Les trois coups en ce début de 2024

Malheureusement à Maurice la tradition théâtrale pure et sûre s’estompe. D’abord, il n’y a plus de théâtre ou presque. Qui se rappelle la date et le titre de la pièce de la dernière représentation donnée sur la scène du théâtre de Port-Louis à l’ombre de ses deux siècles d’existence ? L’un des rares héritages est le fait que le théâtre de Port-Louis est l’un des plus anciens de l’océan Indien et classé au patrimoine national depuis 1968. Et c’est tout.

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Donc, nullement question de fauteuils feutrés, avec les lumières s’éteignant et le public se calmant dans l’attente. Puis trois coups secs se faisant entendre et le rideau s’ouvrant. Les trois coups représentent un geste symbolique qui annonce le début du spectacle. Évidemment, les trois coups sont intimement liés au monde du théâtre et remontent au XVIIe siècle.

Évidemment, aujourd’hui c’est le XXIe siècle. La technologie aidant tout un chacun peut prétendre valoriser cette fameuse strophe de William Shakespeare dans la pièce As You Like it, soit “All the world’s a stage, and all the men and women merely players.” Mais force est de constater qu’à la conclusion de chaque trois coups, soit quand le Rideau tombe, il y a un dénouement.  Bon ou mauvais. Joyeux ou triste. Sanglant ou serein.

Mais les trois premiers coups de 2024 sur la scène de la république de Maurice comportent des caractéristiques particulières avec le suspense se renouvelant de manière perpétuelle. Le premier, qui est intervenu dès le 6 janvier dans le port, a nécessité le déploiement d’une logistique militaire à toute épreuve. Et sans kata-kata. L’expression est du commissaire de police, Anil Kumar Dip.

Saisie de 333 kilos de cannabis, répartie dans 24 colis dans une embarcation de fortune lors d’une opération d’envergure, s’échelonnant sur 72 heures avec tous les risques que cela comporte pour des éléments engagés dans cette opération.  À cette étape initiale, la police a joué la carte de la transparence, avec parade, organisée sur le pont du bateau arraisonné, des passeurs malgaches, arrêtés avec une si importante quantité de drogue, traînant en plein océan Indien.

Puis, c’est le légendaire Kadna. Le poids exact de la drogue saisie n’a pas été communiqué publiquement. Évidemment, l’enquête se fait en toute confidentialité et derrière les rideaux. La fuite de tout détail sensible qui peut porter atteinte à l’intégrité de l’investigation de l’ADSU est proscrite.  Granted ?

Mais la longue liste d’enquêtes sur des saisies d’envergure toujours en suspens et sans conclusion Beyond Reasonable Doubt ne sape-t-elle pas la confiance de la population dans l’approche pena kata kata des Casernes centrales.

L’autre coup rejaillit en mal sur la réputation de Maurice à l’international. Le plus beau fleuron de l’essor économique de l’île Maurice moderne, en l’occurrence le textile, a été sali. Preuves irréfutables à l’appui, l’ONG internationale Transparentem a non seulement dénoncé des traitements abusifs des travailleurs étrangers dans des unités de textiles exécutant des contrats en confectionnant des produits de haut de gamme pour de grosses pointures de la planète.

Transparentem a aussi acculé ces grandes marques à reconnaître qu’il y a des manquements graves à la dignité et au respect des droits de ces travailleurs étrangers. Pourtant, ce n’est pas Fayçal Ally Beegun, un syndicaliste nullement au tempérament abrasif, qui n’a de cesse dénoncer les conditions inhumaines réservées à cette catégorie de salariés du textile mais également opérant dans d’autres secteurs.

Certes, ces clients, qui ont bénéficié du travail de cette main-d’œuvre, exploitée à outrance, ont accepté de compenser financièrement les victimes. Mais quid de la réputation de Maurice en matière de respect des travailleurs, voire de l’homme ?

Et le troisième coup a tenu le pays en haleine pendant 72 heures avec le passage de Belal dans cette partie de l’océan Indien. La leçon à retenir : plus imprévisibles que les prévisions du temps, tu meurs. Photos satellites impressionnantes, ne pouvant mentir. Données scientifiques incontestables, justifiant les analyses les plus savantes. Ton marqué par la retenue pour ne pas faire la population céder à la panique.

Mais il était dit que Belal allait être un cyclone de classe I à Maurice. Alors que nos voisins de l’île soeur, confinés depuis hier soir, vivent un véritable calvaire avec les dernières informations confirmant que le cyclone Belal « devrait directement impacter et traverser » La Réunion avec « des vents extrêmes ».

Et cela c’est le coup du changement climatique, hors de tout contrôle…

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