Les prêts et facilités financières accordés par SME Equity Fund aux compagnies de pêche, dont Babul and Sons Fishing, sous la loupe
Le père et les épouses des frères Gurroby sous inculpation provisoire de Money Laundering en attendant des Unexplained Wealth Orders
Plus d’une semaine après la saisie de la plus importante cargaison de drogue d’une valeur marchande de Rs 3,7 milliards à Pointe-aux-Canonniers, l’enquête de l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) sur la provenance et surtout l’Ultimate Holding de la transaction revêt une touche de Navin Kistnah Syndrome. Cette dernière saisie de 135 kilos de stupéfiants, dissimulés dans des cylindres à bord du MSC Ivana, remontant au 10 mars 2017, quatre ans déjà, est « still in abeyance » au QG de l’ADSU. À ce stade, très peu de détails ont transpiré des Casernes centrales au sujet du Modus Operandi du clan des Gurroby, ou encore des détails sur le débarquement et le transfert d’une aussi importante cargaison du bateau au terrain vague de Pointe-aux-Canonniers. Par contre, du côté de l’Independent Commission Against Corruption, la voie étroite des délits de Money Laundering, avec la possibilité d’émettre des Unexplained Wealth Orders, est privilégiée sans avoir à aller jusqu’à établir les responsabilités dans le réseau.
Pour l’instant, l’ICAC, qui a déjà procédé à l’arrestation d’un des frères Gurroby, a épinglé d’autres membres de la famille. Ainsi, hier, les épouses des frères Gurroby, Rachel Bianca (née Tuyau), âgée de 30 ans, et Rajkumaree née Sookale, âgée de 30 ans, sont en liberté provisoire, après avoir fourni des cautions de Rs 50 000 à Rs 100 000 et des reconnaissances de dettes de Rs 500 000 à Rs 1 million. Elles ont été rattrapées respectivement par un terrain d’une valeur de Rs 6,7 millions à La Salette et une Toyota Hiace de Rs 1,3 million.
Lors de leurs interrogatoires, Bianca Gurroby et Rajkumaree Gurroby n’ont pas été en mesure de convaincre les limiers de l’ICAC au sujet de leurs Sources of Funds. Les épouses Gurroby et d’autres membres du clan ne sont pas au bout de leurs peines. Avec les Freezing et Attachment Orders, sollicités par l’ICAC auprès des juges siégeant en référé, ils devront se soumettre à un Striptease patrimonial. Le doyen du clan, Teeswur Guroby, est également sous contrôle judiciaire faute d’explication au sujet de l’acquisition d’une Volvo au coût de Rs 1,1 million.
En parallèle, la Revolving Door entre des Chefs de Lakwizinn de l’Hôtel du Gouvernement et les Gurroby risque d’être Exposed avec les déballages sur les dessous des financements en provenance du SME Equity Fund et les permis de pêche en haute mer accordés par le ministère de la Pêche. La proximité des frères Gurroby avec des VVIPs du gouvernement peut difficilement être dissimulée en dépit de l’opération Lakaz Mama avec la collaboration des éléments de MARCOS en haute mer en fin de semaine dernière.
Des recoupements d’informations indiquent que l’ICAC s’est mise à éplucher les dossiers saisis au siège de Babul and Sons Fishing Ltd de Triolet appartenant à Ritesh Gurroby. Cette entreprise emploie une dizaine d’employés qui sont spécialisés dans le conditionnement de poissons pour la vente au détail.
L’équipe du commissaire Navin Beekarry s’intéresse au financement obtenu par cette compagnie par le biais du SME Equity Fund. C’est en 2017 qu’un Investment Committee a approuvé le projet du suspect qui souhaitait acquérir deux bateaux semi-industriels pour la pêche en haute mer. Un décaissement de Rs 2,7 millions a lieu avec un taux d’intérêt maximal de 8%. Le SME Equity Fund devient partenaire de la compagnie à hauteur de 40%.
L’ICAC souhaite établir comment ces fonds ont été gérés et déterminer les tenants et aboutissants des Business Dealings de Babul and Sons Fishing Ltd vu que le SME Equity Fund y avait un droit de regard en tant que partenaire minoritaire. Les limiers veulent identifier qui s’est occupé du dossier de cette compagnie pour le suivi après la « loan approval ». Les Gurroby ont reçu un deuxième financement de Rs 3 millions toujours de la même entité d’Etat pour la compagnie Ocean Blue Fishing Ltd.
L’ICAC passe en revue les différentes transactions financières pour concilier les chiffres déclarés par les directeurs de ces deux compagnies de pêche à la Mauritius Revenue Authority (MRA). Officiellement, Babul and Sons Fishing Ltd déclarait des pertes accumulées. Mais, la Commission anti-corruption veut savoir avec quel argent elle a poursuivi ses activités.
Les conditions dans lesquelles des permis de pêche au large ont été accordés aux frères Gurroby par le ministère de la Pêche, retiennent également l’attention des enquêteurs. Le fait demeure que cet accès aux financement du SME Equity Fund ou encore les Fishing Licences n’est pas aussi facile sauf si la Revolving Door entre l’Hôtel du Gouvernement et les Businessmen fonctionne comme il faut.
Par ailleurs, Tesswar Gurroby, dit Babul, a été inculpé hier sous une accusation provisoire de blanchiment d’argent au tribunal de Pamplemousses. Il demeure en détention après l’objection qu’ont émise les enquêteurs. Un peu plus tôt c’est le constable Garry Joumont, qui a été provisoirement inculpé pour complicité de trafic de drogue. Il a fait valoir son droit au silence lors de son interrogatoire au quartier général de l’ADSU.
Ritesh Gurroby a été présenté devant le même tribunal pour l’extension de sa détention provisoire jusqu’à lundi prochain. Lui clame son innocence dans cette mise au jour du super cargo de 269,45 kilos de drogue d’une valeur marchande de Rs 3,7 milliards. Me Rama Valayden devrait rencontrer les enquêteurs cette semaine pour établir un calendrier de travail pour que son client, Ritesh Gurroby, commence à donner sa version des faits.
Affaire à suivre que ce soit du côté de l’ICAC ou de l’ADSU…