TAC-O-TAC – Xavier-Luc Duval: “Pour moi, les élections c’est juste après le budget”

“La répartition des sièges au sein de l’opposition est un sujet brûlant…” “Que Maurice redevienne un plaisir pour ses habitants” “Nous souhaitons tous que le DPP gagne son affaire”

Après avoir pris un bon et nécessaire moment pour être aux côtés de sa mère en Grande-Bretagne pendant les vacances parlementaires, Xavier Duval s’est fait remarquablement discret. Mis à part une conférence de presse à son retour avec ses collègues de l’Alliance de l’opposition, il est resté en retrait des tumultes médiatiques mauriciens, parfois très clivants. Il a évité autant que faire se peut  les apparitions publiques prolongées et les débats politiques enflammés, surtout devant une presse scrutatrice. Week-End a cherché à en savoir plus sur son état d’esprit à la veille de la rentrée parlementaire, ainsi que sur ses motivations et objectifs pour ce qui pourrait être la dernière session de la présente législature. Quant à l’annonce concernant la répartition des tickets et la situation au sein de l’alliance de l’opposition, Week-End a eu droit à la rhétorique habituelle des politiciens, une pirouette subtile et polie…

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Il y a unanimité au sein de la population pour admettre que vous faites du bon travail comme leader de l’opposition en acculant le GM dans ses derniers retranchements, comme lors de la dernière séance parlementaire. Êtes-vous toujours dans ce mood de fighter ?

Malgré des conditions souvent difficiles, avec un speaker intransigeant, “bias”, brutal, et ne montrant aucun respect pour les élus, nous avons fait notre travail. Et nous continuerons. La démocratie a besoin d’un gouvernement et d’opposants sérieux. Ce n’est pas notre habitude de mentionner, avant l’échéance, les PNQ, mais je peux dire que pour cette nouvelle session parlementaire, nous avons énormément de dossiers à traiter. Que ce soit les inondations, les nouveaux sujets, comme Silver Bank… Il y a aussi Air Mauritius, Agaléga… Il y a énormément de dossiers, pas que pour moi, mais que tous les élus de l’opposition vont aborder. Et encore plus car c’est la dernière session. Des deux côtés de la Chambre, il y aura encore plus d’adrénaline, sans aucun doute.

Quels sont les principaux enjeux que vous prévoyez pour cette nouvelle session parlementaire, et quelles actions l’opposition – dont vous êtes le chef de file au Parlement – compte-t-il entreprendre pour les adresser ?
Comme je l’ai dit, il y a énormément de dossiers qui seront pris par l’opposition, mais il y a aussi des lois. Comme celle qui sera présentée mardi prochain concernant les personnes handicapées et sujet sur lequel je prendrai la parole. Il est temps de prendre ce dossier complètement au sérieux. J’avais essayé d’y toucher lorsque j’étais au gouvernement, sans succès. Ce n’était pas mon ministère. Il est grand temps de faire le point sur la situation des handicapés qui sont des gens marginalisés, qui n’ont pas de voix. Il est important que l’opposition soit leur voix.

Comment évaluez-vous la performance du gouvernement actuel jusqu’à présent, et quels domaines, estimez-vous, nécessitent des améliorations ou des réformes urgentes ?
Dans tous les domaines, nous avons vu d’énormes failles. Que ce soit législatif, administratif ou institutionnel. Il y a aussi la situation de la drogue. L’étendue de la drogue fait peur. C’est un fléau qui touche toutes les familles mauriciennes et leurs enfants. Même des proches des politiciens sont tombés dans l’enfer de la drogue. C’est quelque chose de primordial. Il y a aussi la peur que les Mauriciens perdent leur liberté fondamentale. Il y a la situation par rapport à la police, son inefficacité mais aussi le parti-pris. Il y a la nécessité de protéger nos institutions encore indépendantes. Il y a énormément de sujets qui doivent être repris. Et nous l’avons dit: le prochain gouvernement sera un vaste chantier. L’objectif est de faire de sorte que Maurice redevienne – comme le slogan de 2010 qui n’est probablement plus le cas – un plaisir pour ses habitants.

Face aux défis économiques et sociaux persistants, quelles sont vos propositions spécifiques pour stimuler la croissance et l’emploi, tout en assurant le bien-être des citoyens ?
Il n’y a pas quatre chemins. Il faut la productivité, le dur labeur et l’innovation, ainsi qu’une rémunération juste et saine permettant à tout le monde de vivre décemment. Et tout cela basé sur un système d’éducation qui ne laisse personne en bordure de route. Nous avons besoin d’un système d’Éducation qui identifie et encourage les jeunes talents parmi les habitants de Maurice.

La vulnérabilité de notre pays au changement climatique a été vécu en direct lors du cyclone Belal. Quelles mesures concrètes proposez-vous pour lutter contre le changement climatique et promouvoir la durabilité ?
Il y a toute une panoplie de mesures qui doit être prise. Port-Louis est aujourd’hui une ville sinistrée. Je n’entrerai pas dans les détails pour des raisons évidentes, car j’y reviendrai, mais Port-Louis et plusieurs autres régions sont devenues des endroits sinistrés. Il faut repenser aux travaux d’infrastructures, et cela de façon professionnelle et non pas amateur. Il y a les constructions sauvages, exagérées, les infrastructures, les équipements de sécurité, les centres d’accueil, même les assurances des bâtiments… à revoir.

Par rapport à l’actualité qui domine, quel regard portez-vous sur le conflit entre le DPP et la police ?

Je ne suis pas avocat, mais j’ai lu la plainte du DPP et je dois dire, en tant que layman, que c’est bien expliqué et qu’il a raison. C’est une plainte qui met clairement en évidence les dangers liés à une politisation d’un système de justice. Nous souhaitons tous que le DPP gagne son affaire et nous espérons qu’il pourra convaincre la Cour de la justesse de ses arguments. Le bras de fer entre la police et le DPP est malsain et dangereux pour la lutte contre la criminalité. Le système de justice dépend de la coopération nécessaire entre ceux qui enquêtent et ceux qui poursuivent. S’il n’y a pas cela, toute la société en souffrira.

Vous êtes peu loquace, ces derniers temps, et on ne vous a pas entendu sur l’allocation des sièges au sein de l’opposition, pour les prochaines législatives. Est-ce un sujet brûlant et clivant entre vous et vos partenaires?
Effectivement, c’est un sujet brûlant. Je n’ai pas habitude de parler à la presse s’agissant des négociations en cours. Et je vais maintenir cette attitude qui m’a bien servi dans le passé.

Et pour vous, les élections seront pour quand ?
C’est pour très bientôt. Le pays doit se préparer à avoir des élections dans les mois à venir. Pour moi, ce sera juste après le budget. Mais on ne sait pas trop quand ce budget sera présenté. Ce qui est sûr, c’est que c’est très bientôt. Et nous devons nous y préparer.

Réalisée par Kathleen pierre

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