Quelles fêtes ?

Passé le 15 de ce dernier mois de l’année, nous entrons de plain-pied dans la période festive, avec les célébrations de la Noël et du Nouvel An. Période qui se conjugue avec des retrouvailles avec des êtres chers, la pandémie mondiale de Covid-19 ayant contraint, pendant ces deux dernières années, plusieurs d’entre nous à rester loin les uns des autres. Les restrictions sanitaires étant levées, dans la tête de bon nombre de compatriotes, cette fin 2022 devrait être synonyme d’un peu de laisser-aller. Juste un tantinet, d’ailleurs, puisque le coût de la vie exorbitant, post-Covid-19, avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine et d’autres bouleversements sur l’échiquier mondial, maintient une pression permanente au-dessus de nos têtes. Le spectre d’un 2023 très rude plane évidemment.
Et voilà que le gouvernement de Pravind Jugnauth nous sort un beau cadeau : l’augmentation de 0,5% du Repo Rate ! Pour les profanes, ce jargon technique ne dit pas grand-chose. Mais l’on aurait tort de penser que cette hausse n’impactera pas nos dépenses. L’incidence de cette majoration sur les porte-monnaie déjà épuisés de la plupart des Mauriciens est plus qu’importante. Ainsi, pour les familles déjà asphyxiées par le coût de la vie, qui a pris l’ascenseur, ce nouveau coup de massue ne fera ni plus ni moins que les… jeter à terre.
Inutile de rêver : Pravind Jugnauth ne flanchera pas. La récente grève de la faim de 22 jours de l’éducateur Nishal Joyram, militant pour une baisse des prix des carburants, en est une preuve flagrante. Les manifestations, marches et activités de l’infatigable Jayen Chellum ne témoignent-elles pas d’une part d’un grand manque de solidarité populaire, et de l’autre de l’indifférence du pouvoir en place ? Les nominés politiques, catapultés à la tête des institutions, auront beau jouer la carte de l’assurance, les Mauriciens ne sont plus dupes depuis belle lurette.
Le manque total de mesures de soutien et d’accompagnement aux familles les plus démunies prouve que ce régime ne se soucie pas que, dans certains foyers, des enfants vont dormir ou partent à l’école le ventre vide. Non, les Rs 1 000 mensuelles ne font pas le poids dans la corbeille de la ménagère. Idem pour la compensation salariale, qui sera applicable dès fin janvier prochain. Une fois les factures payées – avec l’électricité, qui va encore augmenter paraît-il – ainsi que les remboursements et emprunts bancaires, que reste-il aux couples et familles au bas de l’échelle ? À peine de quoi acheter du pain et un peu de lait ? La dépréciation à vitesse grand V de notre roupie y est aussi pour quelque chose. Alors, quelles fêtes dans ces foyers ?
Lugubres et sombres semblent les jours qui se profilent. Et pendant ce temps-là, l’eau se raréfie encore un peu plus. Dans diverses régions, le robinet demeure inexorablement sec. Les réserves d’eau s’amenuisent, pour ceux qui ont aménagé dans leurs cours des réservoirs. Revoir le tarif de cet élément précieux afin d’injecter des fonds adéquats pour la réfection, l’entretien et la révision du système de distribution, qui est largement dépassé comparé à la demande et la fourniture ? Pas du tout ! Ce serait “electorally incorrect”. Ce serait s’attirer le vote sanction, illico.
L’opposition extraparlementaire réclame un système revu et amélioré de la Constitution. Cela, pour répondre aux attentes d’une population qui ne veut plus de ces dinosaures politiques. Mais à la place, de nouveaux leaders avides de travailler avec et pour le peuple. A cela, l’opposition parlementaire a évidemment son rôle à jouer. Pour une foule de raisons, parce qu’il semble plutôt loin, le Printemps Mauricien tant souhaité. Par exemple, en acceptant de prendre certains risques calculés. Comme mettre en avant quelques jeunes solides, déterminés et calibrés, tout en s’appuyant sur des anciens, pour leurs conseils et expertise. Ce serait offrir une équation plus adéquate. Bref, permettre à des équipes de mener bataille, et non des individus, impliquant encore l’élément ethnique, qui a suffisamment pourri le jeu. Autrement, c’est reparti pour la galère !

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