SANTÉ: 70 % à 80 % des prescriptions d’antibiotiques pas nécessaires, selon Sadeck Vawda

« 70 % à 80 % des prescriptions médicales d’antibiotiques ne sont probablement pas nécessaires », a affirmé Sadeck Vawda, pharmacien et General Manager de la compagnie Unicorn lors d’une conférence du ministère de la Santé à la résistance des bactéries aux antibiotiques. En effet, dit-il, « toutes les infections bactériennes ne nécessitent pas la prise d’antibiotiques ». Les prescriptions excessives sont dues à la pression des patients, à un diagnostic imprécis, au manque de confiance du médecin ou au « peer pressure », voire aux lobbies de l’industrie pharmaceutique, indique M. Vawda.
« Il n’y a aucune preuve que la prescription d’antibiotiques va prévenir des infections bactériennes secondaires chez des patients ayant une infection d’origine virale », indique M. Vawda. Les prescriptions excessives d’antibiotiques, l’automédication, des dosages inappropriés, une durée de traitement pas respectée accroissent l’inefficacité des antibiotiques selon des études internationales. En outre, indique-t-il, il n’y a pas eu de nouvelle classe d’antibiotiques sur le marché récemment.
Médicaments les plus communément utilisés, par voie orale ou en injection, les antibiotiques représentent 50 % des achats de médicaments dans les hôpitaux. Puissants anti-infectieux, ils ont sauvé des millions de vies depuis 50 ans. « Une prescription rationnelle d’antibiotiques réduit la durée d’hospitalisation et les dépenses de Santé publique », indique M. Vawda.
Cependant les études internationales, dit-il, font état d’une incidence élevée de prise incorrecte des antibiotiques. En outre, note-t-il, « il n’y a pas suffisamment de preuves concernant d’importants bénéfices des antibiotiques dans le traitement des infections des voies respiratoires supérieures. En fait toutes les infections bactériennes ne doivent pas être nécessairement traitées avec des antibiotiques. D’autres options peuvent être plus appropriées : l’usage des antiseptiques ou une intervention chirurgicale ».
Par ailleurs, explique Sadeck Vawda, le choix d’un antibiotique doit tenir compte de l’âge du patient, du facteur génétique, d’une allergie à ces médicaments, de la sévérité de l’infection et de sa localisation notamment. Les antibiotiques peuvent également être prescrits en prophylaxie, c’est-à-dire pour prévenir des infections spécifiques, dont la tuberculose, l’endocardite ou avant un acte chirurgical invasif. « Les trois cas les plus communs dans lesquels les antibiotiques sont pris de façon inappropriée sont la fièvre, le mal de gorge et la diarrhée ». La fièvre, explique M. Vawda, est le symptôme de centaines de maladies infectieuses et non infectieuses. « Les antibiotiques n’ont aucun effet sur une fièvre qui n’est pas d’origine bactérienne ni sur une infection de cause virale ». Par ailleurs, le mal de gorge est l’une des maladies les plus communes, entraînant un usage inapproprié des antibiotiques car elle est principalement d’origine virale. Elle est responsable de 13 % des consultations médicales. Or 80 % à 90 % de ces infections guérissent spontanément. La diarrhée est l’autre cas dans lequel la prise d’antibiotique n’est pas toujours indiquée, car elle ne nécessite dans la plupart des cas qu’une réhydratation.
« La durée d’un traitement aux antibiotiques varie de la dose unique à celle prescrite pour plusieurs mois. Par exemple un traitement de tuberculose sera de quatre à six mois », indique le pharmacien. « Une combinaison de traitements peut être indiquée dans certains cas. Dans tous les cas le traitement doit être monitored. La résistance aux antibiotiques, un phénomène croissant dans le monde, varie d’un pays à l’autre, voire d’un hôpital à l’autre, et même d’une unité à l’autre dans un même hôpital ». Pour prévenir l’inefficacité d’un antibiotique il est recommandé d’identifier l’agent pathogène en laboratoire afin de prescrire un traitement ciblé, voire même d’avoir recours à la vaccination en prévention des infections. L’usage approprié d’antibiotiques doit être instauré par des protocoles de soins dans les hôpitaux et le recrutement de pharmaciens cliniques.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -