PNQ – Attouchements sexuels à la Gold Coast : XLD et Toussaint croisent le fer sur le cas de Jessika

  • Le leader de l’opposition : « Il a fallu sept jours pour écarter le dénommé Teeroovengadum et tout cela sent un cas flagrant de “Cover-Up” »
  • Le ministre des Sports : « Il est regrettable que certains veulent faire de la récupération politique dans une affaire aussi délicate »
  • XLD : « Le président du comité olympique a téléphoné au président de la fédération d’athlétisme pour lui demander de dissuader Jessika Rosun de faire une déposition à la police australienne »
  • Toussaint : « C’est à Vivian Gangaram de faire une déposition à la police locale »

L’affaire des attouchements sexuels à Gold Coast, en Australie, à l’occasion des Jeux du Commonwealth – qui est suivi par la presse australienne et internationale –, a donné lieu à de vifs échanges entre le ministre des Sports, Stephan Toussaint, et le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval. Ce dernier a réclamé une enquête sur ce qu’il a qualifié de « tentative de “cover-up” » autour de toute cette affaire. Il a reproché au ministre de n’avoir pas demandé à Jessika Rosun de faire une déposition à la police lors de la première rencontre qu’il a eue avec elle et a, dans le même souffle, reproché au ministre de n’avoir pas offert de mettre les services legaux de l’État à sa disposition. Pour soutenir ses accusations de « tentative de “cover-up” », Xavier-Luc Duval a fait mention d’une déclaration du président de la fédération des associations d’athlétisme, Vivian Gangaram, qui a affirmé avoir reçu un appel téléphonique de Philippe How Ting Voon, président du Comité olympique mauricien, pour lui demander de dissuader Jessika Rosun de se rendre à la police. Il a également déploré qu’il a « fallu attendre sept jours pour que des sanctions soient prises » contre K. Teeroovengadum. Le leader de l’opposition a finalement demandé que le ministère des Sports fasse une enquête sur « les mafias qui gèrent les fédérations sportives » à Maurice et d’amender la Sports Act pour faire provision contre les « sexual harassment and sexual assault » dans les milieux sportifs.

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Dans cette première PNQ adressée au ministre des Sports Stephan Toussaint, le leader de l’opposition, Xavier-Luc Duval, a demandé si, en ce qui concerne les XXIe Jeux du Commonwealth, organisés en Australie, le ministre pouvait dire si : 1) toute assistance juridique a été fournie à l’athlète Jessika Rosun concernant un cas allégué d’agression sexuelle grave, en indiquant si la contrepartie est donnée pour la réalisation d’une enquête indépendante sur les allégations de tentatives de dissimulation dans ce cas; et 2) s’il a été mis au courant des plaintes généralisées de nos athlètes concernant l’organisation de leur participation aux Jeux du Commonwealth.

Le ministre Stephan Toussaint a remercié le leader de l’opposition de l’occasion qui lui est donnée « d’éclaircir une question qui a terni la réputation de Maurice au sein de la communauté sportive et la réputation du pays, et qui a fait que le pays a attiré l’attention internationale pour de mauvaises raisons ». Il a souligné l’importance des Jeux du Commonweath, qui concernent quelque 71 pays. Maurice y est représentée par une délégation de 113 athlètes couvrant une dizaine de disciplines. Il a fait comprendre que « toutes les formalités administratives et les accréditations pour la participation de la délégation mauricienne à ces Jeux ont été prises en charge par le Comité olympique mauricien, qui est indépendant du ministère » des Sports. C’est le Comité olympique mauricien qui désigne le chef de la délégation. Par contre, le ministère apporte une contribution financière et d’autres formes de soutien. Le ministre a affirmé que les officiels de son ministère et lui se sont rendus en Australie à l’invitation du Comité olympique mauricien.

Concernant l’affaire des attouchements, le ministre a fait comprendre qu’avant son départ, son conseiller concernant l’information l’avait informé qu’il y avait eu un « incident » à Gold Coast impliquant le chef de la délégation mauricienne et Jessika Rosun, une athlète représentant Maurice. Cette dernière avait allégué avoir été, le 29 mars, victime de « comportements indécents » de la part de K. Teeroovendagum.

Il a expliqué qu’à son arrivée à Gold Coast, le 1er avril, il a été informé de l’incident et a demandé la raison pour laquelle des actions n’avaient pas été prises. Il a été informé que Jessika Rosun n’avait pas encore rapporté le cas à la police et n’avait pas l’intention de le faire. Il a par la suite rencontré Jessika Rosun à la demande de cette dernière. Elle lui a tout expliqué mais a toutefois affirmé qu’elle ne voulait pas aller de l’avant avec cet incident et voulait mettre fin à cette affaire. « Je lui ai donné l’assurance concernant tout mon soutien. Nous avions convenu que s’il y avait lieu d’aller plus loin avec cette affaire à son retour à Maurice, cela sera fait. »

Toutefois, le 2 avril, une grande publicité a été donnée à cette affaire dans la presse locale et les médias sociaux. Lors d’une nouvelle rencontre avec Jessika Josun, le 3 avril, cette dernière a confirmé avoir été victime à deux reprises de comportements indécents de la part de K. Teeroovengadum le 29 mars et qu’elle réfléchissait encore sur la possibilité de porter plainte à la police. Le ministre a expliqué que, « comme elle avait déjà retenu les services d’un avocat, il n’y avait pas lieu de lui apporter d’aide légale ». Entre-temps, il avait donné des instructions à son secrétaire permanent pour prendre contact avec la ministre de l’Égalité des genres afin d’offrir le soutien d’un psychologue à la victime. Ce qui a été fait. Une rencontre avec le psychologue était prévue pour aujourd’hui à 15h30.

