Budget : sucre, la guerre des chiffres !

  • Le JNP, contestant les 60% d’augmentation des salaires du patronat, soutient que la révision n’a été que de 15,06% pour les artisans et de 12,64% pour les laboureurs en 18 ans
  • Ashok Subron: « Pourquoi devra-t-on subventionner au coût de Rs 6,5 milliards des conglomérats voulant détruire l’emploi à Maurice et polluer l’environnement? »
  • Les syndicats de l’industrie sucrière réclament un Fact Finding Committee sur les dessous du Joint Technical Report avec la suspension des hauts fonctionnaires impliqués

Le contre-mémoire du Joint Negotiating Panel (JNP), regroupant les syndicats de l’industrie sucrière, soumis au gouvernement, hier, déclenche une guerre de chiffres dans ce secteur économique. Les syndicalistes de l’industrie sucrière, qui remettent en cause les conclusions et recommandations du Joint Technical Report, dénoncent « une approche manipulatrice du patronat de l’industrie », notamment au chapitre des augmentations salariales en faveur des laboureurs et des artisans. Le document des syndicats dénonce l’éventualité d’une subvention de l’ordre de Rs 6 milliards, puisées des fonds publics, à un secteur économique « when they propose to massively destroy employment, and hurled work conditions as close as possible to the dark aged seasonal activity ». Dans un autre ordre d’idées, le JNP réclame l’institution d’un Fact Finding Committee sur les dessous du Joint Technical Report, la suspension des hauts fonctionnaires engagés dans cet exercice de même que des garanties du Premier ministre pour un statu quo sur les conditions de travail contrairement aux propositions du patronat.

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L’un des principaux volets du contre-mémoire des syndicats porte sur la question de l’évolution des salaires ces dernières années. Les syndicalistes contestent de manière véhémente la thèse épousée par le patronat, dans le Joint Technical Report, à l’effet que « labour costs have increased by more than 60% since 2010 ». Pour le JNP, cet argument de la hausse des salaires constitue la principale arme du patronat pour un « onslaught on labour ». D’où l’importance accordée à cette question.

« What is being suggested by the Joint Technical Committee? That there should not have been any salary increase of the workers of the sugar industry via the two collective agreements, other than the annual salary compensation », se demandent les syndicalistes souscrivant à ce rapport. Après avoir rappelé que ces différents ajustements de salaires ont été sanctionnés officiellement, dont les 4,5% de l’arbitre Balgobin en 2017, ou encore les accords collectifs avec respectivement des augmentations de 20% et de 1% respectivement, le JNP se lance dans une analyse des « real and non-distorted figures, from a rational starting and ending point » au cours de la période s’étendant de 2000 à 2018 (voir tableau récapitulatif plus loin).

Le JNP parvient à la conclusion qu’au cours de ces 18 dernières années « the net salary increase in real terms is 15,06% for a factory worker and 12,64% for a labourer, translating into a nominal annual increase of less than 1% ». S’appuyant sur un autre paramètre, les syndicalistes avancent que « the output per worker rose from 17,95 tons in 2000 to 58,30 tonnes in 2016 ». En tenant compte des données de Statistics Mauritius, les syndicalistes font ressortir que « we have worked out the evolution of labour cost, expressed as compensation of employees for the whole industry, from 2010 to 2015. The results are heartbreaking! The net increase of labour cost for the industry is 0,78%. If taken from 2009 to 2015, then the net increase in labour cost is 3,81% ». « There is no possibility, by any stretch of mind, that the labour cost would have increased in 2016 and 2017, to reach the illustrious truncated labour cost of 60% of JTC/Business Mauritius », s’appesantit le document des syndicats, ajoutant que « a manipulative, biased committee, instituted in a conspirational manoeuvre will inevitably produce tainted and lopsided findings and recommentations ».

Le JNP s’attaque également aux « bagasse-coated dirty pills ». Les critiques sont des plus sévères car, pour les syndicalistes « the truth is that: using bagasse as a lever, the sugar magnates have not only taken control of electricity production, but have forced coal, the prime C02 emiter, to be the prime source of energy production in Mauritus, surpassing other fossils sources, while energy from bagasse itself is on the decline ». Ils sont d’avis que les propositions du Joint Technical Committee auront pour conséquences de faire passer la génération d’énergie électrique à partir des centrales sucrières de 350 Gwh à 440 Gwh et de « use different, mostly environment related public funds to now directly subsidise the sugar companies, to the tune of at least Rs 1,27 billion ».

Dans cette perspective, les syndicalistes de l’industrie sucrière se demandent : « why should citizens subsidise to the tune of Rs 6.5 billion, via various environmental funds, the biggest and dirtiest polluters of this country? Bagasse, now cane trash and biomass are only levers, not to say scam, to further increase both the production of energy through coal and the control of the production of electricity by big sugar magnates of Mauritus. »

Le JNP réclame le rejet du rapport du Joint Technical Committee avec « a public declaration that no amendments will be brought now or during this mandate, to laws related to acquired right of any labourers and artisans of the sugar industry ». D’autre part, quatre attributions sont proposées pour le Fact Finding Committee sous la présidence d’un juge de la Cour suprême à savoir
« to inquire and report on whether there has been any breach committed against public interest, the nation, as well as to undefended working people of sugar industry;
« to inquire and report on whether there has been a deliberate atempt to mislead policy makers in order to capture massive public for private, pecuniary vested interest;
« to inquire and report on whether there has been any breach of law for conflict of interest or otherwise; and
« to inquire and report on whether the Minister of Agro-Industry has been responsible directly or indirectly for any acts or breach, that may have occurred in the process and recommendations of the JTC. »
Affaire à suivre avec une éventuelle riposte de la Chambre d’Agriculture…

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