Naufrage du Sir Gaëtan – Le chef du port Gervais Barbeau : « Captain Bheenick told me that everything was under control »

En dépit de l’absence d’un certificat de navigation, le témoin maintient que le remorqueur était "sea worthy"

Après le témoignage de l’adjoint-chef de la Mauritius Ports Authority (MPA) Kavidev Newoor la semaine dernière, c’était au tour du chef Gervais Barbeau de répondre vendredi aux questions du panel de la Court of Investigation instituée pour faire la lumière sur le naufrage du Sir Gaëtan. Gervais Barbeau a été cuisiné sur la teneur des échanges téléphoniques qu’il a eus avec le défunt capitaine Bheenick quelques heures avant le drame. « Je n’ai jamais ordonné au capitaine de poursuivre l’opération de remorquage. He told me that everything was under control. So i told him to see for yourself if you want to continue », a fait ressortir le N°1 de la MPA, qui a été soumis à un feu roulant de questions sur l’absence du certificat de navigation pour le Sir Gaëtan. S’appuyant sur la Merchant Shipping Act, Gervais Barbeau a déclaré qu’ « il n’est pas nécessaire qu’un remorqueur soit obligatoirement classifié pour naviguer dans nos eaux territoriales. »

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Le N°2 de la MPA, Kavidev Newoor, avait réfuté avoir ordonné au capitaine Bheenick de continuer l’opération du remorquage de la barge L’Ami Constant lors de son témoignage. Le chef Gervais Barbeau a également tenté de se dédouaner dans cette affaire. « J’ai longuement parlé au capitaine Bheenick. J’ai d’ailleurs insisté pour qu’il prenne une décision en son âme et conscience après qu’il m’a annoncé la nouvelle de la collision entre le remorqueur et la barge L’Ami Constant », a soutenu le témoin, qui avait auparavant confirmé sa présence au bureau de la MPA vers 14h le 31 août 2020, jour du naufrage. « À quelle heure avez-vous été informé des difficultés rencontrées par les marins ? » lui a demandé l’assesseur Mahendra Babooa. Ce à quoi Gervais Barbeau a répondu que « j’ai été mis au parfum à 19h30. Je me suis alors rendu directement à Poudre D’Or, où j’ai appelé la NCG. »

Le président de la cour, l’ancien juge Gérard Angoh, a alors demandé à Gervais Barbeau si en son absence son adjoint Kavidev Newoor et le capitaine Dowlut, également bien placé dans la hiérarchie du port, pouvaient prendre des décisions. Ce à quoi il a répondu que « yes they can, but let me remind you that as chiefs, we are always on duty even if we are on holiday. » Gervais Barbeau va plus loin dans son analyse en affirmant que « mon adjoint Neewoor a insisté pour être impliqué dans les décisions à prendre avant et après le naufrage. »

« Et quid des procédures lorsque les conditions climatiques sont mauvaises ? » lui a demandé Me Yogeshwaree, du conseil d’État ? En réponse, Gervais Barbeau a avancé que « c’est bien moi qui décide de déployer un navire ou pas lorsque le temps est inclément. De quelles conditions climatiques parlez-vous néanmoins ? » Me Yogeshwaree a été on ne peut plus explicite en confrontant le témoin à l’état de la mer le jour du naufrage en se basant sur les données de la station météorologique qui indiquait des vagues de trois à quatre mètres. « These are not abnormal conditions. J’aurais certainement dit le contraire si la météo indiquait des vagues de six ou sept mètres », a soutenu Gervais Barbeau. « Even for a small tug like the Sir Gaëtan ? » a renchéri le juge Angoh. Le témoin a répondu par l’affirmative : « The skipper should be able to identify in this case a better way or route to arrive at their destination. C’est juste une question d’expérience. »

Le panel a confronté Gervais Barbeau à un rapport faisant état de l’urgence d’acheter de nouveaux remorqueurs et de soumettre le Sir Gaëtan à un entretien. « Oui, j’étais au courant et les procédures d’appels d’offres avaient déjà été peaufinées pour l’achat d’autres remorqueurs », a avancé le N°1 de la MPA, qui a maintenu à plusieurs reprises lors de l’audience que le Sir Gaëtan était apte à naviguer en dépit du fait qu’il n’était pas classifié. « D’après la Merchant Shipping Act, il n’est pas nécessaire qu’un remorqueur soit obligatoirement classifié pour naviguer dans nos eaux territoriales. »

Le juge Angoh et l’assesseur Mahendra Babooa sont revenus à la charge sur un autre volet des safety issues : « Saviez-vous que certains équipements, dont le GPS de navigation et l’échosondeur, étaient expirés ? » Gervais Barbeau a dit être au courant, mais insiste sur le fait que « expiré ne veut dire que les équipements étaient en mauvais état. » Ce qui n’était pas du goût de l’ancien juge qui lui a rappelé ceci : « N’oubliez pas que les hélicoptères ont eu toutes les peines du monde pour localiser le remorqueur ! »

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