : « Le régime
Pravind Jugnauth s’affole »

« La justice doit se tenir en public. La police a décidé de bloquer cela. Il est évident que le régime Pravind Jugnauth s’affole et il veut précipiter les Mauriciens vers la violence et des policiers sont en train d’être utilisés pour ses besoins. L’on a vu dans un passé récent le cas des frères Dardenne, celui de Mme Dominique Veerasamy mais on a aussi en mémoire ceux qui étaient venus manifester pour les ministres et qui n’ont jusqu’ici pas été inquiétés. On sombre dans la dictature. Heureusement que la force policière n’est pas acquise dans sa totalité à Pravind Jugnauth. Il n’y a qu’une poignée de Yes Men dans la haute hiérarchie des Casernes centrales. C’est le seul salut des Mauriciens. »

Me Sanjeev Teeluckdharry : « Le public
a le droit de savoir ce qui se passe »

« Au lieu de gaspiller les ressources de la police pour faire ce genre de travail et empêcher la démocratie de fonctionner correctement, la police aurait dû plutôt consacrer son temps à enquêter sur les maints cadavres retrouvés ces derniers temps et pour lesquels il n’y a pas d’explication. La police doit faire son travail comme il le faut. Nous sommes dans un pays démocratique et l’Open Justice doit prévaloir. Le public a le droit de savoir ce qui se passe au tribunal. En contrôlant l’accès, c’est en quelque sorte dire que le public n’a pas le droit d’assister à ce qui se passe en cour. C’est inadmissible dans une démocratie. Justice must not only be done but manifestly seen to be done. Justice is not a cloistered virtue. »

Me Rashad Daureeawoo : « Si pe fer sa
pou X zordi, kifer pa ti fer sa pou Y ? »

« Nous avons là un High Profile Case avec un grand intérêt public. Une personne vient dire qu’elle n’a jamais été employée, qu’il y a un emploi fictif, et je pense que le public se sent concerné et veut savoir la vérité. La question de Public Interest est soulevée. La question qu’on se pose est de savoir si la police a le droit d’interdire l’accès à un endroit spécifique. Oui, la police a le droit, si elle a un Reasonable Ground pour croire que la sécurité sera dérangée par une situation quelconque. Elle peut imposer certaines restrictions. Mais la question que l’on se pose aussi est de savoir que si aujourd’hui la police peut faire cela pour X, pourquoi ne l’a-t-elle pas fait auparavant pour l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam lors de ses comparutions en Cour ? Il avait aussi des supporters et des adversaires, et il avait droit à sa protection. En agissant ainsi, la police peut laisser une impression qu’elle n’est pas tout à fait indépendante. C’est malheureux ! »

Me Sanjay Bhuckory : « Pourquoi
ce Lockdown du trafic routier ? »

« La Police Notice est, contrairement à la pratique, bizarrement silencieuse sur la raison de ce Lockdown du trafic routier. »

Me Neelkanth Dulloo : « La police ne
peut exclure délibérément le public… »

Vu les circonstances de la dernière fois, la colère généralisée de la population et l’opinion publique, pointant un doigt accusateur, la police a agi de façon extrêmement irresponsable du niveau du Law and Order. Nous sommes proches d’une République bananière. Il semble qu’il y ait deux catégories de citoyens à Maurice par la manière de faire des dirigeants. La population ne doit pas se laisser berner par toutes ces discriminations. La République doit fonctionner comme un État de droit. Le Rule of Law doit être respecté à la lettre, tout comme les droits humains.
Il est compréhensible que la police prenne les mesures nécessaires pour empêcher tout débordement, mais il ne faut pas procéder de façon à exclure le public dans une cour de justice, car not only must Justice be done; it must also be seen having been done. Le public doit assister et a le droit d’assister à des procès, sauf pour les audiences “in camera”. La police ne doit pas délibérément exclure des personnes d’une cour de justice. Li pa lakour lerwa-Peto, li enn kour de zistis enn Repiblik. »

Me Rouben Mooroongapillay :
« Enn Leta ki rod kontrol tou zafer ! »

Kan monn trouv sa kominike lapolis-la, pa donn okenn rezon kifer pe blok lakse. Kot lord-la sorti ? Eski CP mem ou bien pli lao ? Lakour li enn lie piblik. Kifer pe rod blok mouvman ? Eski li pou protez kiken ? Nou dan enn Eta kot tou kontrole, pena enn liberte de mouvman ou dekspresyon. Fode pa blie ki kot sa bann akse kontrole pou veikil ek pieton-la ena plizir avoka ki ena zot biro pre kot lakour, e ena boukou dimounn ki vinn asiste lakour. Lapopilasyon bizin reflesi, li kler seki zot pe fer. Bizin zoue le ze democratik. Koumsa zot pe per lakoler lepep ? Kan ena lecours San-de-Mars sime pa bloke koumsa…

Reza Uteem (président du MMM) : « La liberté de circulation et religieuse
est un droit constitutionnel »

La liberté de circulation et religieuse est un droit constitutionnel. On n’a pas le droit de violer ce droit uniquement pour faire plaisir au Premier ministre et à son ministre. Par conséquent, la fermeture d’une artère principale de Port-Louis est révoltante et inacceptable. Aujourd’hui, on se rend compte qu’un ministre du gouvernement est devenu tellement impopulaire que non seulement il doit se faire escorter, mais il faut désormais fermer la route pour se déplacer de peur qu’il soit lynché par le public. D’autre part, je considère inacceptable de fermer une artère principale. Ce qui non seulement perturbe la circulation dans une région névralgique de la capitale mais empêche aussi ceux qui veulent se rendre à la cathédrale pour se recueillir de le faire en toute liberté. Cela montre que la police est dépassée par les événements, ne peut pas contrôler la situation et doit recourir à des moyens répressifs. Cela constitue un grand danger pour la démocratie. Qui a donné ce droit à la police, si ce n’est le Premier ministre lui-même. La police est devenue le complice du gouvernement.

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