GENDER LINKS : Symposium sur la place de la femme en politique

L’Ong Gender Links a convié les femmes à une plateforme de dialogue à la municipalité de Quatre-Bornes mercredi dernier afin de donner la parole à différents partis concernant la sous-représentativité des femmes en politique. Plusieurs questions ont été soulevées, notamment la place qui sera accordée aux femmes dans le manifeste électoral des partis politiques, les obstacles rencontrés par les leaders de partis pour désigner des candidates aux prochaines élections, la réticence des femmes à négocier et faire entendre leur voix, le rôle d’une aile féminine et le manque d’argent qui découragerait les femmes à faire campagne.
Loga Virahsawmy est catégorique : lors des élections de 2012, les femmes ont remporté 36% des sièges dans les conseils municipaux et 26% des sièges dans les conseils de villages. La municipalité de Quatre-Bornes est passée de 17% à 53% de conseillères alors que la municipalité de Curepipe, elle, est passée de 4% à 47%. Toutefois, l’Assemblée nationale est constituée de 18,8% de femmes, plaçant Maurice à la 6e place au niveau de la Southern African Development Community (SADC). Seules 8% de femmes siègent au Conseil des ministres. « Nou onte de sa bann sif la. Ban Ong e ban madam bizin deside ki zot pou fer. Ban madam konn problem sak lakaz. Nou dir bizin ki sak parti politik asir zot ki ena enn minimum 33% madam e nou oule ki politisien met dan zot program elektoral ki pou fer pou madame », déclare-t-elle.
Des différents candidats des grandes alliances invités, seule Malini Seewoksing, candidate du PMSD dans la circonscription No 17 (Curepipe/Midlands), avait répondu à l’appel. « Le cheval de bataille du PMSD est de mettre les femmes en avant au niveau de la politique », devait-elle déclarer. Pour elle, la femme doit d’abord croire en ses propres capacités et il serait dès lors impératif d’encourager son développement. « Nous avons déjà un programme Women back to work pour encourager les femmes à reprendre le chemin du travail et assurer sa propre autonomie. La violence domestique est un sujet délicat et il est temps que chaque femme ait un droit égal et sache dire non à la violence. »
Roshni Mooneeram, d’Ensam Nou Kapav, devait pour sa part indiquer que son parti avait pris naissance dans la rupture. « On a besoin d’une vraie politique de proximité. Il ne faut plus s’attarder à dénigrer une femme ou à faire division pour mieux régner. Ensam, avec un E, représente un “empowerment” de la femme. La femme doit comprendre qu’elle est une actrice de sa propre vie. Il est important d’avoir des femmes au Parlement et encore plus important qu’elles aspirent à devenir des leaders de notre pays. » Elle dit avoir noté la grogne chez des femmes issues de poches de pauvreté. « La politique doit se pratiquer autrement, il faut avoir cette proximité avec les gens. Il faut arrêter ce système patriarcal. Madam osi kapav kree lavenir en pei. »
Shakuntala Boolell, conseillère à la municipalité de Quatre-Bornes, a parlé du développement de la jeunesse. « Zordi zen fiy pas kapon, zot pa per lor ler ki zot pe sorti ou rantre. La femme mauricienne est aujourd’hui apte à prendre la parole et à prendre ses propres décisions. Les femmes ne sont plus “des poupées sans cervelle”. Elles ont démontré leur intelligence et leur potentiel. Valer fam bizin rekonett dan pei pou ki zom ek fam kapav travay ensam. On a eu une femme Présidente de la République et d’autres femmes ministres. Les femmes ont leur mot à dire en politique. »
Quid du quota ethnique ?
