Compensation salariale : Les syndicalistes saluent l’effort du GM

Même si, disent-ils, la compensation payée n’est jamais suffisante, les syndicalistes interrogés reconnaissent néanmoins l’effort consenti par le gouvernement en portant à Rs 300 la somme qui sera payable à compter de fin janvier 2020 à l’ensemble des salariés touchant jusqu’à Rs 50 000 mensuellement. Ces syndicalistes soulignent aussi que ces Rs 300 additionnelles ne sont pas un point final et qu’elles viendront se greffer sur les réajustements à venir dans le contexte de l’augmentation du salaire minimal à compter de fin janvier toujours.

- Publicité -

Le dead-lock dans les négociations tripartites portant sur la compensation salariale a été décanté à la suite d’une requête faite par Rashid Imrith, président de la Federation des Syndicats du Service Public (FSSP), au Senior Adviser auprès du bureau du Premier ministre, Dev Manraj. C’était juste après les tripartites de vendredi matin avec la proposition de Rs 200 sur la table des négociations. C’est ce qu’affirmait le président de la FSSP hier matin.

Cette rencontre subséquente entre Dev Manraj, le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, et le Premier ministre, Pravind Jugnauth, devait déboucher sur la décision de porter le quantum de la compensation salariale de Rs 200 à Rs 300. Pour le syndicaliste, cette victoire de la classe syndicale ne s’arrête pas en si bon chemin. Il convient maintenant de mettre en application les recommandations du rapport du Pay Research Bureau (PRB) au plus tard le 10 décembre au sujet de la correction des distorsions découlant de la mise en pratique du salaire minimum.

« Pour nous, la réunion de vendredi n’est pas une fin en soi. Il faut maintenant s’adresser à la distorsion dans la relativité salariale avec la mise en application du salaire minimum. Nous exprimons quand même notre satisfaction que nous avons pu contribuer ensemble avec les autres syndicats pour porter le chiffre du Minimum Wage à Rs 10 200. Le salaire minimum dans la fonction publique passe ainsi de Rs 7 800 à Rs 10 200. Cependant, la section 9 de la National Wage Consultative Council Act stipule que lorsque le salaire minimum est appliqué, il faut que le PRB effectue un exercice administratif pour se pencher sur ce problème de relativité salariale. Jusqu’ci, cet exercice n’a pas encore été fait », a déclaré le syndicaliste.

« Nous attendons que le bureau du Premier ministre convoque une nouvelle réunion avec les syndicats pour discuter des résultats de ce rapport qui sera appliqué à partir de janvier 2020. Nous avons dit que nous sommes d’accord pour faire un trade-off, mais il faut respecter la section 9 du NWCC. 

Année mouvementée

L’année 2019 a été pour nous très mouvementée et surtout nous exprimons notre satisfaction à l’effet que le rapport du PRB prendra effet à partir de janvier 2020 et il sera publié en octobre 2020. Aussi, à partir de janvier 2020, nous allons obtenir une avance de Rs 1 000 et il faut retravailler les bénéfices de tous ceux qui vont prendre leur retraite dans le courant de l’année. Nous avons pu ramener le salaire minimum à Rs 10 200 avec l’appui des autres syndicats. Pour nous, notre combat sera complété lorsque le problème de la relativité salariale serait corrigé », a conclu le syndicaliste.

Reeaz Chuttoo, de la Confédération des Syndicats du Secteur Privé (CSSP), parle, lui, de « sentiment du devoir accompli » après l’approbation, par le Conseil des ministres, d’une compensation salariale de Rs 300. Le syndicaliste rappelle surtout à ce propos que le chiffre indicatif d’inflation retenu pour l’année 2019 est de 0,5%. Il explique ainsi que si le taux de la compensation salariale devait strictement être indexé sur un tel taux d’inflation, cela équivaudrait au paiement d’une compensation de seulement Rs 106. Dans le cas des travailleurs du secteur privé, Reeaz Chuttoo rappelle que, là encore, la compensation salariale payable à compter de fin janvier prochain sera aussi accompagnée d’une correction des distorsions salariales découlant du salaire minimal en vue du maintien de la relativité des salaires dans le cas de tous les employés couverts par un Remuneration Order (RO). Ce qui fait que, techniquement, tous les travailleurs du privé couverts par un RO de plus que Rs 300 d’augmentation. Exception faite des salariés qui touchent déjà davantage que ce que prévoient les RO après révisions.

Radhakrisna Sadien, de la Government Services Employees’Association (GSEA), se réjouit, lui aussi, que sur le seul critère d’un taux d’inflation chiffré à 0,5%, le gouvernement consent à une compensation salariale de Rs 300. Il rappelle notamment à ce propos que, l’an dernier, sur la base d’une inflation de 3,3%, la compensation fut de Rs 400. « Certes, la compensation qui est payée n’est jamais suffisante, mais ces Rs 300 payables à partir fin janvier 2020 constituent quand même un soulagement », déclare le syndicaliste. Pour ce dernier, en prévision surtout de la présentation du prochain budget, des mesures doivent être contemplées en vue de soulager le fardeau de la classe moyenne particulièrement.

Le ministre Padayachy

« Les Rs 300 plus proches de la philosophie sociale du GM »

Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, a connu son baptême du feu avec les négociations tripartites pour la compensation salariale au cours de la semaine écoulée. Cet exercice comporte une décision politique et économique non-négligeable dans un contexte post-électoal où toutes les attentes étaient permises. Interrogé par Week-End au sujet de cette première expérience, il parle de « respect du principe de base des négociations ».

« D’abord, avec beaucoup de sérénité, puisque j’ai hérité du portefeuille des Finances du Premier ministre, qui a fait un gros travail de rééquilibrage durant les dernières années. D’autre part, notre programme électoral s’inscrit dans la même lignée, c’est-à-dire maintenir et faire accroître la justice sociale à travers des mesures fortes telles que l’augmentation de la pension de vieillesse à Rs 9 000, entre autres, matériels scolaires gratuits pour certains grades de collégiens, bonus de performance pour les policiers, réajustement du salaire minimum et une compensation salariale raisonnable malgré un taux d’inflation de 0,5% », déclare le Grand Argentier en guise de préambule.

Abordant le dossier des tripartites et de la compensation salariale, le ministre Padayachy souligne qu’ « en tant que ministre des Finances et président des tripartites, j’ai respecté la règle et le principe de base des négociations, notamment prendre note des plaidoiries et propositions des représentants des syndicats et ceux des employeurs tout en tenant en ligne de compte le contexte économique et les prévisions pour l’année à venir. »

Renganaden Padayachy poursuivra :  « Une fois cette étape terminée, il revenait aux techniciens de se réunir et de procéder au calcul d’un montant, qui a été présenté et débattu avec les représentants syndicaux et ceux de Business Mauritius. D’où une nouvelle rencontre vendredi avant que je ne présente mes recommandations finales au Conseil des ministres. Cette année, il y a, d’une part, le réajustement du salaire minimum et, d’autre part, cette étape où le montant de la compensation est logiquement déterminé au niveau du Conseil des ministres. Après une analyse de la situation, le gouvernement a effectivement conclu qu’une compensation de Rs 300 par mois est plus proche de sa philosophie sociale. »

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -