(Journée chagossienne) Olivier Bancoult : « Enn pep san kiltir kouma dir enn pie pena racine »

La journée du 8 novembre 2020 qui a réuni au siège du Chagos Refugees Group à Pointe aux Sables, Chagossiens et autres personnes venues découvrir une culture, un patrimoine culinaire, est le prolongement de la cérémonie commémorative qui a marqué le 3 novembre la déportation des Chagossiens et l’exil de forcé de leur île natale (l’archipel des Chagos notamment de Diego Garcia, Peros Banhos, Salomon). La date du 3 novembre coïncide avec le 3 novembre 2000 lorsque la Haute Cour de Londres avait rendu un jugement en faveur du peuple chagossien et aussi le jour où ce peuple honore ses morts, dira Olivier Bancoult, le leader du Chagos Refugee Group. Cuisine, musique, rencontre ont marqué cette journée chagossienne, l’occasion, de se rejoindre autour d`un partage organisé et la volonté de valoriser et de sauvegarder le patrimoine culinaire.

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Ce dimanche-là au siège du Chagos Refugees Group à Pointe-aux-Sables, les seraz pwason, seraz poul, raie au lait de coco, mouroum grillé et autre casse cassé pwason étaient installés sur des tables dans d’énormes marmites. Les personnes venues découvrir la cuisine chagossienne, entre autres, se pressaient pour récupérer les plats chauds. L’occasion de découvrir une cuisine marquée du sceau de la tradition locale et de l’héritage gastronomique. Un patrimoine riche d’une diversité de produits, le reflet de l’identité du territoire chagossien, un signe fort de reconnaissance d’un art culinaire comme un élément essentiel de la culture et du patrimoine de ce peuple.

La cuisine, au-delà de l’alimentation, est le phénomène qui rend au mieux compte de la vie d’une communauté, dans l’espace et dans le temps. Comme le souligne Olivier Bancoult, qui guide notre visite, ce patrimoine culinaire, outre son importance indéniable pour une activité économique et éducative, de par son ancrage dans une culture, une histoire, est aujourd’hui menacé.

La cuisine est un acte culturel, un plaisir qui se partage, se transmet. La transmission orale de cette culture se fait aux jeunes. «Nou anvi montrer nou bane zen sa risess ki nou ena parski zour en zour bane dimoun ki fine né dans Chagos pe quitte sa le monde-la. Alors kan zot pe quitter, kouma dire enn dictionnaire pe briler… nou pe anvi transmet sa kiltir a bane zen. Zordi bane zen fine montre ene l`interet pou sa. Zot pe commence aprane kouma rape coco, kouma prepare dile coco, sa se ene zafer ki vreman encourageant», déclare Olivier Bancoult. Toute une nourriture préparée à base de lait de coco — poisson, raie, riz au lait de coco, ourite, casse cassé poisson préparé avec le bilinbi long (les chagossiens n’utilisaient pas de pomme d`amour dans la préparation), brède mouroum grillée avec du piment sec, chatini coco fait à la main et autre dessert mouf fruit à pain, banane carrée provenant de l’archipel et plantée à Maurice.

Ce patrimoine culinaire, transmis de génération en génération, est recréé en permanence par la communauté de leur interaction avec la nature, d’où le projet jardin bio pour encourager les jeunes à se tourner vers la terre. «Nou fine touzour intéressé par ledikasyon bane zenfan meme bane ki pane reussi pou trouve ene alternative… zordi tou dimoun pe tourne vers la terre. William Jean-Louis fine aprane planter depi so papa. So plantation bio pena pesticide, li prépare son compost ek plante calebasse, giraumon, concombre, petsai, cotomili… bane zenfan ale lacaz ek fer ene kitchen garden, li parey pou bane madam aussi», dira Olivier Bancoult. Et d’ajouter après 37 ans d’activisme que le combat pour la revendication de l’archipel des Chagos est indissociable de la culture. «Li ene sel combat, kan nou pe amene ene lalit concernant revendication li ena ene l’aspect ki important se l’aspect kiltirel… enn pep san kiltir kouma dir enn pie pena racine… nou penser ki tousala bizin pour forme sa combat-la. Nou pa zis lor reclamasion nou le montrer sa kiltir differan. Nou dignité li pas au detriment nou bane droits… droit de retour pou seki fine né lor ene l’île habitable.» Preuve que cette journée Chagossienne est également symptomatique d’un phénomène plus général qui explique dans une large mesure la convergence des Chagossiens.

 

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