LÉGÈRE BAISSE DU NOMBRE DE DEMANDES DE DIVORCES EN 2014 : «Il y a cependant  une explosion du nombre de divorces ces derniers 30 ans» selon Nicolas Ragoodoo, sociologue

De 2450 en 2013 à 2384 en 2014,  le nombre de demandes de divorce a connu, pour la première fois, depuis quatre ans, une baisse de 3%. C’est le constat effectué dans le dernier rapport annuel du judiciaire, publié la semaine dernière. Ce sont les jeunes couples qui  comptent le plus grand nombre de divorcés, avec notamment, pour 2014, 691 cas comptant 10 à 14 ans de mariage alors qu’en 2011, ce chiffre s’élevait à 348, en 2012, 440, et en 2013, 313. Cependant pour Nicolas Ragodoo, Senior Lecturer in Sociology à l’Université de Maurice, la baisse notée du nombre de pétitions logées n’est pas vraiment significative. «Il faut voir l’évolution dans le moyen et le long terme», dit-il, estimant qu’en outre, «le nombre de divorces ces derniers trente ans, a explosé à Maurice.»
La baisse de 3% notée du nombre de demandes de divorce logées à la Family Division de la Cour suprême en 2014 comparée à 2013 est à prendre avec des pincettes. C’est l’avis du sociologue Nicolas Ragoodoo qui souligne que sur le long terme, le nombre de divorces lui, explose. Pour soutenir ses dires, il explique que le rapport annuel du judiciaire indique que le nombre de divorces prononcés en 2014 a connu une hausse de 43% et qu’en outre, le nombre de pétitionnaires traités est passé de 1843 en 2013 à 2812 en 2014, accusant ainsi une hausse de 50%. Autre fait qui ressort de ce rapport note-t-il, est que les demandes se font plus par les femmes que par les hommes. Ainsi, en 2014, 50% des demandeurs de divorce étaient des femmes et 27% des hommes. Parmi les pétitionnaires pour 2014, 68% étaient mariés pendant 14 ans au moins. Le rapport indique également que 65% des demandeurs de divorce avait un ou pas d’enfant. Il ressort de ce rapport, également, que des 2262 divorces prononcés l’année dernière (1788 en 2011, 2003 en 2012, et 1584 en 2013), 23% résultaient du consentement mutuel qui ne cesse de gagner du terrain depuis son introduction en mai 2011.
Les jeunes couples comptant moins de 14 ans de mariage sont les plus fréquents demandeurs
Analysant les chiffres, Nicolas Ragoodoo fait ressortir que, «sur les trente dernières années, de 471 cas en 1984, nous sommes passés à 733 cas en 1994, 1162 en 2004 et 2384 cas logés en cour en 2014, avec 2262 divorces prononcés pour la même année.C’est clair que le nombre de divorces à exploser en 30 ans»,  dit-il, ajoutant qu’il est dès lors nécessaire d’analyser parallèlement le nombre de mariages qui est en baisse. «En 1984, nous avons célébré 10865 mariages. Ce nombre est passé à 11414 en 1994, 11385 en 2004, et 9954 en 2014», dit le sociologue relevant que cette baisse est principalement due à l’évolution démographique. Cependant, note-t-il, «d’une situation d’un divorce pour chaque 23 mariages en 1984, nous sommes arrivés, en 2014, à un divorce pour quatre mariages. «C’est là que les chiffres, même si en légère baisse, du nombre de demandes de divorce, deviennent intéressants» dit-il. Pour le sociologue, il faut aussi tenir compte de la progression en ce qui concerne le nombre de divorces prononcés par consentement mutuel. En effet, selon le rapport du judiciaire, le nombre de divorces par consentement mutuel est passé de 336 en 2012 à 537 en 2014. «Ceci est une bonne chose étant donné que des divorces apaisés font moins mal», dit le sociologue. Il explique que «les enfants qui se retrouvent au milieu d’un divorce vont définitivement souffrir moins si les parents arrivent à  mieux s’organiser, au lieu de s’entre-déchirer.» Nicolas Ragoodoo ajoute qu’il est nécessaire, en cas de divorce, que les parents mettent de côté leurs différents et arrivent à s’entendre pour le bien des enfants.
Hausse des demandes de Protection Orders : «mauvais signaux»
Le sociologue avance qu’outre les chiffres de divorces, il faut aussi tenir compte des chiffres relatifs à la violence domestique. En effet, selon le rapport annuel du judiciaire, le nombre de cas de Protection Order a augmenté. Si les Cours de district ont reçu 1 895 demandes de Protection Order en 2014 contre 1 809 pour 2013, soit une hausse de 5 % en une année, la Family Division a prononcé 2 175 divorces en 2014. Ce qui représente une hausse comparativement à l’année précédente où 1 494 cas de divorce avaient été prononcés. Pour Nicolas Ragoodoo, «que le nombre de Protection order émis soit en hausse, de même que le nombre non-respect d’un Protection order, sont de mauvais signaux par rapport à la violence au sein de la famille.» Soulignant qu’il y a un nombre grandissant de pays qui adoptent une pratique de zéro tolérance par rapport à la violence domestique avec des sanctions sévères et quasi-immédiates, il estime que nous devons réfléchir sur notre système présent, identifier les failles, et essayer de l’améliorer pour pouvoir contrecarrer la violence conjugale, et ainsi éviter beaucoup de drames au sein de la famille. À cet effet, l’Advisory Committee mis sur pied par le gouvernement et qui a pris note de la criminalisation sous forme de violences domestiques et de l’introduction de peines plus sévères pour  traiter ce genre de cas, a effectué des recommandations pour renforcer la législation ayant trait à la violence domestique. Ce comité préconise également la mise sur pied d’un système plus efficace de prévention et de justice pour les victimes, visant ainsi à mieux protéger et soutenir les victimes.

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