Deux jours après la fermeture : les licenciés de Palmar toujours dans le flou

  • Le ministère du Travail dit « suivre la situation de près »
  • La MEXA sollicitée pour le redéploiement des expatriés

Les 1 300 licenciés de Palmar Ltd sont toujours dans l’incertitude, en dépit de leurs démarches pour obtenir des garanties sur leurs salaires et années de service hier. Une équipe, partie à la rencontre du Receiver Manager Yacoob Ramtoola, n’a pas obtenu de réponse satisfaisante. Les licenciés se préparent à une mobilisation devant le ministère du Travail lundi.

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Après une journée à faire le pied de grue devant l’usine de Palmar, à Mon Loisir, hier, les 1 300 licenciés de l’usine se sont dispersés vers 14h. Plus tôt, ils avaient reçu la visite de deux officiers du ministère du Travail, qui leur ont donné des instructions sur la marche à suivre. Les travailleurs ont ainsi été avisés de se rendre au bureau de l’emploi de leur localité pour une plainte contre Palmar Ltd. « Sans cela, le ministère ne pourra rien faire », ont-ils précisé.

Une autre équipe, partie à la rencontre du Receiver Manager, Yacoob Ramtoola, est, elle, rentrée bredouille. Pendant ce temps, une cinquantaine de travailleurs étrangers se sont rendus au ministère du Travail pour alerter les autorités sur leur situation. Selon leurs témoignages, ils sont privés d’électricité depuis hier et il ne leur reste plus grand-chose comme nourriture. « Nous sommes arrivés à la fin du mois et nous avons de quoi tenir deux à trois jours encore. Nous voulons savoir comment nous allons faire par la suite. Qui va nous donner à manger ? En plus, nous ne savons pas si nous aurons notre salaire. »

Le syndicaliste Feyzal Ally Beegun est d’avis que c’est la responsabilité des Receiver Managers de prendre en charge ces travailleurs étrangers. Par ailleurs, le ministère du Travail a, dans un communiqué hier après-midi, précisé que des 414 expatriés, 53 ont à ce jour demandé leur redéploiement, tandis que cinq autres souhaitaient rentrer chez eux. Les autres sont attendus au bureau du ministère lundi prochain.

Au total, il y a eu 1 318 licenciés, soit 904 Mauriciens, 55 Malgaches et 359 Bangladais. Le ministère du Travail dit « suivre la situation de près ». Déjà, le contact a été établi avec la Mauritius Export Association (MEXA) pour le redéploiement des expatriés. Le syndicaliste Feyzal Ally Beegun avance, lui, qu’avec tous ces licenciements dans le secteur textile, la situation des travailleurs étrangers devient inquiétante. « Généralement, quand il y a fermeture d’usine, les travailleurs étrangers sont transférés vers d’autres usines. Mais au point où on en est, je me demande si nous ne sommes pas déjà arrivés à saturation. Il y a eu récemment les licenciés de Texto, d’Avant (Mauritius) Ltd et de Queenswear, qu’il a fallu recaser dans d’autres usines. Combien pourrons-nous redéployer ainsi ? Il est temps que les autorités réfléchissent sérieusement à cela. »

Ce dernier a donné rendez-vous aux licenciés lundi matin à 9h30 devant les locaux du ministère du Travail. Il réclamera des éclaircissements sur la situation, de même qu’une enquête sur la dette de 600 M de Palmar Ltd. « Il n’est pas possible que les usines aillent sous “receivership” pour des dettes énormes et qu’il n’y ait jamais enquête pour savoir où est passé l’argent. A-t-il été investi dans l’usine ou dans d’autres projets ? »

Il invite également le Premier ministre, Pravind Jugnauth, à enclencher les procédures pour que cette dette de Palmar soit « write off » afin que ses biens puissent être vendus et que les travailleurs soient payés. « C’est une initiative que seul le Premier ministre peut prendre. Paul Bérenger l’a déjà fait dans le passé, alors qu’il était Premier ministre, dans le cas de l’usine Textel. »

Par ailleurs, le syndicaliste se demande comment le ministère du Travail et les Receiver Managers peuvent demander aux travailleurs d’aller entamer des démarches pour le “workfare programme” alors qu’ils n’ont même pas reçu leur lettre de licenciement.

Fatimah (10 ans de service) : « On nous a traités comme des chiens »

« Je travaille au Palmar Group depuis plus de dix ans. J’ai eu un choc hier quand on nous a dit qu’il fallait évacuer l’usine car on allait fermer. On nous a traités comme des chiens. Il y a des personnes qui ont encore leurs effets personnels à l’intérieur. On nous empêche d’entrer. Quand l’usine est entrée sous “receivership”, on nous avait dit que s’il faut fermer, cela se fera fin mars. De même, on nous a dit que nos deux mois de salaire pour février et mars étaient garantis. Mais voilà, subitement, on a fermé l’usine, sans même nous donner une lettre. Il n’y a eu aucun responsable des ressources humaines pour nous renseigner. »

Asha (20 ans de service) : « Nous voulons des explications »

« J’ai fait 20 années de service dans cette usine. Nous avons travaillé de longues heures supplémentaires. Nous voulons savoir si on va nous payer nos années de service. On ne peut fermer comme cela sans donner d’explication. Nous sommes dans le flou. Nous attendons que le ministre du Travail nous donne la garantie que nous aurons notre argent. On nous a dit de pousser la production car cela permettrait un “cash-flow” de Rs 75 M. Et puis, subitement, on décide de fermer et on ne nous donne aucune explication. »

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