Virginie Bissessur (Pédostop) :« Ni la loi ni les sanctions n’empêcheront un pédophile de sévir »

Le jugement rendu par la Children’s Court après le viol d’une petite touriste indienne par un skipper, en juin, a envoyé celui-ci en prison pour 18 ans. Toutefois, les lois sévères ne sont pas toujours un rempart contre les crimes sexuels à l’encontre des enfants. Pourquoi ?

Psychologue clinicienne et directrice de l’ONG Pédostop, Virginie Bissessur apporte un éclairage sur cette question, qui fait surface après une agression à caractère pédophile. Tout en saluant la peine infligée à l’agresseur de cette enfant, la directrice de Pédostop plaide pour que le jugement par la Children’s Court sur des cas à venir se prononce aussi rapidement.
Par ailleurs, elle interpelle les parents sur l’utilisation par des pédophiles des photos et vidéos de leurs enfants postées sur les réseaux sociaux. À l’affût de likes et commentaires sur leurs petits, des parents internautes ne mesurent pas assez les risques que « la photo la plus innocente d’un enfant peut se retrouver dans un porte-folio (pédophile) qui sera vendu sur le dark web. »

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Le récent jugement rendu dans le viol d’une enfant, une touriste indienne de 11 ans, par un skipper, lequel a écopé d’une peine de 18 ans, a étonné plus d’un par sa rapidité. Votre opinion à ce sujet ?

Avec la nouvelle Children’s Court Act et la Children’s Act 2020, provision a été faite pour que les affaires impliquant des mineur(e)s et devant paraître devant le tribunal pour enfants soit prises et jugées rapidement. Pédostop ne peut que saluer le professionnalisme des magistrats qui ont dû travailler très vite, sans relâche et qui ont envoyé un message très fort aux agresseurs et potentiels agresseurs. Ce qui est une première à Maurice pour ce genre d’affaire.

Mais à Pédostop, nous espérons que tous les enfants victimes d’abus qui déposeront en vertu de la Children’s Act et qui auront à se présenter à la Children’s Court bénéficient de la même diligence que celle accordée à la petite victime indienne. Cependant, c’est une préoccupation qui reste en suspens. Est-ce que la vitesse à laquelle le cas de la petite touriste indienne a été traité était une exception ? Ou est-ce que ce sera la règle pour toutes les victimes. Il n’y a que l’avenir qui nous le dira, lorsque d’autres cas seront jugés.

En attendant l’avenir, il faudra bien qu’une institution veille à cette diligence que vous mentionnez…

Ce sera au Directeur des Poursuites publiques (DPP) de veiller à cela, c’est lui qui instruit les dossiers et vérifie comment ses avocats les présentent. Il reviendra aussi à la magistrature de veiller à l’application des lois. D’ailleurs, nous avons demandé un rendez-vous avec le nouveau DPP pour aborder la question des procédures. J’espère que nous aurons l’occasion d’évoquer la formation des magistrats, la lenteur judiciaire dans certains cas avec le DPP. Pédostop souhaite que sa porte lui sera ouverte.

Nous avions déjà établi un contact avec le bureau du DPP avant le départ de Satyajit Boolell, lequel avait soutenu les familles des victimes de l’école des sourds et que nous suivons également. Je peux dire que le bureau du DPP a été exemplaire dans la prise en charge de ces familles, dans la mesure où les enfants ont eu la possibilité de visiter le tribunal avant le procès.

Ce sont des efforts que nous apprécions, mais nous souhaiterions qu’ils deviennent la norme pour tous les enfants qui auront à passer par la Childrens’Court. Si je comprends bien, les magistrats seront désignés pour siéger à la Children’s Court. Et le fait qu’ils ne seront pas volontaires, je ne sais pas quels seront les critères qui définiront leur affectation à ce tribunal.

Hormis leur éligibilité basée sur les qualifications et l’ancienneté, est-ce que par exemple un magistrat qui a siégé essentiellement dans des affaires qui relèvent de litiges commerciaux aura plus ou moins de chance d’être envoyé à la Children’s Court qu’un magistrat spécialisé en affaire familiale ? Nous comptons organiser un autre colloque sur les abus perpétrés sur des enfants en octobre prochain et inclure à nouveau la participation de l’Institute for Judicial and Legal Studies.

