Aviation : Abhishek Sadaphul, un Mauricien chez Rolls-Royce

Ils sont nombreux à avoir choisi un pays autre que leur pays natal pour faire carrière. Un choix difficile pour certains qui gardent néanmoins leur port d’attache à Maurice. Parmi ces fils du sol, l’on retrouve Abhishek Sadaphul, Performance Engineer chez Rolls-Royce. Etabli en Angleterre depuis quelques années, ce passionné d’aviation qui a travaillé, entre autres, sur le moteur Trent7000 de l’A330neo acquis par la compagnie d’aviation nationale, nous conte son parcours.

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Abhishek Sadaphul est un jeune homme qui aime bien prendre son temps. Dans une vie qui va à 100 mille à l’heure, le Mauricien essaie tant bien que mal de faire la balance entre vie personnelle et vie professionnelle. « J’ai passé plusieurs années de ma vie à travailler, sans vraiment me rendre compte que l’essentiel ce n’est pas ça », nous dit-il. En effet, cela va faire bientôt faire trois ans depuis que le jeune Mauricien a intégré l’équipe d’ingénieurs de Rolls-Royce. Le fruit de longues années de travail, d’études et de sacrifices. « Je suis une personne qui aime apprendre et découvrir de nouvelles choses. Après avoir lu ce que proposait Rolls-Royce, j’ai décidé de postuler. Et c’est après avoir été interviewé près de quatre fois que j’ai eu le job », dit-il. Employé comme Performance Engineer, il a l’occasion d’y rencontrer trois autres Mauriciens, tout aussi brillants. Il est néanmoins un des seuls à être resté.

Abhishek Sadaphul est en vérité un citoyen du monde. Né de parents mauriciens, il est pourtant né en Italie. « Vous êtes Italien que si vous avez vécu sur le sol italien jusqu’à vos 18 ans. Pour ma part, je ne suis pas Italien, car j’ai émigré à Maurice lorsque j’avais 10 ans », dit-il. Une décision prise par ses parents qui estiment alors que le petit Abhishek aura un meilleur avenir à Maurice. « J’habitais à Centre-de-Flacq. Malgré le choc des cultures à mon arrivée, je suis content de la tournure des choses, car revenir à Maurice m’a permis de comparer l’Ouest et l’Est », confie-t-il. Il ajoute : « J’ai vécu la majeure partie de mon enfance chez ma grand-mère qui est maintenant décédée. Ce fut une période très intéressante de ma vie, car mes parents étant absents, j’ai puisé tout l’amour dont j’avais besoin de mes grands-parents et de mon frère », dit-il.

Un peu livré à lui-même, Abhishek Sadaphul apprendra très vite à résoudre ses problèmes seul, comme un grand. « Je trouvais toujours de nouvelles techniques pour étudier et mémoriser ce que me disaient les enseignants. » D’ailleurs, à son arrivée à Maurice, il ne connaît pas un mot de créole, de français ni même d’anglais. « J’ai dû repasser mon examen du CPE à Maurice, car même si j’étais déjà en Form 2 en Italie, l’on ne me permettait pas d’intégrer directement le collège sans être passé par cette étape. Malgré tous ces obstacles de langue, notamment, j’ai obtenu mes 5 A. » Abhishek Sadaphul réussit brillamment ses examens jusqu’à son HSC au Professor Basdeo Bissoondoyal College. « Après mes résultats de fin d’études, j’ai commencé à chercher une université pour étudier l’ingénierie, un rêve de gamin. Même si l’on me disait que ça allait être difficile et que ces études coûtaient trop cher, je n’ai jamais abandonné mon rêve. »

Déterminé, il décide de postuler pour une bourse en Italie et finit par en obtenir une à la Politecnico Di Torino. « Le challenge était de reprendre mes études en italien, et ce après avoir passé les dernières années à Maurice. Contre vents et marrées, j’ai fini par trouver une directrice de thèse, Daniela Tordella, qui m’a épaulé pour soumettre mon travail sur le ‘turbulent flow’, une matière dédiée aux étudiants de Master. Malgré cela, j’ai décidé de relever le défi. » Après sa licence, il obtient une année de stage à la City University et finit par compléter son Master à l’université de Turin où il obtient une autre bourse de la Royal Aeronautical Society (RAeS). « J’ai vécu une année extraordinaire à la City University en Angleterre où j’ai acquis énormément de connaissances théoriques. Il y a, là-bas, un ‘professional wind tunnel to test wings and other interesting objects such as bluff bodies. I also learned to fly a glider’ », dit-il, ne maîtrisant que très peu le français.

Par ailleurs, pendant ses années de Master, il se voit offrir l’opportunité de travailler pour Airbus Innovation Works. « C’était une aubaine en or, car s’il est commun de travailler avec Airbus, tel n’est pas le cas pour Airbus Innovation Works qui est un département travaillant étroitement avec Airbus/Rolls-Royce et d’autres compagnies aéronautiques. »

Depuis, Abhishek Sadaphul a pris son envol. Performance Engineer chez Rolls-Royce, il a travaillé sur le moteur Trent7000 de l’A330neo acquis par la compagnie d’aviation nationale. « I have worked under the engine project Trent7000 from its first range of testing to the engine being certified and delivered to the airlines. Une fierté pour moi. » Et de conclure, « je ne crois pas que Maurice ait une place pour moi, même si c’est mon souhait le plus cher. Au final, il faut faire un choix entre votre carrière, votre passion et où vous vous voulez être réellement. D’ailleurs, ce conseil est destiné à tous les jeunes, pas qu’aux Mauriciens. Il suffit d’y croire. Je n’ai jamais baissé les bras et ai toujours cru en mes études, mes rêves. J’ai toujours fait confiance à mes enseignants. »

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