Un début de sursaut

Un début de sursaut, de part et d’autre, à l’approche des échéances? Peut-être. Que le directeur des poursuites publiques ait publiquement recadré un Premier ministre qui aime, bien maladroitement, il est vrai, jouer avec les faits, les chiffres et même les photos, pour essayer de les présenter à son avantage, est extrêmement salutaire. Même si la démarche n’a rien de bien surprenant.

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Le bureau du DPP est le dernier carré où la résistance s’est organisée avec constance et courage, depuis l’arrivée de l’ogre affamé du MSM en 2014, pour contenir les velléités de se voir transformer, comme la plupart des institutions, en agence servile à la solde du pouvoir.

Après l’épisode du «jugement bancal» décrété par le Premier ministre et le «evil precedent» de son nominé politique aux fonctions de commissaire de police dans l’affaire Laurette, c’est normal que Rashid Amine veille au respect et à l’intégrité de son bureau. Il était, en effet, indispensable de remettre les pendules à l’heure et ne pas laisser dire des contre-vérités à l’Assemblée Nationale.

Le DPP qui réagit et le Commissaire Electoral qui reçoit deux anciens Premier ministres et un ancien vice-Premier ministre pour discuter de l’amélioration des conditions d’organisation des élections, le cours normal des choses en démocratie commence, on dirait, à se remettre en place.

Le document produit par les trois partis de l’opposition est intéressant dans le sens que, s’il est mis en pratique, il peut contribuer à redonner confiance dans un système qui a été mis à mal ces dernières années.

Même si tout ne dépend pas de la Commission Electorale, des amendements à plusieurs textes étant nécessaires, il est rassurant que  Irfan Rahman n’ait pas tardé à accorder un rendez-aux auteurs du document et, mieux, qu’il ait été très attentif à leurs explications.

Le début de sursaut a sans doute gagné également la police, pas dans son entièreté mais dans la conduite de certains de ses officiers qui ont encore un peu de décence. Après le crime odieux du propriétaire du magasin de la région de La Butte, la police, consciente que ce genre de faits provoque un vif émoi au sein de la population, a vite fait d’appréhender des suspects.

Dans ce cas-là, les enquêteurs n’ont pas fait comme leurs collègues de Terre Rouge. Ils n’ont pas obtenu les aveux du premier prévenu sous la torture. Ils se sont plutôt employés à rechercher le véritable auteur du crime, l’ont retrouvé et ont finalement laisser partir celui qui a été mis hors de cause au lieu d’aller chercher des arguments frivoles pour le laisser croupir en détention préventive.

Le sursaut, on ne devrait, par contre pas le trouver dans le champ politique de si tôt malgré les formations, présentées comme nouvelle mais, en fait, recomposées et rebaptisées qui poussent comme des champignons.

Si elles essayent de porter un discours différent, le passé pas si lointain et si peu reluisant de leurs dirigeants les rattrape de manière éloquente. Ainsi on ne sait pas si le Reform Party a, de nouveau, sollicité son assemblée de délégués pour ratifier ses nouvelles orientations après qu’elle a massivement voté en juillet 2022 pour que le parti aille seul ou avec un nouveau parti et que son leader soit présenté comme Premier ministre.

Une nouvelle alliance a, vendredi, été annoncée: celle unissant le RP de Roshi Bhadain et le En Avant Moris de Patrick Belcourt. Pas de nom encore pour cette nouvelles alliance mais l’ambition affichée,  c’est d’essayer de se retrouver à l’Assemblée Nationale.

L’un au no 20, après avoir été rejeté à Belle Rose/Quatre Bornes, pour tenter de retourner au Parlement après avoir amèrement regretté sa démission sur un coup de tête et, l’autre, pour essayer de se faufiler au no 19 où, privé d’un ticket d’un parti, dit traditionnel, qui avait préféré une femme candidate, s’était présenté sous la bannière d’un attelage hétéroclite baptisé Lalians Lespwar et qui s’était classé très loin derrière les vainqueurs.

Situation non moins singulière pour une autre nouvelle alliance de l’opposition qui va s’afficher demain à l’occasion de la célébration de la fête des travailleurs, Linion Pep Morisien et le Rassemblement Mauricien de Nando Bodha. Animés par des crypto-dinosaures, ils ne sont pas à une contradiction près. Après l’épisode du divorce public et en direct avec Bruneau Laurette. Le LPM, au sein duquel on retrouve d’anciens élus qui rêvent de retrouver un siège à l’Assemblée Nationale et de nombreux aspirants députés, avait, lui aussi, enfourché le cheval de bataille de la démission des députés de l’opposition.

Maintenant que Nando Bodha se retrouve sur sa plate-forme, ce serait l’occasion idéale de passer à la concrétisation de ce souhait et demander à l’ancien secrétaire général du MSM de démissionner. Pour montrer que les paroles ont un sens et que tout n’est pas que posture et conjoncture.

Comme, à l’approche des échéances, vient le temps des positionnements et des clarifications, il faut désormais attendre l’autre formation de l’opposition, celle de One Moris de Sherry Singh et de Bruneau Laurette, tous les deux empêtrés dans leurs déboires policiers et judiciaires respectifs.

En démocratie, on devra se réjouir d’une telle offre politique et d’un choix aussi divers et varié comme on ne l’a sans doute jamais vu depuis l’indépendance mais le système électoral étant ce qu’il est, à la fin de la journée, ce sont les mêmes qui iront occuper l’hôtel du gouvernement. Le rôle ultime des outsiders étant de jouer les trouble-fêtes dans quelques circonscriptions.

Ce bon peuple mauricien, finalement si conservateur et qui redoute les aventures, fera probablement comme il a toujours fait. Il y aura soit un vote clair d’adhésion qui produit des majorités de trois quarts soit il optera, comme souvent, pour ce qui parait le moins pire. Tant qu’il n’y aura pas de réforme du système électoral, ce sera encore et toujours «the devil you know». Faudra encore repasser.

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