Lors de la conférence de l’an dernier, nous avons eu l’occasion d’échanger pendant près de trois heures avec des avocats. Nous avons pu parler de l’importance de la parole de la victime. Comment cette parole peut être constituée comme preuve dans une cour et devant un jury, quand il n’y a pas de preuve matérielle et de certificat médical pour attester qu’il y a eu viol, quand il y a eu des attouchements ou quand l’enfant a eu à regarder des images pédopornographiques, qu’on lui a demandé de toucher le corps d’un adulte…

Dans ces cas, il n’y a pas de traces physiques. Toutes les preuves reposent sur les traces du traumatisme psychique de l’enfant. Si l’on arrive à démontrer les symptômes qui attestent que l’enfant porte un traumatisme, il y a des probabilités que celui-ci découlent des conséquences d’un ou des abus sexuels.

La loi sanctionnant la pédocriminalité a été renforcée. Mais malgré cela, dehors, des pédophiles ne semblent pas craindre la justice et passent à l’acte. Comment expliquez-vous cela ?

En effet, ni la loi ni les sanctions sévères ne font peur et n’empêcheront un pédophile de sévir. Cela ne s’explique pas par de la folie, mais par ce qui est décrit en psychiatrie comme étant de la paraphilie, lorsque l’objet ou le désir sexuel est déviant. Cette paraphilie est soumise à des pulsions qui ne sont pas toujours contrôlables. Il en va de même pour le pédophile qui peut passer à l’acte soit virtuellement en se tournant vers des sites pédopornographiques ou réellement en faisant une nouvelle victime.

Souvent, on évoque la castration chimique quand on parle de sanction. La castration chimique va ôter la libido du pervers, mais cela ne veut pas dire qu’il cessera pour autant de développer des fantasmes pédophiles dans sa tête et qu’il passera à un comportement sexuel normal. La castration chimique, qui doit être régie par la loi, doit aussi être accompagnée d’une thérapie pour contrôler les pulsions et éviter un passage à l’acte. Mais Maurice est à des années-lumière de s’attaquer à ce problème !

Est-ce que Pedostop est satisfait des sanctions infligées aux agresseurs pour des cas que suit l’ONG ?

Dans le cas de la petite Indienne, nous trouvons que la peine est amplement méritée. Mais, malheureusement, dans la majorité des cas, l’agresseur s’en sort parce que le jugement conclut au bénéfice du doute. Nous avons eu un cas, en novembre dernier, où malgré l’encadrement et la préparation de la victime par nos avocats, malgré son témoignage, en cour, en cohérence avec sa déposition, la magistrate a accordé le bénéfice du doute à son agresseur.

La fille qui a aujourd’hui 12 ans avait attendu cinq années avant de témoigner. Entre-temps, l’agresseur, qui est aussi un voisin, harcelait sa famille. Cette enfant a pris son courage à deux mains, surmonté un traumatisme, pour dénoncer son agresseur… Je suis estomaquée par la conclusion de cette affaire ! Malheureusement, c’est ce qui se passe dans la plupart des cas que nous suivons.

Depuis que vous êtes à Pédostop, combien de pédophiles dénoncés par vos bénéficiaires ont atterri en prison ?

Cela fait une année que je suis en poste. Sur les deux ou trois cas qui ont été entendus et jugés, aucune n’a abouti à une condamnation ! À ne pas oublier que pour l’instant, la majorité des cas qui sont en cour et dont le jugement sera bientôt prononcé relèvent des plaintes enregistrées avant 2022, soit antérieur à l’année de la promulgation de la Children’s Act et Children’s Court Act. Ces affaires sont encore jugées sous l’ancienne loi et à la cour intermédiaire. Avec la nouvelle Children’s Act, il n’y a pas de risques d’échappatoire pour les auteurs de délit sexuel !

Il n’y a pas longtemps, une magistrate a condamné un retraité à six mois de prison ferme pour avoir embrassé une enfant. Cette sanction s’explique parce que la plainte a été déposée en 2022. Tant que les cas enregistrés avant 2022 ne sont pas jugés, on n’aura pas la même sévérité dans les condamnations.

D’autre part, tant que les enquêtes policières piétinent et peinent à être bouclées à temps, dans un délai raisonnable pour être déposées au bureau du DPP afin d’être examinées pour définir s’il y a matière à poursuite et valider ou pas les charges préconisées par la police contre le présumé agresseur, l’affaire tardera à être présentée en cour.

Un non-lieu pourrait impliquer une probabilité de récidive. Quid des condamnés à leur sortie de prison ?

Déjà, bien souvent, un agresseur jugé coupable a auparavant été mêlé de près ou de loin à une affaire pédocriminelle. Lorsqu’on fait des recherches sur eux, notamment dans leur milieu familial, l’on découvre qu’ils ont eu des comportements équivoques, voire des premières victimes. Mais comme le sujet est tabou, l’auteur a été d’une certaine manière protégé et non dénoncé. Néanmoins, les agresseurs finissent pour la plupart d’entre eux par tomber sur une victime qui, elle, va parler.

