Assemblée générale extraordinaire : La MTCSL retirée de la course

-Le président Gavin Glover déclare que le MTC, n’est pas mort

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  –« Le MTC-MTCSL a été victime d’un complot bien orchestré depuis des années », affirme-t-il

  –Les propositions indécentes de PTP pour le Cost-Sharing Agreement mises à nues

La MTC Sports and Leisure Limited n’organisera pas les courses en 2023. C’est ce qu’ont décidé les membres du Mauritius Turf Club, qui ont voté massivement (seulement deux contre) en faveur de cette décision après avoir écouté attentivement les explications données tour à tour par le président du MTC, Gavin Glover, l’administrateur Philippe Hardy et la présidente de la MTCSL, Anne Sophie Julienne. Pas question de grossir les pertes du MTC qui s’élèvent déjà à plus de Rs 130 millions, d’autant qu’il est maintenant connu de tout le monde que le MTC-MTCSL a été victime d’un complot bien orchestré depuis des années. Les développements survenus ces derniers temps dans le sillage de la demande de la MTCSL à la Côte d’Or International Racecourse and Entertainment Complexe Limited (COIREC) pour un renouvellement de son bail sont venus confirmer, si besoin est, la détermination des autorités d’évincer le club bicentenaire au profit de People’s Turf PLC, dont le principal actionnaire n’est autre que le magnat des jeux Jean Michel Lee Shim. Et pour ajouter aux malheurs de la MTCSL, PTP lui a proposé un draft contract pour le Cost-Sharing Agreement de la piste du Champ de Mars avec des conditions inacceptables. Résultat : le MTC, sentant qu’il n’y a aucune volonté des autorités pour redresser la situation, a pris la seule et unique décision possible, celle de ne pas accorder son feu vert pour que la MTCSL poursuive ses activités en 2023.

C’est un Gavin Glover très concerné, mais anxieux, qui s’est adressé aux membres du MTC vendredi après-midi lors de l’assemblée générale extraordinaire. Il n’est pas passé par quatre chemins pour brosser un portrait de la situation à laquelle fait face le MTC-MTCSL depuis quelques années déjà et, par conséquent, la décision d’arrêter les opérations, du moins pour 2023, coule de source. Les chiffres ne plaident pas du tout en faveur du MTC-MTCSL et prenant en considération la tournure des événements avec notamment PTP comme interlocuteur dans les négociations pour le renouvellement du bail de la piste du Champ de Mars, il était quasiment impossible d’entretenir le moindre espoir d’organiser les courses en 2023.

Renouvellement de licence : la MTCSL
pas fautive

Pourtant, en prenant les rênes du MTC, Gavin Glover pensait sincèrement pouvoir aller plus loin, mais il s’est très vite rendu à l’évidence que le sort du MTC-MTCSL était scellé. D’abord, il y a eu le traitement du dossier du renouvellement du bail du Champ de Mars et, sur ce point, Gavin Glover a dit que la MTCSL n’avait absolument rien à se reprocher, même si elle a fait sa requête tardivement du fait le board n’était pas correctement constitué avec l’absence notamment d’un Chief Executive Officier, un Chief Financial Officer, entre autres. De plus, il n’y avait aucune visibilité sur les détails de la saison 2023.

Gavin Glover a par la suite commenté brièvement le draft contract proposé par PTP, un contrat qui contient des conditions ridicules et inacceptables, à l’image même de la somme astronomique de Rs 12 millions demandée pour l’entretien de la piste pour 18 journées seulement. Ajoutez à cela, PTP a demandé Rs 100 000 pour l’installation des false rails, alors que l’an dernier il avait refusé une offre du MTC à Rs 50 000 par journée. La MTCSL ne comprend toujours pas pourquoi PTP lui a demandé une somme de Rs 1 million pour le sable, alors que cette dépense aurait dû être incluse dans la somme demandée pour l’entretien des pistes. Dans la salle, les membres ne croyaient pas leurs oreilles et cachaient à peine leur étonnement, voire leur colère, d’autant que la COIREC n’a pas jugé bon d’intervenir pour que les négociations entre le MTC-MTCSL et PTP progressent.

Le président du MTC a eu une pensée spéciale pour les employés qui ont travaillé dans l’angoisse ces derniers mois, n’ayant aucune idée sur leur avenir. Toutefois, il a dit que les droits des travailleurs seront respectés et « nous ferons tout ce que la loi nous demande de faire. Les dispositions légales qui existent seront appliquées. Nous n’allons pas les laisser tomber. Il y a donc une forte possibilité que la MTCSL soit mise en liquidation et le plus tôt ce sera, le mieux ce sera. Peut-être dès lundi, nous enclencherons les procédures . »

