COVID-19 | Mercantilisme caractérisé — Consommateurs assommés avec des prix à la hausse

– Mood à la sortie des supermarchés : « Fatige fer lake me pa kone ki pou aste telma pri inn monte ! »

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– Le ministère du Commerce face à 120 commerçants verbalisés hier menace avec la révocation des permis

Après un premier round d’urgence des étagères des supermarchés et autres commerces au détail en fin de semaine dernière, suivant la formule d’ordre alphabétique, les consommateurs sentent en ce début de semaine que les prix des denrées alimentaires ont pris l’ascenseur comme par un tour de magie. Les produits de base et de première nécessité jouent même aux abonnés absents sur leurs rayons habituels. Et ce n’est nullement un hasard si ce commentaire d’une mère de famille à la sortie d’un supermarché à la mi-journée d’hier résume le mood du consommateur. « Inn fatige fer lake e letan rantr dan sipermarse, nepli kone ki pou aste, telma pri inn monte », devait-elle lâcher.

Face à cette tendance au mercantilisme caractérisé, le ministère du Commerce, qui annonce quelque 120 commerçants verbalisés dans la journée d’hier, brandit la menace de l’enlèvement des permis des commerçants. Rodrigues n’a pas été épargnée de ces pratiques commerciales abusives alors que la Rodrigues Trade and Marketing Co Ltd (RTMC) a été appelée à la rescousse pour protéger les consommateurs de l’île. Les prix majorés à la hausse sont davantage plus visibles sur les légumes dans les grandes surfaces. A titre d’exemple, deux chouchous emballés dans un sac en plastique avec une étiquette de Rs 60. Là-bas, six petites carottes, nullement à voir avec les produits bio, sont au même prix dans cette grande surface bien fréquentée des Plaines-Wilhems.

Dans l’est du pays, la mercuriale n’est guère différente. Le constat : la courgette à Rs 135, le chou à Rs 142.88 l’unité, les carottes à Rs 225 le kilo ou encore trois chouchous emballés (environ trois livres) pour Rs 261,63. Prix plus cher qu’une bonbonne de gaz de 12 kg. Aux rayons des autres produits ménagers, les prix ont également pris l’ascenseur de manière sournoise alors que d’autres produits de base, comme la farine, brillent par leur absence. Cela en dépit des assurances officielles. Le Top Chrono de 30 minutes dans les rayons des supermarchés ne permet d’établir l’envergure des prix majorés. Mais attention tout se paie cash à la caisse avant de partir. Mais maintenant, il faudra comprendre que les habitudes des marques de produits privilégiés sont sur le point d’être révolues, car ces produits ne sont plus nécessairement disponibles.

Par ailleurs, face aux prix exorbitants pratiqués par certains commerces pour ce qui est des produits alimentaires, le ministère du Commerce a décidé de passer à l’action. En effet, quelque 120 commerçants, en particulier des boutiques et supermarchés, ont été verbalisés en ce début de semaine pour le délit de non-affichage de prix et de prix jugés exorbitants. De son côté, Zouberr Joomaye a parlé hier soir de 300 contraventions. Depuis le début de la période de confinement, 260 commerces ont reçu la visite d’inspecteurs du ministère du Commerce. Si la situation persiste, prévient le ministère, il envisage de révoquer les permis de certains de ces commerces pour infraction aux dispositions de la Fair Trading Act.

Le ministère du Commerce est d’avis que le pays est en train de passer par une mauvaise passe et que « ce n’est pas le moment pour les commerçants de profiter de la souffrance de la population pour faire des profits ». Il invite donc les commerçants à jouer le jeu car toutes les boutiques ont l’occasion de travailler durant cette période de confinement alors que d’autres secteurs économiques sont à l’arrêt.

Le ministère dénonce aussi la pénurie artificielle aux dépens des consommateurs à payer plus cher que d’habitude. La collaboration de la police est sollicitée pour un meilleur contrôle de la situation. « Nous serons sans pitié », déclare le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden. En ce qui concerne les marchands de légumes, qui opèrent en bordure de routes, le ministère estime que cette pratique est « illégale ». Cependant, compte tenu du contexte découlant de la pandémie de COVID-19, une dérogation est accordée. « Mais il est obligatoire d’afficher les prix et ils doivent aussi opérer dans le respect des dispositions de la Fair Trading Act », a-t-il insisté.

Lors des visites des inspecteurs sur le terrain, il a été constaté que les commerçants vendaient la pomme de terre et l’oignon à des prix exagérés et supérieurs à ceux fixés officiellement. Le ministère invite la population à dénoncer ces pratiques auprès de la Consumer Affairs Unit. De leur côté, des planteurs de légumes dénoncent les intermédiaires, qui font la pluie et le beau temps sur le marché avec des prix au détail nettement plus élevés et une marge de profits exagérés. Par exemple, le prix des aubergines, dont bénéficient les planteurs, se situe dans la fourchette de Rs 35 à Rs 60 le demi-kilo. Le prix de revente est de Rs 150 le demi-kilo. Les carottes sont achetées à Rs 20 et Rs 40 pour être offertes aux consommateurs à plus de Rs 100 la livre. Le chou est acheté entre Rs 25 et Rs 70 la pièce et elle est revendue à Rs 142 (voir tableau plus loin).

De son côté, Jayen Chellum dénonce les prix exorbitants pratiqués par les commerçants en ce moment. Il réclame un contrôle plus strict des autorités concernées. « Dans le monde entier, on est en train de se battre contre le ‘price gouging’. On ne peut rester les bras croisés ici. Il faut appliquer un prix contrôlé sur les produits de première nécessité. Nous sommes dans une situation de guerre ; on ne peut laisser certains commerçants venir profiter de la situation. »

 

Hors-texte

Prix de vente approximatifs des planteurs

Ananas : entre Rs 10 et Rs 25 l’unité

Aubergines : entre Rs 35 et Rs 60 la livre

Calebasse : entre Rs 20 et Rs 40 la livre

Chou vert : entre Rs 25 et Rs 70 l’unité

Concombre blanc-local : Rs 10 à Rs 30 l’unité

Lalo : entre Rs 25 et Rs 60 la livre

Giraumon : entre Rs 15 et Rs 25 la livre

Margoze : entre Rs 35 et Rs 50 la livre

Pipengaille : entre Rs 20 et Rs 35 la livre

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