Les condamnés, à Maurice, ne vont malheureusement pas suivre un programme, une thérapie spécialisée à l’intérieur de la prison. Même si on ne peut pas changer l’orientation sexuelle pathologique du condamné, il y a des méthodes pour lui apprendre à gérer et évacuer ses pulsions pour ne pas commettre à nouveau un délit.

Au Canada où ils ont une longueur d’avance sur Maurice sur la prise en charge des auteurs de délits sexuels en prison, ces derniers sont suivis après leur peine par un éducateur avec une obligation de soins, laquelle disposition est inexistante dans nos lois. À leur sortie de la prison, ils seront toujours sujets à la paraphilie…

Comment se reconstruit un enfant après un non-lieu ?

Cela dépendra de l’accompagnement qu’a reçu la victime après son agression. Si elle est soutenue par sa famille, est régulière dans sa thérapie de reconstruction, entre autres, elle aura déjà accompli et gagné en cheminement. Et quand le jugement négatif qu’un non-lieu va tomber, bien évidement cela va la bouleverser, mais sa reconstruction entamée va déterminer sa capacité à rebondir. Certaines victimes auront plus de mal que d’autres.

Comment un jugement peut contribuer à la reconstruction d’une victime ?

Un jugement est un élément extrêmement important, voire qui pèse un poids énorme dans le processus de la reconstruction. Reconnaître la culpabilité de l’agresseur, c’est aussi reconnaître la victime dans son statut de victime.

C’est la société, à travers le jugement du magistrat, qui vient dire à la victime que le tort qui lui a été fait n’est pas de sa faute. Et cela, psychiquement, est un soulagement incommensurable pour la victime. Elle sait que sa parole a compté et a été entendue. Elle n’a plus à se justifier en tant que victime.

C’est aussi épuisant pour les victimes d’avoir constamment l’impression de ne jamais être crues, d’autant qu’elles ne peuvent prouver matériellement ce qui leur est arrivé. Pour les victimes qui n’ont pas été soutenues par leur entourage, un jugement en leur faveur est tout aussi énorme pour elles qui ont vécu un abandon terrible pendant l’épreuve qu’elles ont traversée. Ce qui est encore pire lorsque la famille leur reproche leur agression.

Qui de la victime enfant ou adulte ferait plus preuve de résilience en cour ?

Je dirai l’enfant. Les adultes n’ont pas vécu que le traumatisme de l’abus. Bien souvent dans leur parcours, ils ont vécu de multiples traumatismes allant des relations familiales ou amoureuses chaotiques. La probabilité qu’une victime de viol subisse une deuxième agression est grande.

Contrairement aux adultes, les enfants n’ont pas eu le temps de vivre autant de traumatisme. Ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils sont moins affectés, d’autant que certains naissent et vivent dans des familles qui ont toujours été maltraitantes.

Toutefois, jusqu’à un certain âge, l’enfant garde ce qu’on appelle la pensée magique, la croyance en de belles choses. Et l’imaginaire va aider l’enfant à ne pas subir le trauma et ses conséquences. C’est un genre de mécanisme de défense qui lui servira de porte de sortie. Les adultes, eux, vont peut-être avoir la mémoire traumatique, les souvenirs vont peut-être disparaître pendant des années avant de réapparaître à nouveau.

Mais si l’enfant est toujours en situation de danger, la pensée magique ne peut pas se mettre en place, le cerveau va se mettre en mode de défense, de survie. Là il n’y aura plus de place pour l’apprentissage scolaire, l’affection, la socialisation… L’enfant est plus résilient que l’adulte, oui, car il est plus malléable aussi, mais sa résilience dépendra de son contexte environnemental.

Pouvez-vous rappeler les séquelles psychologiques qui surgissent chez les enfants victimes d’abus sexuels ?

Au moment de l’abus, le cerveau de la victime va se mettre en mode switch off de manière automatique ; c’est un moyen pour l’enfant de survivre à cette agression. Dans le narratif des victimes, elles expliquent qu’elles ne pouvaient ni crier ni s’exprimer, et ni se défendre. Cette incapacité de capacité de se défendre relève d’un phénomène neurobiologique qu’on appelle de la sidération : l’hypothalamus coupe la connexion entre la zone supérieure du cerveau et les zones motrices du corps. C’est une séquelle qui doit être prise en charge parce qu’elle est accompagnée de culpabilité, l’enfant ne comprend pas pourquoi il n’a pu se défendre.

