Lancement d’un livre de recettes : Contrer le gaspillage alimentaire en réutilisant les fruits et légumes jetables

L’université de Maurice a organisé un forum, le 29 septembre dernier, pour marquer la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages alimentaires. À cette occasion, Eddy Boissezon a indiqué que le gaspillage alimentaire à Maurice par an s’élève à 118 632 tonnes, soit l’équivalent de 325 tonnes de nourriture gaspillées par jour ou 279 kilos gaspillés chaque minute.

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La faculté d’agriculture a voulu marquer le coup en lançant un livre de recettes intitulé Valorising Food Leftoves and Imperfect Fruits & Vegetables. Kobashini Chedumbarum Pillay, passionnée de cuisine qui a partagé sa recette de margoze, trouve que les gens ont la possibilité de réduire les pertes alimentaires, mais n’y pensent pas. Et ce gaspillage alimentaire aura certainement un impact sur la prochaine génération.

Professionnelle des ressources humaines, Kobashini Chedumbarum Pillay a remporté le prix des femmes leaders d’Afrique, décerné par une institution internationale qui vise à récompenser les femmes ayant un rôle de leadership dans le monde. Passionnée par la cuisine et la pâtisserie, elle a remporté deux concours culinaires nationaux, celui de Super Chef en 2014 et Le Chef en 2019. Créatrice des plats fusion, elle partage ses recettes et astuces sous le nom de Cook With Moris depuis 2020. « Ce qui a commencé comme un passe-temps passif pendant la période de confinement de la première vague pandémique de Covid-19 est désormais devenu une partie intégrante de ma vie. La plateforme “Cook with Moris” m’a également donné l’opportunité de me connecter avec des personnes partageant les mêmes idées pour la cuisine mauricienne. Ça a été un plaisir absolu d’apporter une petite contribution à ce projet DeSIRA de l’Union européenne et de l’université de Maurice sur la réduction du gaspillage alimentaire. »

Kobashni Chedumbarum Pillay trouve qu’au-delà d’une simple cuisine, il faut savoir aussi comment y ajouter de la valeur. Contactée l’année dernière par le Professeur Rugoo de l’université de Maurice au sujet du projet sur les pertes et le gaspillage alimentaires, elle a accepté d’apporter sa contribution. Lors d’une réunion avec d’autres parties prenantes, elle se rend compte des chiffres alarmants de pertes et de gaspillage alimentaire. D’où l’idée du livre de recettes Valorising food leftovers and imperfect fruits and vegetables. La faculté d’agriculture qui porte le projet a eu cette brillante idée de ce livre de recettes qui mise sur les restes, les fruits et légumes peu glorieux, ou simplement des parties qui devaient finir à la poubelle et dont on ne pense jamais qu’elles peuvent être réellement cuisinées.
Invitée ensemble avec d’autres passionnés de cuisine à soumettre leurs idées, Kobashni a choisi de valoriser le margoze. Un légume qui, dit-elle, est bon pour la santé mais dont la peau et les graines sont jetées par la plupart des Mauriciens. « Mes recettes consistent à faire un jus avec la chair de margoze et de le transformer en du “super healthy” ! Un chutney avec les graines et un curry avec la peau où le margoze est utilisé entièrement ! Je viens de commencer à faire une salade avec le margoze et c’est juste incroyable. »
Elle travaille aussi les restes de gâteaux aux piments qu’elle conserve au réfrigérateur, qu’elle passera au mixeur pour obtenir un crumble. Celui-ci sera utilisé à la place de la chapelure sur un toast ou un gratin.

Toutes ces idées, Kobashni les doit à sa période de confinement liée à la pandémie de Covid-19. Coincée à la maison, il lui fallait utiliser les courses efficacement. D’où l’envie de créer de nouvelles recettes. « Certaines recettes faites sur le pouce fonctionnaient bien, d’autres moins, mais il était important d’essayer. Parfois, les enfants ne se rendaient même pas compte que les plats étaient des restes ou tout simplement de la peau. Lorsque j’épluche des pommes de terre à titre d’exemple, des carottes ou de la betterave, je lave d’abord les pelures que je tranche finement, j’ajoute un filet d’huile d’olive, du sel et du poivre que je fais cuire au four et au final, on dirait des chips. Mes enfants ont cru que c’étaient des pommes de terre ou des carottes. Ce qui est le plus important pour moi, c’est d’apprendre aux enfants à réduire les pertes et le gaspillage alimentaires en leur montrant ce qui peut être fait. Il est extrêmement crucial qu’ils prennent conscience de ce que signifient les pertes et le gaspillage alimentaires. »

Kobashni Chedumbarum Pillay revient sur le discours tenu à l’université de Maurice, le 29 septembre dernier, lors de la Journée internationale de la sensibilisation aux pertes et au gaspillage alimentaires où tous les intervenants ont évoqué la manière dont les pertes et le gaspillage alimentaires contribuent à la crise climatique, à la crise de la biodiversité et de la nature et à la crise de la pollution et des déchets.

« Il est important que nous réalisions tous que le gaspillage alimentaire est une perte d’argent, de temps et de ressources, ce qui a un impact négatif sur la sécurité et la disponibilité alimentaires. Cela entraîne une augmentation du coût de la nourriture. Je crois que l’éducation est la clé. Nous devons éduquer les gens sur la manière de réduire les pertes et le gaspillage alimentaires. » Selon Kobashni, la première étape débute à la maison, « un petit pas certes, mais un bon début ».

Autre point important pour elle : il faut inculquer aux parents le principe de commander dans des restaurants des portions raisonnables. « Il ne faut pas faire du remplissage des assiettes, même si on paie le menu. Étant une passionnée de cuisine, j’essaie d’être créative et de réduire le gaspillage alimentaire, tout en partageant mes plats sur les réseaux sociaux. C’est encourageant lorsque des amis vous demandent comment vous avez préparé le plat. Partager ne me coûte rien, mais ne rien faire pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires nous coûte très cher et cela va empirer si nous ne nous réveillons pas et ne commençons pas à faire quelque chose. L’UoM, les projets financés, les ONG ne peuvent pas être les seules à se soucier de cette question. Ensemble, nous devrions et pouvons. »

Lors du lancement de l’ouvrage, a aussi été dévoilé le laboratoire de transformation des aliments et de contrôle qualité de la faculté qui a été modernisé avec 17 nouveaux équipements de transformation et d’essai des aliments dans le cadre du projet DeSIRA. L’objectif fixé dans l’ODD 12.3 est de réduire de moitié le gaspillage alimentaire par habitant d’ici 2030. Le gaspillage alimentaire doit être une responsabilité collective pour tous en commençant sur le plan familial « en éduquant nos enfants à respecter et à apprécier les aliments ».

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