Des élections anticipées vous surprendraient-elles ?

IVOR TAN YAN

- Publicité -

Il flotte dans l’air comme un parfum d’élections anticipées. Allez-vous y participer ? Rien n’est moins sûr car le récent scrutin n’a pas fait sortir des urnes autre chose que la même chose. Comme lors des précédentes législatives, celle de 2014 a accouché d’une fabrique à scandales. Un pouvoir qui n’entend pas, ne voit pas et ne commente pas les affaires en cour; cela les arrange bien, surtout que du Premier au dernier des ‘sinistres’, ils traînent des casseroles. Alors comment avoir envie d’user de son droit de vote, si c’est pour ensuite s’entendre dire que nous avons les dirigeants que nous méritons. Est-ce bien la peine ?

Moins d’un an après les élections de 2014 Mr PRB réclamait déjà des élections anticipées et il clamait haut et fort que le MMM se présenterait seul aux prochaines élections ; à ce jour je ne suis pas convaincu que le grand frère du MSM s’aventurera tout seul devant les électeurs. C’est en tout cas ce qui est actuellement vendu aux militants qui ont encore de l’espoir.

Au PTr, le poids des millions que contenaient des coffres du Dr Navin Ramgoolam (NCR) ralentit lourdement la campagne qui a commencé avec le retour aux affaires du Dr Arvin Boolell (AB) et qui patauge parce que, mis à part les ‘die hard’, le Dr NCR n’a pas retrouvé le soutien nécessaire pour propulser le parti dans une zone de respectabilité. Aujourd’hui, il existe dans la conscience collective quelque chose qui dérange avec ce trésor mis au jour…

Au début de l’année 2019 tombera la décision du Privy Council concernant notre PM dans l’affaire MedPoint. A partir de là, il peut être innocenté et, s’appuyant sur cette légitimité nouvellement acquise par le biais de la justice, notre PM peut dissoudre l’assemblée dans les mois qui suivent. Il aurait ainsi de grandes chances de l’emporter car le PTr pourrait ne toujours pas être en mesure de reconquérir son électorat. Pour sa part, le MMM pourrait volontiers accepter de s’allier à un Pravind Jugnauth (PJ) qui serait alors parvenu à se refaire une virginité… Après sa cuisante défaite dans la circonscription No. 18, il est peu probable que le parti du coq fasse une nouvelle tentative en solo comme tel serait le cas pour d’autres partis mainstream. Il s’accrocherait à la locomotive sans charbon qu’est le parti travailliste.

La deuxième hypothèse serait que PJ perde son affaire devant le Privy Council et là il devra d’autant plus dissoudre l’assemblée et appeler des élections générales ; on est en droit de se poser la question de savoir si le MSM de Pravind Jugnauth n’imputera pas la responsabilité de sa situation dans ce cas de figure au DPP.

Souvenons-nous que son père avait fait une sortie en règle contre le jugement rendu contre PJ. Rappelons-nous également la tentative du ministre de la Justice, Ravi Yerrigadoo, de mettre le Bureau du DPP sous « tutelle ».

Il n’est donc pas impensable qu’un certain clan lance une campagne contre le judiciaire avec le soutien de certains avocats qu’ils ont nourris à grands frais avec des « retaining fees » et « legal fees » grassement payés avec l’argent du contribuable par les corps para-étatiques et les compagnies d’Etat. Des avocats du State Law Office ne sont-ils pas payés par ces compagnies alors qu’ils reçoivent un salaire et qu’ils sont au service de l’Etat? Je suis convaincu que ce gouvernement n’aura pas de mal à vendre l’idée qu’il est temps de se défaire du Privy Council, reliquat de l’ère coloniale, qui n’est pas accessible au contribuable moyen ; il faut compter au moins Rs 500 000 pour loger une affaire devant le « Privy Council ».

Soyez également conscient que le MSM au pouvoir « laboure » déjà le terrain comme l’a si bien dit le ‘sinistre’ des sports. N’est-ce pas le signe avant-coureur d’éventuelles élections anticipées ?

Nous avons à Maurice et à l’étranger des Mauriciens compétents, talentueux, honnêtes, qui nourrissent un profond désir de voir émerger une alternative politique. Il n’y a pas d’autres solutions, nous devons nous unir, nous devons nous mobiliser et offrir notre temps et notre énergie aux plateformes qui œuvrent pour proposer autre chose politiquement.

Pour qui voter est devenu un casse-tête telle que certains pourraient préférer voter à l’aveugle pour ne pas se sentir coupable d’avoir encore une fois envoyé des ‘fatras’, qui n’ont jamais vu de baleine à Maurice, dans des fauteuils de ministre.  Il ne nous reste que très peu de temps. Si d’ici le mois de décembre 2018, il n’a pas été possible de rassembler 60 candidats entourés chacun par au moins 10 collaborateurs, les chances de pouvoir proposer une alternative politique crédible s’amenuiseront. Et nous aurons encore des ministres capables de renier leur dignité et celle de nos ancêtres en se proclamant esclave du Premier ministre du jour.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour