Rivière-Noire : une enveloppe de Rs 100 M réclamée pour le réasphaltage des routes

Le nombre de terrains en friche dans l’Ouest du pays, et plus particulièrement dans la région de Flic-en-Flac, suscite de plus en plus l’inquiétude. « Les nouveaux riches font l’acquisition de terrains comme moyen d’investissement. Alors qu’il ne reste pas beaucoup de plages publiques à Maurice, l’occupation et l’appropriation se poursuivent pourtant, avec des projets plus ou moins autorisés, comme à Flic-en-Flac, à Albion ou encore à Rivière-Noire, où l’on trouve de plus en plus de terrains vagues », explique Veenabye Jeewajee, présidente du conseil de district de Rivière-Noire.

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Aussi, cette dernière a décidé de prendre le problème à bras-le-corps. « Tout récemment, j’ai demandé un budget de Rs 100 millions pour le réasphaltage des routes ainsi que le nettoyage de terrains à Bambous. La situation à Bambous mérite en effet d’être prise très au sérieux. Au cas contraire, la situation pourrait s’aggraver », dit-elle. Non sans rappeler avoir demandé aux habitants de nettoyer leurs terrains, et qu’environ 900 familles y ont réagi favorablement. « Nou fer zot konpran ki nou pou bizin pran aksion si zot pa reazir », prévient-elle.

Un ex-haut cadre de la municipalité de Beau-Bassin/Rose-Hill, venu habiter Flic-en-Flac il y a une dizaine d’années, explique à Le-Mauricien que la mairie avait déjà vainement tenté de régler le problème des terrains abandonnés, précisant que des officiers avaient même essayé de dresser des amendes aux propriétaires… « Mais ces actions n’ont pas été suffisantes », poursuit cette source. Tout en insistant sur le fait que « les collectivités locales manquent de personnel et de moyens ».

En avril de l’année dernière, le conseil de district de Rivière-Noire a donc dû hausser le ton en avertissant les propriétaires et héritiers de terrains vagues, ainsi que ceux bénéficiant de droits sur ces terrains, ont la responsabilité de les nettoyer et les clôturer. Ce faisant, un délai de 15 jours leur était accordé, et ce, en vertu de l’article 61 de la Local Government Act, dans sa version amendée. Objectif : diminuer la prolifération de rats et de moustiques, vecteurs de maladies. Etaient également pointés du doigt les dépôts sauvages d’ordures ainsi que les véhicules et carcasses abandonnés sur ces terrains.

Passé 15 jours, avait alors souligné le conseil, tout contrevenant était passible d’une amende maximum de Rs 25 000. En outre, en vertu des articles 61(9) et (10) de la loi, le conseil de district peut procéder au nettoyage des terrains représentant un danger pour la santé et la sécurité des citoyens. Et dont les frais sont encourus par les propriétaires

Cet exercice a-t-il porté ses fruits ? Pour le savoir, Le-Mauricien a sollicité jeudi matin Veenabye Jeewajee, afin de connaître le nombre de contraventions qui ont été dressées à cet effet depuis avril 2023. Ce à quoi la principale intéressée a répondu que tous les chiffres n’avaient pas encore été compilés.

Un ancien conseiller du village de Flic-en-Flac est, lui, d’avis que le problème des terrains vagues résulte de la spéculation foncière. « Beaucoup de Mauriciens partis travailler à l’étranger ont acheté des terrains à Maurice dans l’espoir de pouvoir les revendre plus tard au prix fort », dit-il.

Un haut cadre du conseil de district de Rivière-Noire estime pour sa part que les autorités ne réagissent pas comme il faut. Il indique ainsi l’article 51 de la Local Government Act les autorise à agir. « Le dispositif légal est là mais il n’y a pas de volonté politique. La solution est à portée de main, mais rien. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui » , concède-t-il.

Les villageois éprouvent cependant d’autres problèmes. L’un d’eux, concernant les résidents de la rue Cigogne, à Flic-en-Flac, est le « désordre organisé par des employés travaillant sous contrat pour un service de voirie ». Ainsi, disent-ils, le 28 décembre dernier, ces employés avaient élagué des arbres avant d’abandonner les branches sur place, en bordure de route. Pire : des branches ont même obstrué les canaux avoisinants. « Erezman pa finn gagn gro lapli, sa ti kapav provok inondasion dan sa lari-la », fait remarquer Jayen, qui a acheté un appartement dans cette même rue il y a trois ans.

 

TÉMOIGNAGE – Jayen : « Mo lavi inn vinn enn lanfer »

Jayen a travaillé comme soudeur sur une sucrerie de l’Ouest jusqu’en 2005, où il a quitté Maurice pour partir en Tanzanie. Dix ans plus tard, il est revenu au pays, dans l’espoir d’y mener une vie paisible. C’est tout le contraire qui arrivera.

« Mo lavi inn vinn enn lanfer », dit-il. Ainsi, selon lui, des voisins viennent jeter leurs ordures sur un terrain vague jouxtant sa maison « Comme le terrain est inoccupé, cela attire les chiens errants, qui viennent chercher de la nourriture dans les ordures. La situation se complique de jour en jour », faut-il comprendre.

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