Mala Chetty a voulu savoir comment établir un équilibre de représentation de femmes. Ayant encadré des artisanes, elle trouve que les femmes ont un potentiel de créativité. Elle s’est interrogée sur la difficulté d’aligner des femmes dans les régions rurales ou urbaines. « Eski zot panse ki ban parti ki pli woman friendly pou fer enn diferans lor vot elektora feminin ? Eski kota etnik pe poz problem pou la represantativite femininn ? » Ce à quoi Malini Seewoksing devait répondre : « Parfwa, kan fer politik ena kote ethnik ki ant an ze. Dan PMSD, letap ankourazan se ki pe met bann madam an avan. Mo enn gran egzanp de la demokrasi dan eleksion. Mo enn indou, me li pann fer oken diferans. PMSD donn fem so du. Mo ti eli konseye dan No 16 (Vacoas/Floréal) e Xavier fin donn mwa enn sans pou fer mo prev dan No 17 lor mo kapasite travay. »
La conseillère sociale Priscilla Bignoux, elle, a évoqué les problèmes encourus dans les villages. « Il y a 17 villages dans le district de Savanne et 33 femmes sont élues. Ces femmes ont formé l’association des conseillères de Savanne. Ce n’est pas facile de faire les hommes témoigner contre les abus de violence qu’ils auraient commis à l’encontre de leur femme. Pourtant, on l’a fait. Dans les villages, on dénombre beaucoup de poches de pauvreté. Beaucoup de femmes veulent travailler, mais par manque d’éducation scolaire, elles se retrouvent au chômage. » Elle cite en exemple la “success story” d’une femme de village ayant étudié jusqu’à la 3e et qui, grâce à une formation, est aujourd’hui en charge de la cuisine de Vale-Riche. « Bizin fam dan vilaz kapav gagn travay, pas pran zis dan lavis. Donn zot enn sans montre zot kapasite. » Parmi les demandes formulées, Priscilla Bignoux regrette que l’Equal Opportunity Commission n’ait pas d’antenne dans les villages. « Monn dirr Brian Glover vinn koze dan nou ban vilaz e form bann madam. »
« Solidarite ant fam byen inportan »
Marie-Claire Malherbes, conseillère MMM à la municipalité de Quatre-Bornes, avance que « beaucoup de femmes sont victimisées ». Elle poursuit :« Une femme battue pense souvent que c’est de sa faute si elle est une victime de la société. Les femmes doivent sortir de l’ombre et avoir le courage de venir au-devant de la scène. » Idée que rejoint Amita Boolaucky, de la Northern Women League de Piton/Rivière-du-Rempart : « On est victimisées, mais un de nos objectifs est de faire en sorte que chaque femme devienne un agent de changement en qualité. Le vrai ennemi de la femme, c’est elle-même. Souvent, une femme a du mal à accepter qu’une autre femme soit son égale. La solidarité ant fam byen inportan. Fam bizin dirr “Wi nou pou dibout pou twa fam”. Si toutes les femmes se donnent la main, elles peuvent ratisser large aux élections. » Même constat pour Mary Coopan, de Women in Politics (WIP), qui note : « Zalouzi madam se so pli gran defo. Au nivo politik, 52% madam finn pare pou koze. Fam finn pare pou fer seki ban zom fer. Li lalimyer pou amen sanzman. Vre risess ban madam se kan zot kapav dibout e voice out. » Cependant, certaines intervenantes étaient d’avis que la politique ne s’arrêtait pas à un ticket pour les élections. « Chaque femme doit savoir faire le changement qui s’impose en soutenant la cause des femmes », dira Marie-Michèle Lepredour, conseillère municipale à Curepipe.
Loga Virahsawmy poursuit : « C’est clair qu’en politique, les femmes ne viennent pas de l’avant en grand nombre. Si plus de femmes font de la politique, ce sera un bon point pour faire changer le langage des politiciens. Tous les partis disposent d’une aile féminine. Ces femmes vont-elles négocier avec leur leader en montrant qu’elles sont capables d’être au Parlement, d’être des ministres ou des conseillères ? » Parlant du financement d’une campagne, Loga Virahsawmy a rappelé que la Constitution prévoit que chaque parti perçoive une somme d’argent de l’État. « Le hic, c’est que la femme est sur un pied d’inégalité. Chaque leader de parti a le devoir d’enlever cette barrière d’inégalité. Chez Gender Links, nous sommes pour une justice sociale et croyons en l’égalité des femmes. Comme les femmes présentes à la municipalité de Quatre-Bornes l’ont dit, on fera une manifestation prochainement et nous souhaitons une majorité de 50/50 pour les élections. »

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