Les autres symptômes vont apparaître avec les troubles post-traumatiques, dont un état d’extrême vigilance, de survie, des cauchemars… C’est un état qui va mobiliser l’énergie de son cerveau. L’enfant ne peut alors être dans de bonnes conditions d’apprentissage, l’école devient compliquée pour lui. Il se refuse à des interactions amicales pour que personne ne devine ce qui lui est arrivé. Il y aura des changements de comportement plus visibles pour certains enfants, notamment l’irascibilité, ils vont passer par des périodes de régression, ils feront pipi au lit… Un abus est un coup d’arrêt au développement de l’enfant.

En revanche, d’autres enfants vont entrer dans un grand oubli. Ils ont cette capacité à se réinvestir dans leurs activités et reprendre un développement qui apparaît normal. Mais au cours de leur vie pourra surgir un événement, quelque chose, une odeur, un lieu qui peut leur évoquer leur agression. Ces émotions et sensations reviennent alors avec une violence inouïe.

Vous donnez-là des pistes instructives aux parents.

Il n’y a pas de meilleure façon pour les parents de protéger leurs enfants que d’être proches d’eux. Les parents n’ont pas pour autant besoin d’être sur leur dos, mais ils peuvent par exemple tendre l’oreille quand ceux-ci jouent avec leurs amis, être attentifs à ce qu’ils se racontent et tout simplement s’intéresser à ce qu’ils font en dehors de la maison.

Étant donné la nature de votre mission, est-ce que Pédostop est au courant du nombre d’enfants victimes d’abus sexuels répertoriés par la Child Development Unit ?

Lorsque j’ai demandé des chiffres à la CDU, en février dernier, je ne les ai pas eus. Il y aurait chaque année quelque 400 enfants victimes d’attouchements et d’abus. À Pédostop, nous suivons une trentaine de bénéficiaires masculins et 140 féminins, parmi lesquels des mineur(e)s et des adultes. Les adultes viennent chercher de l’aide pour des faits qui ont été commis dans leur enfance. Les chiffres vont en augmentant.

Tous les observatoires de la pédophilie à travers le monde indiquent que le nombre de cas explose dû à la facilité d’accès à la pornographie et aux réseaux pédophiles interconnectés sur le dark web. La surveillance de ces sites est pour la police en cybercriminalité un travail titanesque. Quand il s’agit du dark web, la police mauricienne ne pourra pas agir seule, il faudrait une coopération internationale.

D’autre part, il faut prévoir un support psychologique pour nos policiers qui traquent les crimes pédophiles. Ce n’est pas évident pour eux — qui sont pères et qui après une journée d’enquête vont rentrer chez eux et voir leurs enfants — d’assister à un défilé d’images et de messages aussi durs. À un moment donné, il faut leur offrir des espaces pour qu’ils puissent évacuer leurs émotions et ne pas finir par un burn-out. Je ne suis pas au courant de l’existence d’un dispositif de supervision pour cette unité, hormis des formations dont ils bénéficient de temps en temps.

Les parents n’arrivent pas ou ne peuvent pas tout contrôler des activités de leurs enfants sur des réseaux sociaux…

Certes ! Mais le parent qui met une tablette dans les mains de son enfant pour ensuite lui tourner le dos se décharge de ses responsabilités éducatives. Les adultes et les parents ne peuvent pas dire qu’ils ne sont pas au courant de la dangerosité potentielle d’internet et des réseaux sociaux. Ils ne sont peut-être pas au courant de tout ce qui se passe et de l’existence du dark web, mais ils savent très bien que leurs enfants sont potentiellement des proies faciles pour des prédateurs, que leurs ados peuvent se faire arnaquer et devenir l’objet de chantage, de revenge porn. Cela ne les intéresse pas de savoir ce que font leurs enfants silencieux dans leur chambre pendant des heures sur internet ?

Il y a un bon nombre d’applications gratuites de contrôle parental. Alors pourquoi ne pas prendre quelques secondes et installer un logiciel de contrôle pour comprendre ce que fait votre enfant sur internet et avec qui il parle ? D’ailleurs, c’est ce que nous faisons dans notre quotidien, quand nous voyons notre enfant parler à un/e inconnue/e, nous lui posons des questions sur l’identité de son interlocuteur, nous intervenons !

En exposant leurs enfants sur des réseaux sociaux parce qu’ils sont « bien kokas », est-ce que ces parents les mettent à risques ?

