Le massepain

— Alors raconte, comment c’était ton vol sur Air Mauritius pour l’Australie ?

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— A l’aller c’était une horreur, toi. Au retour je dois dire que c’était pas le top, mais nettement mieux.

— Qu’est-ce qui s’est passé comme ça sur le vol Maurice-Melbourne ?

— C’est pas un vol Maurice-Melbourne, mais un vol Maurice-Perth-Melbourne. A Perth, il faut que tu changes d’avion.

— C’est là qu’il faut que tu débarques pour rembarquer après, avec tes bagages ?

— Oui et non, les bagages vont directement dans l’autre avion qui va sur Melbourne. Mais les passagers doivent faire les formalités de débarquement et d’embarquement puisqu’ils quittent un vol international et vont prendre un vol domestique.

— Mais pourquoi il n’y a plus de vol direct Maurice-Melbourne comme avant ?

— Ça, il faut aller le demander à la direction d’Air Mauritius. Il paraît que c’est pour faire des économies.

— Alors, dis-moi comment s’est passé ton vol Maurice-Perth alors.

— Aio, qu’est-ce que je vais te dire ? Comme c’était un vol de nuit, j’avais dîné à la maison, et pourtant un bon manger, je te dis. Je me suis dit que j’allais prendre un apéro et dîner dans l’avion avant de dormir. Sauf que quand on a embarqué à 10 heures passées et que je mourrais de faim, il n’y avait pas d’apéro.

— Pourquoi ? Air Mauritius avait oublié d’embarquer les boissons comme elle avait oublié d’embarquer la flamme des JIOI pour Rodrigues ?

— Ça, je ne peux pas te le dire. On s’est installé et on a décollé et j’attendais qu’on passe le chariot des drinks pour l’apéro quand le steward est arrivé avec le plateau-repas à la main en disant fish or chicken ?

—  Il n’y avait pas de chariot ?

— Ils ne l’ont pas utilisé tout de suite. Ils ont servi les plateaux-repas à la main, comme quand tu vas dans un snack. C’est quand on avait fini de manger qu’ils ont passé le vin sur le chariot.

— Mais pourquoi ?

— Aio, ma chère, je crois qu’Air Mauritius fait ça pour faire des économies après toutes les pertes qu’elle a subies. A moins d’être un soûlard qui va demander du vin après avoir dîné. C’est toujours ça de gagner pour la compagnie.

— Tu n’as pas protesté ?

— Mais bien sûr que j’ai protesté. Mais le steward m’a dit, d’un ton désolé qu’il ne faisait que suivre les directives et que l’équipage ne pouvait rien, sinon recevoir les critiques des passagers sans rien dire. L’équipage n’ose plus parler, je te dis. C’était pareil pour l’affaire des écouteurs.

— Quelle affaire d’écouteurs encore ?

— Figure-toi qu’en entrant dans l’avion, j’ai découvert qu’on n’entendait pas bien avec les écouteurs. J’ai appelé le steward qui m’a dit, en confidence, que le problème venait de la sonorisation de l’appareil, il s’est excusé et m’a dit qu’il ne pouvait rien faire.

— Tu n’as pas regardé de films pendant le voyage alors ?

— Je n’ai pas pu parce que le son était médiocre. Mais j’ai regardé un film qu’on pouvait voir sans écouter le son.

— Ah bon, ils ont des films pour mal entendants à bord maintenant ?

— Mais non j’ai regardé  « Serenity ».

— C’est quoi ça ?

— Tu ne sais pas ? C’est le film que les Américains ont tourné à Maurice et qui a eu des dizaines de millions pour faire de la pub pour le pays.

— Et alors ?

— Je me demande comment on peut faire de la pub pour un pays alors qu’il n’est pas cité une seule fois dans le film.

— Tu as compris ça sans entendre le son du film ?

— Tu sais un navet au cinéma, ça se reconnaît de loin. Avec ou sans son. Et crois-moi, ce « Serenity » là est un mari navet.

— Aio,tu es terrible même toi. Pourquoi tu m’as dit que les équipages d’Air Mauritius n’osent plus parler librement ?

— Parce qu’ils savent qu’ils sont surveillés depuis l’affaire Facebook.

— Quelle affaire Facebook encore ?

— Tu n’es pas au courant ? Dans la cadre de la politique d’austérité, ils ont changé d’hôtel pour les équipages en France. L’hôtel choisi par la direction était tellement minable que certains membres d’équipage ont fait des critiques sur Facebook avec des photos.

— Ils ont bien fait de protester.

— Sauf qu’ils ont été convoqués par la direction pour donner des explications. Ils n’ont pas le droit de critiquer ou de se plaindre sinon il y aura des sanctions contre eux. Ça même personne ne cause.

— On les fait payer pour les gros “paltos” qui voyagent aux frais de la princesse et en business class. A part ça, le vol s’est bien passé.

—  Ah non ! Il y a eu le massepain.

— Quel massepain encore ?

— Figure-toi que pour le petit-déjeuner en arrivant à Perth avant d’attaquer la journée, le débarquement et le rembarquement, on a eu droit comme petit-déjeuner à une viennoiserie et un massepain.

— Un massepain ?

— Oui, toi. Tu sais les massepains enveloppés dans un sac plastic, comme ceux qu’on sert dans les mariages-là.

— Ne me dis pas. Ça même que vous avez eu comme petit-déjeuner. Tu n’as pas protesté ?

— Avant même que j’aie ouvert la bouche, le steward m’a dit qu’il ne faisait que suivre les directives de la direction et servait ce qu’on lui donnait à servir aux passagers.

 

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