Logement : L’envers du décor – Kolektif Rivier Nwar identifie 636 familles en détresse

Dr De Salle-Essoo: « Il faut éviter la ghettoïsation de la région en planifiant plus de mixité sociale, reconditionner les quartiers délabrés et insalubres existants et remplacer les maisons en amiante»

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Depuis plus de 50 ans, il n’y a pas eu de projet de logement dans la région de Rivière-Noire. Dans ce contexte, le Kolektif Rivier Nwar (KRN) a approché le Dr Maya De Salle-Essoo, anthropologue, afin de faire un état des lieux de la situation. Etat des lieux qui a été révélé dans un rapport intitulé L’Envers du décor à Rivière-Noire. Il est question des conditions de vie des 636 familles et qui ont besoin de solutions urgentes. Parmi les problématiques et recommandations, 17 familles squatters sont identifiées comme devant être régularisées et/ou relogées urgemment.

Dans son rapport, l’anthropologue écrit : « Nous avons souligné l’accentuation des inégalités ces dernières années avec les projets de développement, la montée en flèche des prix de la terre, les problèmes d’accès à la propriété mais aussi d’accès aux plages qui conduisent à une ghettoïsation avec un écart de plus en plus grand entre les plus riches et les plus pauvres, à l’existence de bidonvilles où les habitants vivent dans des conditions inacceptables en termes de dignité humaine et de droits de l’Homme. »

En ce qui concerne les titres de propriété, l’auteure du rapport suggère que cette question doit être réglée entre héritiers vivants sur un même terrain familial. Elle suggère l’accès des terres de l’État à bail non utilisées pour des projets de logement à bas coût. « Il faut éviter la ghettoïsation de la région en planifiant plus de mixité sociale, reconditionner les quartiers délabrés et insalubres existants et remplacer les maisons en amiante. » Il est temps, écrit-elle, d’une révision de la législation et politique sociale nationale en adoptant une approche plus participative, intégrée. « Il est important de connaître les bénéficiaires auxquels s’adresser pour faire des projets adaptés et intégrés afin qu’ils répondent aux besoins spécifiques de la communauté visée, à ses spécificités, sociales et environnementales. »

Ce qui a amené Mario Radegonde, membre du KRN, à dire : « Si un enfant est habitué à se rendre à la plage à 4h du matin tous les jours, vivra-t-il la même réalité s’il va habiter Quatre-Bornes ? On peut donner tout l’encadrement nécessaire à un enfant à l’école pour son épanouissement personnel mais que va-t-il se passer s’il n’a pas à manger ou un endroit confortable pour dormir lorsqu’il rentre chez lui. La pauvreté est une question très complexe et il faut le voir dans toute sa globalité. Il est curieux de savoir pourquoi certains opérateurs économiques dans la région sont toujours réticents à apporter leur contribution leur soutien financier à des projets concrets dans la région », a-t-il dit.

Veerapen Soopaya, président des forces vives de Rivière-Noire, n’a pas voulu s’étendre plus longtemps sur les raisons pour lesquelles certaines parties de Rivière-Noire sont plongées « dans la misère noire ».

L’anthropologue a partagé elle aussi cette idée et elle en fait mention dans son rapport : « Lorsqu’on parle des acteurs de la localité, il s’agit bien sûr des institutions étatiques mais aussi des acteurs privés. Ces derniers ont un rôle important à jouer comme bailleurs de fonds de projets sociaux d’une part, mais aussi en tant que grands propriétaires terriens. Ils pourront aider à résoudre ce problème de logement social », propose-t-elle.

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