QUESTIONS À : Aucun ministre n’est au-dessus de la justice, même l’Attorney General, a déclaré Me Anil Gayan

Quel est votre commentaire sur cet accident de voiture qui a impliqué le ministre de la Justice et un jeune automobiliste, samedi dernier, à Quatre-Bornes?
Un accident peut arriver à n’importe qui. Mais si c’est vrai qu’après l’accident, le ministre est sorti de sa voiture pour aller frapper l’autre automobiliste, cela est innacceptable. Aucun ministre n’est au-dessus de la Justice, même l’Attorney General.
Au niveau de la morale ou de la loi?
À tous les niveaux. Dans une déclaration, le ministre a dit que son comportement était une réaction de colère. Je peux comprendre la colère, mais ce n’était pas une situation de légitime défense. La colère n’excuse pas tout, d’autant plus que la personne concernée – un avocat et ministre de la Justice – devrait bien connaître la loi. Il n’a pas le droit de prendre cette justice dans sa main bandée, ce qui me fait penser à un autre ministre travailliste qui, suite à un incident avec des syndicalistes, s’était fait bander la tête. Plus sérieusement, on en saura plus sur cette curieuse affaire quand la police aura terminé son enquête.
Mais cette enquête semble ne pas avoir commencé. Est-ce que cette « lenteur » est normale?
Il est possible que la police soit très occupée avec le Ponzi scheme et d’autres affaires et que pour elle, l’accident de la semaine dernière n’est pas très important. Je suis de ceux qui pensent que Maurice est un État de droit où la loi s’applique à tous de la même manière. Mais je reconnais que dans la pratique, il existe une perception qu’il y a ici différentes lois pour différentes catégories de Mauriciens. On peut penser que ce n’est pas totalement faux quand on voit avec quelle rapidité extraordnaire la police agit quand il s’agit d’un membre de l’opposition et le traitement réservé aux membres du gouvernement. Il faut aussi dire qu’il existe des médecins complaisants qui suivent les règles, non pas de la médecine mais de certains de leurs patients. Je pense à la vitesse avec laquelle une main a été plâtrée, sans oublier la vitesse avec laquelle la presse a été photographier cette main. La vitesse n’est pas la même pour tous. La police doit faire son enquête en toute intégrité. Est-ce que ce sera fait? L’avenir nous le dira.
Nous avons appris, ce vendredi matin, qu’une psychologue qui avait fait un rapport dans le cadre de l’affaire MITD a été arrêtée puis relâchée par la police. Un commentaire sur cette arrestation?
J’ai appris cette nouvelle avec stupeur. Parce que d’après ce que je comprends, cette psychologue a fait un rapport dans le cadre de son travail. Dans les autres pays, surtout quand il s’agit d’enfants et de personnes âgées vulnérables, les rapports faits par les psychologues servent comme preuve dans les procès. Eu égard à ce qu’on sait de cette affaire, avec les photos postées sur internet, je trouve que l’arrestation de la psychologue est un acte arbitraire. À moins que la police ait des preuves solides qui l’ont conduite à procéder à cette arrestation.
Comment interprétez vous ces affaires qui se multiplient dans tous les secteurs à Maurice?
Par le fait que Maurice est en train de devenir un pays moderne! Nous faisons comme les grands pays! Au Etats Unis, on a eu Murdoch; ici, on a White Dot et Sanskei. On a des cas de pédophilie par des hommes religieux. On a des policiers qui cultivent du gandia, des banquiers, des inspecteurs de police, des membres du personnel de l’ICAC et de la Banque de Maurice qui ont investi dans des affaires douteuses. Quelle modernité! Il faut faire une enquête sérieuse sur la provenance de l’argent du Ponzi scheme et son parcours international, car n’oubliez pas qu’il y a environ Rs 700 millions qui se promènent dans la nature. Mais compte tenu de ce qui se passe à Maurice, on peut se demander si la volonté pour une véritable enquête en profondeur sur le Ponzi scheme et ses ramifications existe à Maurice? Encore une fois, l’avenir nous le dira.

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