Tout en acceptant que la situation est très compliquée pour la MTCSL, Gavin Glover a dit que le MTC n’est pas mort et qu’il reviendra en temps et lieu. C’est du reste le vœu de tous les membres présent vendredi après-midi. Même si l’atmosphère était pesante, on pouvait sentir qu’ils voulaient tous que le MTC continue d’exister. Alors que le MTC voulait vendre ses propriétés de Floréal pour éponger ses dettes, d’autres sont d’avis qu’il faut faire exactement le contraire, c’est-à-dire vendre ses biens se trouvant au Champ de Mars et conserver le Centre Guy Desmarais à Floréal pour faire de lui un centre équestre dernier cri avec toutes les facilités nécessaires pour que le MTC puisse poursuivre ses activités autour du cheval. Toutes les options seront étudiées, a promis Gavin Glover, qui a révélé que le MTC n’a pas pu vendre Floréal tout simplement que l’offre obtenue était nettement inférieure à la somme que le board avait décidée. Au fait, la somme demandée était de Rs 259 millions, mais le MTC n’a eu qu’une offre à Rs 132 millions. Du coup, le MTC pensait vendre Floréal en trois lots, les deux petits dans un premier temps et le plus grand ensuite.

Le Cost Sharing
Agreement décortiqué

La présidente Anne Sophie Julienne a parlé en détail du lease de la COIREC pour 2023 qui débuterait dès l’obtention de la licence d’organisateur des courses jusqu’à la fin de la saison 2023. Ce contrat comprend la location de la piste en herbe et celle en sable, excluant tout l’intérieur, y compris le trotting track, sans compter que « nous n’aurions pas d’accès aux espaces occupés par PTP », a précisé Anne Sophie Julienne. Si la COIREC a revu de fond en comble le contrat qui le lie avec la MTCSL, en revanche, la somme de la location est demeurée la même, soit Rs 250 000 par réunion. Par ailleurs, la MTCSL est tenue à donner une garantie bancaire de 100% des montants à la signature du contrat, soit un total de Rs 4,5 millions, ce qui est tout simplement ahurissant.

Parlant du Cost-Sharing Agreement, la présidente de la MTCSL a déclaré que PTP « nous a imposé de signer non seulement un Non Disclosure Agreement », mais aussi que « MTCSL withdraws all allegations and defamatory statements made against PTP and its Chief Executive Officer as well as its board of directors and officers and state that the officers of PTP are sound of mind » et que la MTCSL « recognizes and acknowledges that PTP is not oppressive, abusive and unreasonable in its conducts and administration of the turf tracks or in the present cost-sharing agreement or as a HRO. » La lecture de ces deux conditions a été accueillie par un brouhaha dans la salle.

Trois questions
aux autorités

Mais ce n’est pas tout, continua Anne Sophie Julienne. La MTCSL devait reconnaître que PTP « has a fit and proper team headed by Guillaume Maurel from Terre de Vie Ltée and including other officers for the building, maintenance and upkeeping of the Champ de Mars tracks to the required standard and that PTP has up to date performed an excellent job with the upkeeping and maintenance of the two tracks. » Dans la stratégie mise en place, il nous revient que la COIREC aurait agi comme arbitre en cas de litige et que la MTCSL perdrait sa garantie au cas où elle arrêterait d’organiser les courses. Pour toutes ces raisons, le MTC-MTCSL ne pouvait accepter la proposition indécente de PTP.

Par ailleurs, la présidente de la MTCSL dit qu’il y a eu une volonté claire et nette des autorités de «nous achever». Les exemples ne manquent pas : favoritisme flagrant envers PTP, refus de donner une journée de substitution à la MTCSL, suspension à la MTCSL d’importer les chevaux et le soutien à PTP dans sa tentative d’empêcher le MTC-MTCSL de louer leurs loges lors des journées de courses de PTP.

Anne Sophie Julienne a, à la fin de son exposé, a demandé aux membres : 1 : Est-ce que la GRA/HRD sont des organismes indépendants ? 2 : Peut-on avoir confiance en la GRA, HRD et la COIREC ? et 3 : Les autorités ont-elles démontré qu’elles avaient l’intention de laisser la MTCSL en paix pour qu’elle puisse organiser les courses dans des conditions normales, justes et équitables ?

Les chiffres du MTCSL

Philippe Hardy a, quant à lui, brossé un tableau de la situation financière tout en fournissant des chiffres en se basant sur les statistiques. Il a expliqué comment le betting turnover a baissé drastiquement. Cette baisse drastique est alarmante et pèse très lourd dans les finances de la MTCSL. De plus, SMS Pariaz, a-t-il dit, a trouvé un moyen pour ne pas payer à la MTCSL ses redevances pour la saison 2022 et a, dans la foulée, intenté un procès à la MTCSL. Philippe Hardy a également élaboré sur le plan de pension, un problème que traîne le MTC-MTCSL depuis des années, mais elle n’est pas la seule société à Maurice à se trouver dans cette situation. Philippe Hardy a aussi révélé que le nombre d’employés du MTC-MTCSL a baissé sensiblement et qu’ils ne sont aujourd’hui que 191. L’emprunt auprès des banques se chiffre à Rs 78 millions, incluant les salaires du personnel pour le mois de mars.

À la suite à cet exposé, Gavin Glover a répondu à quelques questions des membres avant que ceux-ci ne soient appelés à passer au vote. C’est à main levée que la quasi-totalité des membres ont voté pour que le MTC ne soutienne plus la MTCSL d’organiser les courses en 2023. Seuls deux membres ont voté pour.

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