Stephan Toussaint a expliqué qu’après son retour au pays, il a rencontré les parents de Jessika Rosun et qu’il a été convenu que si un membre de la famille devait se rendre à Gold Coast, le ministère était disposé à prendre à sa charge tous les frais de déplacement. « In the light of the various developments and pending the completion of the enquiry I have instructed that K. Teeroovengadum soit remplacé dans tous les comités où il siège au sein du ministère des Sports et que le comité olympique sera chargé d’envoyer un remplacant. »

S’agissant d’une enquête indépendante, le ministre a considéré que, puisqu’il y a eu une déposition à la police, il n’y avait pas lieu de le faire. Il a rappelé que Jessika Rosun était assistée du consul honoraire de Maurice à Gold Coast. L’athlète mauricienne a déjà fait une déclaration à la police et cette dernière a recueilli les déclarations de ceux qui étaient présents à la cérémonie organisée le 29 mars. K. Teeroovengadum, lui, a été accusé formellement d’avoir commis une “indecent assault”. Il a été libéré sous caution à condition qu’il n’ait aucun contact avec la plaignante et les témoins. Il lui est aussi interdit d’avoir accès aux sites des Jeux du Commonwealth. Il doit comparaître à nouveau devant la Southport Magistrates Court le 17 avril prochain pour répondre d’une charge de “sexual assault”.

Le ministre a également accepté que la préparation des athlètes pour les Jeux du Commonwealth est « on going process » dans la mesure où tous les athlètes qui y participent sont engagés dans un tournoi international, ce qui vaut aussi pour les Jeux des îles de l’océan Indien. Dans ce contexte, les athlètes ont bénéficié d’un montant de Rs 20 M d’un « elite budget ».

La première question du leader de l’opposition portait sur la raison pour laquelle le gouvernement n’avait pas offert de services légaux à Jessika Rosun. Ce à quoi le ministre a répondu que lorsqu’il l’a rencontrée, « elle n’avait pas l’intention d’aller de l’avant » avec cette affaire. Par contre, il lui a proposé les services d’un psychologue. Pourquoi le ministre ne lui a pas conseiller « d’aller faire une déposition à la police dès sa première rencontre ? »a insisté le leader de l’opposition. Le ministre des Sports a alors répété sa réponse précédente. C’est à ce moment que le leader de l’opposition a fait mention de la déclaration de Vivian Gangaram à l’effet que Philippe How Ting Woon l’avait appelé pour lui demander de dissuader Jessika Rosun de se rendre à la police. « Je ne peux pas répondre à la place de Vivian Gangaram », a rétorqué le ministre. « Pourquoi avoir attendu sept jours pour prendre des sanctions contre Teeroovengadum alors que toute la presse internationale se posait des questions à ce sujet ? », a demandé le leader de l’Opposition. Pour ce dernier, la question, à Maurice, n’est pas de faire une enquête sur les attouchements sexuels, qui sont traités par la police australienne, mais « d’initier une enquête sur les tentatives de “cover-up” dans le cadre de cette affaire ». Le leader de l’Opposition a alors accusé le Comité olympique mauricien de n’avoir « pas dit la vérité dans son communiqué », qu’il a publié, « car il était au courant de ce qui s’était passé deux jours avant que Jessika Rosun aille à la police ».

Le ministre s’est dit « satisfait » que le nécessaire a été fait. Xavier-Luc Duval a d’autre part fait mention des articles de presse affirmant que « les abus sexuels sont légions dans les milieux sportifs » et qu’un « mécanisme doit être mis en place pour que ces abus puissent être dénoncés ». Le ministre a observé que ces abus peuvent déjà être dénoncés auprès de l’Ombudsman pour le sport. « Je suis un ministre de proximité et si les athlètes viennent me voir pour dénoncer ce genre de préjudices, je ferai le nécessaire », a souligné Stephan Toussaint.

Le leader de l’Opposition a ensuite demandé la raison pour laquelle les sportifs n’ont pas obtenu de per diem et sont partis en Australie « sans un sou en poche », avant d’ironiser plus tard sur le fait que le ministre avait obtenu son per diem lors de son déplacement en Australie. Xavier-Luc Duval aussi réclamé que la loi soit amendée pour que le ministère puisse « mettre de l’ordre dans la gestion des clubs » et « la création de fédérations fantômes ». Il a estimé que les fédérations sportives sont gérées « par la mafia », après quoi la Speaker lui a demandé de ne pas faire d’allégations. Ce qui a amené toute l’opposition, dont de leader du MMM, à dire que « c’est la vérité ».

À d’autres questions du leader de l’Opposition, le ministre a répondu qu’il a « toujours soutenu les athlètes mauriciens » et qu’il est « présent à leurs entraînements » et « assiste aux tournois locaux et internationaux » à Maurice. Xavier-Luc Duval a finalement demandé que la section 14 de la Sport Act soit amendée afin de veiller à ce que le nécessaire soit fait dans les cas de “sexual harassment” et “sexual assault” dans les milieux sportifs.

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