La victoire du citoyen Joyram

La grève de la faim de 22 jours de Nishal Joyram est une belle victoire. Celle du citoyen lambda dans le cœur des Mauriciens. Et celle de ces citoyens qui, en nombre, l’ont soutenu, tantôt par leurs visites, des gestes symboliques, face à la froideur, la totale indifférence, et le cruel manque d’humanité de ce présent gouvernement !

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Chaque Mauricien éveillé reconnaît qu’en Nishal Joyram, c’est la force populaire qui sort gagnant de ce bras de fer qui, d’ailleurs, est bien loin d’être fini ! En quittant le confort de son foyer, la douceur du cocon familial, et de tout ce qui fait la quiétude d’un quotidien classique, qui berce la plupart des Mauriciens, pour se battre au nom des autres, pour une baisse des prix des carburants, l’éducateur de 42 ans avait déjà gagné le cœur de nombreux compatriotes.

Évidemment que Pravind Jugnauth ne serait pas descendu de son piédestal pour venir à la rencontre de l’humble gréviste. Et encore moins accéder à sa demande, qui est loin d’être farfelue. Il ne faut pas être une lumière pour réaliser qu’entre pouvoir et citoyen, les rapports ne sont jamais faciles. Et de surcroît quand il s’agit d’une situation de confrontation, comme c’est le cas dans l’action de Nishal Joyram : tous les artifices de la real politik entrent forcément en jeu !

Pravind Jugnauth a néanmoins raté là une chance inestimable de gagner le cœur des Mauriciens. Il aurait suffi qu’il ouvre simplement le dialogue. Prouvant qu’il était à l’écoute de son peuple. Plutôt que cela, il a campé fermement sur sa position, hermétique et indéboulonnable. Préférant se cloîtrer derrière des arguments bassement politiques. Pire, il s’est même rendu déplaisant en insinuant que le gréviste faisait… « du cinéma » ! Quel leader politique qui se respecte, quel chef de gouvernement, qui a pour mission d’inspirer et de veiller sur son peuple, peut se permettre un tel manque d’égard ? À moins d’être (très !) mal conseillé, persuadé que seule sa vérité est vraie, et que tout le monde (ses opposants politiques de même que ceux de la population qui n’adhèrent pas au point de vue de son régime et de la fameuse Lakwizinn) se trompe… sauf lui !

Et l’épisode de la rencontre avortée avec Soodesh Callichurn est bien évidemment inacceptable. Que le ministre du Travail soit tombé malade, c’est tout à fait légitime. Mais qu’aucun autre collègue n’ait été désigné pour rencontrer Jack Bizlall, qui avait été choisi pour discuter au nom de Joyram et du Comité de soutien qui entourait le gréviste, là, si ce n’est pas de la mauvaise volonté, ça y ressemble beaucoup !

La victoire du citoyen Joyram marque une nouvelle étape. Son action devrait, à notre humble avis, inspirer et motiver d’autres compatriotes à faire preuve de bon sens que d’appartenance patriotique. À une époque où des bourreaux n’hésitent pas à frapper mortellement leurs victimes en plein jour – dans un autobus, cette semaine, ou mettre feu à sa voiture avec sa femme dedans, il y a peu –, que des Mauriciens fassent preuve de grandeur d’âme et de générosité du cœur, au nom des autres, ne peut qu’être bienvenu.

Certes, le chemin à parcourir peut paraître long et sinueux. Envoyer nos gamins jouer dans la cour, avec des amis de leur âge, et mesurer le temps qu’ils passent sur leurs Smartphones serait un début. Ça leur apprendrait par exemple à penser et prendre soin des autres. L’apport des pédagogues, qui ont épousé leur métier par vocation, et non pour alourdir leur compte bancaire, est également le bienvenu. Non seulement pour encadrer et accompagner nos jeunes, mais également nombre de leurs parents. Car n’oublions pas que beaucoup d’entre nous avons été conditionnés par une instruction dénuée d’humanisme. Et l’on s’étonne que certains démissionnent de leurs responsabilités parentales ?

Cet éveil aux autres, fondé sur des valeurs et des sentiments, devrait être un fort catalyseur dans une société avide de respect, de partage et de compréhension. En tout cela, l’action symbolique de Nishal Joyram représente une victoire à échelle nationale. Mais cela, est-ce que Pravind Jugnauth et son entourage en ont-ils seulement conscience ? Pire, peut-être qu’ils n’en ont nullement besoin !

 

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