Restauration des récifs coralliens – Sébastien Sauvage (eco-sud) : « la situation est hautement critique »

Mieux vaut tard que jamais. Le projet de restauration des récifs coralliens, financé par le GEF Small Grants Programme du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) suite au naufrage du navire MV Wakashio il y a deux ans, va enfin démarrer.

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Comme l’a indiqué le ministre de Pêche, Sudheer Maudhoo, la semaine dernière, la restauration concernera ainsi des coraux atteints sur une zone couvrant quelque trois kilomètres. Une nouvelle accueillie favorablement par les habitants de la région, mais aussi par les ONG qui y opèrent, dont Eco-Sud, qui s’est engagée depuis 2017 à protéger et restaurer les récifs coralliens dans cette partie de l’île.

« Notre réaction ne peut être que positive », déclare Sébastien Sauvage, d’Eco-Sud. Il se réjouit que les autorités démarrent ce projet de restauration en espérant cependant que d’autres mesures en amont seront prises pour protéger les coraux de l’île qui sont dans un « état hautement critique ». En effet, depuis 2017, Eco-Sud a inauguré sa nurserie de coraux à proximité de l’île aux Aigrettes avec l’aide du GEF Small Grants Programme de l’UNDP. « À ce jour, nous avons eu 7 000 fragments de corail qui ont été intégrés à notre nurserie et 6 029 fragments qui ont été transplantés avec succès. »

L’année dernière, l’ONG a pu lancer le projet Restoring Marine Coral Reefs to Meet a Changing Climate Future financé par l’UNDP/AF. D’ailleurs, durant la semaine, 43 bénéficiaires, dont plusieurs femmes de la région, ont reçu leurs certificats de formation, ce qui leur permettra d’implémenter ce projet avec Eco-Sud sur les cinq prochaines années.

Ce projet d’envergure a pour but de réhabiliter 1,5 hectare de coraux dans le parc marin de Blue Bay. « Notre nurserie de coraux n’a heureusement pas été affectée par l’huile du Wakashio », précise-t-il. Et il ajoute que le projet de restauration des coraux du parc marin qui s’étalera sur cinq ans a pour objectif d’impliquer au maximum la communauté et aura une forte composante pédagogique et de sensibilisation autour de nos trésors naturels que sont les coraux et le projet de restauration.

« Le projet suit une méthodologie scientifique rigoureuse qui aura pour effet de développer les capacités des bénéficiaires et de développer les connaissances des citoyens de la région. Nous irons aussi dans les écoles afin de créer de l’awareness autour de la restauration et des écosystèmes de l’île », explique Sébastien Sauvage.

Par ailleurs, il martèle qu’il est important de s’attaquer au problème des coraux en amont, car « l’on sait tous que les wetlands, les dunes filtrent l’eau, limitant ainsi les sédiments et autres polluants d’aller en mer, ce qui permet aux coraux de pousser. On a beaucoup construit sur les Environmentally Sensible Areas (ESA) et cela a un effet négatif sur les coraux. »

Sébastien Sauvage est ainsi catégorique : replanter les coraux n’est pas une panacée. Il faut, selon lui, « arrêter de bétonner partout et protéger les zones écologiquement sensibles » pour limiter les prédictions du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) annonçant la disparition de tous les coraux d’ici 2050, ne se réalisent. De leur côté, Eco-Sud et plusieurs autres collectifs écocitoyens continuent leurs plaidoyers pour protéger ces écosystèmes à bout de souffle.

« Par exemple, Roches-Noires est un key biodiversity area, un hotspot de biodiversité. C’est complètement incohérent de donner une letter of intent aux promoteurs pour construire là-bas », fustige-t-il. Pour lui, il ne peut que constater que les autorités « ont beaucoup de mal à changer de mindset. En plus, avec la crise du climat et la crise de la biodiversité, il faut arrêter de mettre une pression inutile sur nos écosystèmes. Il faut travailler à augmenter leur résilience. »

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