Chagos – Dans une déclaration à la BBC hier — Le PM : « Nous avons été menacés de représailles… »

  • La délégation mauricienne dirigée par sir Anerood Jugnauth quittera Maurice demain matin
  • Sateeaved Seeballuck : « Nous avons bien préparé notre dossier et nous sommes confiants »

À moins une semaine du début des travaux de la Cour internationale de justice lundi prochain au sujet de l’“advisory opinion” sur les conséquences légales de la séparation de l’archipel des Chagos de Maurice en 1965, le Premier ministre est revenu sur les menaces proférées contre Maurice. C’est ce qu’il a déclaré dans une déclaration diffusée par la BBC hier. « Unfortunately, we have been threatened with retaliation… on issues of trade and on issues of investment, you know, and on our relationship with the UK », a-t-il affirmé. Un porte-parole du Foreign Office britannique devait réitérer que « we are disappointed that Mauritius has taken this bilateral dispute to the International Court of Justice for an advisory opinion ».

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La délégation mauricienne dirigée par le ministre mentor, sir Anerood Jugnauth, quittera le pays demain matin pour La Haye, aux Pays-Bas. Elle comprendra le secrétaire au Cabinet, Nayen Kumar Ballah, Sateeaved Seebaluck, responsable du dossier des Chagos, le Sollicitor General, Dhiren Dabee, Martin Young Kim Fat, ministre conseiller aux Affaires étrangères, Jagdish Koonjul, ambassadeur de Maurice auprès des Nations unies, et Dev Beekary, conseiller auprès du ministre mentor. Trois représentants du Groupe Réfugiés Chagos (GRC) feront officiellement partie de la délégation mauricienne et seront accompagnés de six autres délégués, soit Rosemond Samynaden, Liseby Elisée, Suzelle Baptiste, Janine Sadrien, Roger Alexis, Mimose Fircy, Nela Gaspard et de Rosemonde Bertin.

En prévision de ces auditions, la BBC note sous le titre « Chagos Islands dispute: Uk “threatened” Mauritius » en ajoutant « the dispute over the Chagos Islands – home to the US military base on Diego Garcia – is being portrayed by some as an indication of Britain’s waning influence on the world stage following the Brexit vote. »

Rapportant la déclaration de Pravind Jugnauth, la BBC souligne : « “we have had verbal threats”, said the Prime Minister of Mauritius, Pravind Jugnauth, in an interview with BBC News. » Il n’a pas contesté un rapport selon lequel l’ancien secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Boris Johnson, l’avait appelé personnellement à faire pression sur Maurice pour que celle-ci renonce à exiger que les îles soient rendues après des décennies sous contrôle britannique. « Malheureusement, nous avons été menacés de représailles sur des questions commerciales, des questions d’investissement et sur nos relations avec le Royaume-Uni », a-t-il ajouté.

Un porte-parole du Foreign Office estime que le recours à la CIJ constitue « une utilisation inappropriée » du mécanisme d’avis consultatif de la CIJ et constitue « un précédent dangereux » pour d’autres différends bilatéraux. « While we do not recognise the Republic of Mauritius’s claim to sovereignty of the archipelago, we have repeatedly undertaken to cede it to Mauritius when no longer required for defence purposes, and we maintain that commitment », ditt-il.

De son côté, sir Anerood, qui est le dernier survivant de la conférence constitutionnelle de 1965 de Lancaster House considère que « it was real blackmail ». Il se souvient de la déclaration de Harold Wilson à l’effet que « if you don’t agree to what I am proposing (about the Chagos Islands) then forget about independence ».

À Maurice, les partis politiques sont unanimes à soutenir la démarche. « Nous soutenons en bloc la délégation mauricienne, bien que nous ayons certaines réserves que nous éviterons de soulever pour le moment », a affirmé le leader du MMM, Paul Bérenger, qui déplore toutefois que le Premier ministre n’ait pas songé à convoquer une réunion interparlementaire des leaders politiques avec l’audition de la CIJ.

Arvin Boolell, député du PTr, réaffirme la solidarité de son parti. « Il faudra éviter des pièges tels que la proposition d’une cogestion de l’archipel ou l’éventualité de retour des autres îles à Maurice à l’exception de Diego Garcia. Il faudrait rejeter toute éventuelle proposition de cogestion et insister sur la reconnaissance de la souveraineté de Maurice sur la totalité du territoire, y compris Diego Garcia », s’est-il appesanti.

Soulignons que la Chagossienne Liseby Elysée interviendra en créole devant les juges de la CIJ. Interrogé sur la raison pour laquelle ce n’est pas lui qui fera cette déclaration, Olivier Bancoult a expliqué qu’au moment de la déportation, il n’avait que 4 ans. Toutefois, Liseby Elisée était une des dernières à être forcée à quitter les Chagos. « Nous pensons que le témoignage de Liseby Elysée est vraiment important car elle sera plus en mesure de parler de la vie quotidienne des Chagossiens dans l’île », a-t-il déclaré.

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