« ELEKSION DERYER LAPORT » : La surenchère des pensions

DR DIPLAL MAROAM

- Publicité -

Annoncée, en grande pompe, le 12 mars à 3 mois de la présentation du budget, la hausse de la pension de vieillesse pourrait ne pas rester figée à Rs 2,500 mais encore évoluer vu que l’éventualité d’un alignement sur le salaire minimal a déjà été évoquée dans certains milieux proches du PTr dont le leader est le principal challenger de Pravind Jugnauth au poste de PM.  Et si cette mesure était déjà prévue dans le budget 2024/25 à quelques mois des législatives ? Mais quoi qu’il en soit, le ciblage des personnes âgées, représentant une masse silencieuse de plus de 25% de l’électorat et pouvant, par conséquent, faire basculer le sort d’un scrutin d’un côté comme de l’autre, n’est donc pas un hasard. Car l’enjeu des prochaines législatives pour les deux blocs qui s’affronteront s’annonce crucial, voire périlleux.

Du côté de l’opposition, en effet, une éventuelle défaite pourrait indiquer la voie de garage aux deux leaders « historiques » qui ont profondément marqué l’échiquier politique de notre pays, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam et signifier la fin d’une de deux dynasties familiales qui ont régné depuis l’indépendance à ce jour, notamment celle des Ramgoolam. Pour ces deux dirigeants donc, contrairement au leader des bleus, qui, lui, a encore une marge de manœuvre plus ou moins convenable pour subsister dans l’arène, c’est l’élection de la dernière chance, qu’ils ne peuvent se permettre de louper. Soulignons, en passant, que pour conserver sa suprématie sur le parti, le leader du PTr a toujours balayé d’un revers de la main toute tentative de nomination d’un leader adjoint ; Arvin Boolell en sait quelque chose, ayant été contraint de déguerpir sous la menace des gros bras alors qu’il tenait une conférence de presse en l’absence du leader au Square Guy Rozemont en 2015 suite aux démêlés de ce dernier avec la justice. De mauvaises langues prétendent qu’il avait même été envoyé par le leader au casse-pipe au No. 18 lors de la partielle de décembre 2017 alors qu’il possédait une assise plus ou moins confortable au No.11. La suite de cette histoire, on la connaît.

Du côté du gouvernement qui contrôle les leviers du pouvoir – un atout non négligeable lors d’une joute électorale –, sa carte maîtresse, hormis les différentes prestations sociales, repose sur ses réalisations en ce qu’il s’agit des infrastructures du pays. En effet, jamais n’a-t-on assisté à un tel déferlement de développement dans l’histoire récente de notre république, comprenant les îles également, particulièrement Agalega. En revanche, là où le bât blesse – et le PM doit être le dernier à ne pas le savoir – c’est, bien évidemment, au niveau des institutions et services octroyés à nos concitoyens sur une base quotidienne. Et il va sans dire que la situation au niveau de la sécurité, la drogue, la corruption, la santé, les utilités publiques, l’embauche, le transport en commun, le commerce, etc, apporterait, selon toute probabilité, beaucoup d’eau au moulin de l’opposition lors de la prochaine campagne.

C’est ainsi que le chef du gouvernement se retrouve ces jours-ci devant un dédale quasi-inextricable – soit, convoquer une partielle au No.10 pour tenter de piéger l’opposition suite à la révocation du ministre Hurdoyal pour des raisons jusqu’ici inconnues et sa démission subséquente en tant que membre de l’Assemblée nationale ; soit, appeler le pays aux urnes, court-circuitant ainsi la partielle comme ce fut le cas en 2019 après la démission de V. Lutchmeenaraidoo comme député du No.7. Mais ce qui est évident, l’issue d’un éventuel scrutin au No.10 aura une incidence significative, pour ne pas dire certaine, sur les prochaines législatives. Ce qui explique manifestement l’hésitation du PM qui avance ses pions avec prudence car il ne serait pas sans savoir que tout risque mal jaugé, à ce stade de son mandat, pourrait susciter l’écroulement inexorable de l’édifice politique qu’il a soigneusement bâti ces dernières années.

C’est pourquoi lors des prochaines législatives, les coups voleraient sans doute très bas. Sur Navin Ramgoolam, le PM n’a-t-il pas déjà annoncé la couleur en déclarant que « sa se enn reklam, fim la pou zwe biento » et que d’autres dossiers seraient dévoilés « en temps et lieu » ? À propos, vu les nombreuses affaires le concernant qui ont défrayé la chronique, particulièrement celle du coffre-fort, beaucoup d’observateurs se demandent si le leader du PTr, qualifié même par nul autre que le président du parti, P. Assirvaden, de « Premier ministre de transition », représente réellement un atout pour l’alliance de l’opposition parlementaire, d’autant que les deux autres leaders de cette alliance lui ont déjà, après les législatives de 2019, intimé de ne pas se représenter au poste de PM. Et finalement, en ce qui concerne le leader des mauves, sa propension à la politique de « ser sintir », d’austérité et de caisses vides face aux généreuses prestations sociales en termes de pensions, compensations et autres allocations qui ont jalonné ce mandat qui s’achève, risque de gonfler significativement les voiles orange lors de la campagne.

                                                                                                                                                                                                                                   

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour