Banques centrales : lancement d’un rapport sur la lutte contre le blanchiment des capitaux

Le gouverneur de la Banque de Maurice, Harvesh Seegolam, qui assure également la présidence du groupe des superviseurs bancaires francophones, a procédé hier au lancement d’un rapport sur la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme. Le document a été rédigé conjointement par la Banque de Maurice et la Banque d’Al Maghrib du Maroc.

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« Ce document met en lumière les retours d’expérience et le partage de bonnes pratiques émanant de la Banque Centrale de l’île Maurice et de celle du Maroc », déclare le gouverneur de la Banque de Maurice dans un discours prononcé à l’ouverture de la réunion plénière du groupe de superviseurs bancaires francophones.

« Je remercie chaleureusement le gouverneur Jouahri de nous avoir accordé son accord et sa confiance pour la conduite de ce projet. Suite à ma discussion avec lui, je prévois de faire un compte rendu des travaux de notre groupe aux Gouverneurs des autres banques centrales des pays Francophones lors de la prochaine réunion des Gouverneurs des Banques Centrales Francophones qui se tiendra en mai de cette année à Bruxelles », annonce Harvesh Seegolam.

La présente réunion a pour thème « La supervision bancaire face aux enjeux climatiques ». « Ce thème nous interpelle tous puisque le changement climatique exige que tous les acteurs concernés assument pleinement les responsabilités qui leur incombent », a-t-il dit.
Pour Harvesh Seegolam, le changement climatique représente le plus grand défi mondial.

« Nous constatons déjà les conséquences du changement climatique dans le monde entier. L’île Maurice n’est pas en reste et les intempéries de janvier en sont la preuve », reprend-il en ajoutant que « la planète est notre seule, notre unique maison comme l’affirme le secrétaire des Nations Unies. À maintes reprises, la sonnette d’alarme a déjà été tirée. Il est grand temps de nous réconcilier avec la nature, ce qui nécessite un changement radical de paradigme pour favoriser le verdissement de la planète. Dans le cas contraire, nous risquons fortement de léguer une planète fragile aux générations futures « , a-t-il affirmé.

« Maurice se trouve en première ligne face à la fragilité de notre écosystème puisque nous nous trouvons dans un bassin tropical de l’océan Indien. Le total des besoins financiers pour mettre en œuvre les objectifs des contributions déterminées au niveau national est estimé à 6,5 milliards de dollars” laisse entendre le gouverneur.

Harvesh Seegolam a aussi fait état que le gouvernement a mis en place depuis août 2023, un cadre de finance ESG pour Maurice. Ce cadre régit l’émission de types spécifiques d’instruments de dette durable par l’état mauricien, visant à financer la mise en œuvre de la feuille de route mauricienne en matière de durabilité. Les produits de ces instruments seront canalisés vers des projets ESG tels que les énergies renouvelables et l’accès aux services essentiels tels que l’éducation et la santé.

La Bourse de Maurice (SEM) soutient également le développement du marché mauricien des obligations durables. Elle a lancé en septembre 2015 le SEMSI, un indice de durabilité qui évalue les pratiques des sociétés cotées sur la base de critères ESG. À ce jour, dix-huit sociétés participent à cet indice.

« Notre engagement pour le développement durable est ancré dans nos politiques, nos pratiques et notre vision d’avenir. Cet engagement, que nous partageons avec vous, est le fondement même de la santé et de la stabilité à long terme de notre système financier global », rassure le gouverneur

Il a passé en revue les initiatives de la Banque de Maurice pour faire face à ces enjeux.
« Nous avons mis en place notre Centre sur le Changement Climatique en 2021 qui comprend quatre groupes de travail, notamment sur la politique monétaire, le financement durable, la stratégie interne et enfin un groupe de travail sur la règlementation et la supervision bancaire. Nous avons mis en lumière l’intégration des risques physiques et des risques de transition dans la gestion des banques à Maurice à travers notre directive sur la gestion des risques financiers liés au climat et à l’environnement. Cette directive a été publiée en avril 2022. Ce groupe de travail est constitué des représentants de la Bank of Mauritius, des représentants des banques, de la Financial Services Commission, en tant que régulateur des services financiers non-bancaires, de quelques compagnies d’assurances et, également, de l’Association des banquiers de l’île Maurice.

Au sein de cette instance, la BOM encourage les institutions financières à intégrer la gestion des risques liés au changement climatique dans leur cadre global de gestion des risques. Elle travaille également en collaboration avec les différentes agences du gouvernement sur le développement d’une taxonomie verte nationale, aujourd’hui essentielle pour promouvoir la confiance des investisseurs et catalyser les investissements climatiques à Maurice et sur le continent africain, tout en répondant aux préoccupations de Greenwashing.

Le gouverneur avance que Maurice n’est pas uniquement impactée par les dérives domestiques liées au changement climatique, mais aussi par le cadre international. Le fait que Maurice soit largement dépendante de l’exportation rend primordiale la collaboration avec les organisations internationales pour assurer la conformité de notre juridiction avec les cadres internationaux, dans le but de faciliter le commerce et les investissements verts transfrontaliers.

“Aujourd’hui, plus que jamais, nous sommes à un carrefour décisif, d’où la thématique de cette réunion plénière. Les choix que nous faisons, les politiques que nous instaurons, et les mesures que nous adoptons auront des répercussions significatives. Notre responsabilité est d’assurer la survie, la prospérité et la stabilité du secteur financier en dépit des défis à relever, ce qui demande innovation, collaboration, et une ouverture aux nouveaux paradigmes », déclare Harvesh Seegolam.

Emmanuel Rocher, Directeur des Affaires Internationales de l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) et Secrétaire Général du Groupe des Superviseurs Bancaires Francophones s’est lui aussi int&ressé à l’assistance.

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