En dehors des sites pornographiques, les pédophiles utilisent toutes des photos d’enfants mises sur les réseaux sociaux. La photo la plus innocente sans équivoque sexuelle d’un enfant peut se retrouver dans un portefolio qui sera vendu sur le dark web. Pour les pédocriminels, la matière la plus recherchée sera des photos et vidéos d’un enfant nu, en maillot de bain sur la plage que tous les followers des parents vont liker et trouver craquants.

Que conseillez-vous aux parents internautes dans ce cas ?

C’est difficile de leur demander de ne plus partager des photos qui relatent des instants importants dans la vie et le quotidien de leurs enfants. Sinon, qu’ils sélectionnent uniquement les moments clés qu’ils souhaitent montrer et qu’ils accordent une attention spéciale à leur liste d’amis, tout en gardant en tête que tout ce qui est publié sur les réseaux sociaux ne relève plus du privé !

Avec l’ère ChatGPT, comment éviter des dérives pédophiles via l’intelligence artificielle ?

Il revient à l’État d’instaurer des remparts à travers des cadres légaux et de mettre des instances de contrôle pour prévenir des dérapages. Et surtout penser à la formation des parents. Mais problème ! Nous n’avons même pas introduit l’éducation à la sexualité dans les écoles, comment va-t-on former des parents pour les sensibiliser sur les dérapages à caractère pédophile en ligne ?

Il fut un temps où la National Empowerment Foundation avant lancé une école des parents. Elle n’était peut-être pas au top, mais elle était utilisée comme plateforme d’échanges entre les ministères, les psychologues et les parents. Nous pouvons apprendre beaucoup des parents. En matière de prévention contre la pédophilie et la sensibilisation des parents, on ne peut pas dire que Maurice est à la traîne comparé à d’autres pays puisque nous n’avons encore rien commencé ! Ce n’est pas pour rien qu’après un drame on entend le public scander : Kot prevansion CDU-la ?

En passant, cela ne sert à rien de taper sur la CDU, car aucune institution ne fonctionne correctement ! Et combien pourra-t-on demander à la Brigade de la protection de la famille laquelle se retrouve avec une montagne de dossiers à traiter. Ces officiers travaillent dans des conditions difficiles, sans formation, dans des locaux vétustes… Certains ont pris l’initiative de décorer à leurs frais un coin de leur bureau pour le rendre child friendly, alors qu’il revient à l’État de le faire.

La Children’s Act fait provision de mesures coûteuses comme l’enregistrement vidéo des dépositions d’enfants pour leur éviter de se répéter, qui ne sont pas appliquées. J’aurais souhaité savoir quel bureau de la Brigade de la protection de la famille dispose d’une caméra et de policiers formés pour filmer et mettre un enfant à l’aise pendant sa déposition !

Est-ce que Pédostop a eu accès au registre des sex offenders ?

Non ! Pas que Pédostop, mais toutes les institutions et organisations qui travaillent avec les enfants devraient y accéder. Ce registre est important pour ceux qui doivent recruter un personnel appelé à travailler avec des enfants.

Les données et études scientifiques sur les agressions sexuelles font défaut à Maurice. C’est pour cette raison que Pédostop est en train de monter un projet, il s’agit d’une application, une première du genre, avec un moteur de recherche. Cette application permet à son utilisateur d’avoir des informations quantitatives. Notre projet a été envoyé au Mauritius Institute and Research Inovation Council et se fera avec la collaboration de DCDM Research.

Malgré un effectif réduit, Pédostop a décuplé ses interventions en quelques mois. Quelle est votre prochaine mission ?

En octobre dernier, nous avions organisé un colloque avec des spécialistes de La Réunion. Nous récidivons cette année. De janvier à mai dernier, nous avons animé 35 sessions. Il y a deux semaines, nous avons envoyé une lettre au commissaire de police et à la Brigade de la protection de la famille pour leur demander la permission de commencer un projet sur une base pilote. Avec l’aide des partenaires du privé, nous voulons offrir des goody bags aux bureaux de la brigade. Nous commencerons à Piton.

Il s’agit d’un petit sac pour l’enfant qui viendra consigner sa déposition, laquelle peut durer entre deux et plusieurs heures. Il contiendra un goûter pour l’enfant, un kit d’hygiène, un jouet en fonction de l’âge de la victime, des vêtements de rechange au cas où ceux qu’il porte doivent être examinés et où lui-même doit être hospitalisé. Nous attendons la réponse des autorités. Si cela marche, nous pourrons alors évaluer les changements, que nous souhaitons positifs, apportés par le projet.

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