SANZEMAN D’AKOR: Le rugissement de Lion Kklash

Plusieurs années de scène, des participations à diverses compilations, une renommée établie : Stéphane Ravaton sort enfin son premier album, Sanzmen d’akor. La tempête Lion Kklash débarque précisément là où on ne l’attendait pas, dans une sonorité world, avec pour base ses origines hip hop et sa rage de dire.
Quand la déferlante hip hop dévale dans les ruelles des banlieues au début des années 90, elle happe sur son passage un gosse de Trèfles qui traînait lor koltar. Emporté par ces flots, Stéphane Ravaton fut ballotté entre rap, ragga, dancehall et reggae, avec des escales aux côtés des OSB, de Natir, Kaz Bad, Nono, Ras Minik, Don Panik, Blakkayo, Dagger Kkilla et bien d’autres. Il émergea des flots dans un bond félin qui le projeta dans la jungle des grands. Danseur des OSB devenu compositeur et chanteur avec des participations sur quelques compilations, c’est surtout par la scène qu’il a fait son entrée. En live, l’artiste est un showman boosté par cette énergie explosive qui marque les esprits, contribuant à faire de Lion Kklash un nom dans le domaine musical. Il ne lui restait plus qu’à laisser une empreinte plus profonde dans l’arène. D’où l’album auquel il a songé… il y a sept ans.
Rewind.
Beaucoup d’années ont passé et Sanzmen d’akor sort dans une semaine. Sur les conseils de Dagger Kkilla, Lion Kklash s’est offert un temps de recul pour mieux penser sa musique et son album. Hors de sa tanière, le voilà qui se présente précisément là où on ne l’attendait pas. Au lieu de camper sur ses acquis, l’artiste a attendu cet album pour se réinventer, avec un style construit à partir de toutes ses précédentes expériences et qui se veut le témoignage de son évolution artistique. Stéphane Ravaton a été très ambitieux dans son projet en choisissant de se donner tous les moyens possibles pour frapper fort dès le premier coup afin d’être à la hauteur de la renommée de Lion Kklash.
Racines.
Pour se découvrir, il est remonté à la source afin de mieux situer ce rap qui l’a porté pendant si longtemps. “Afin de comprendre ce que je faisais, j’ai effectué beaucoup de recherches pour remonter jusqu’aux racines.” Cette exploration a conduit cet enfant de la génération hip hop vers le jazz, le blues, le ska, le funk, jusqu’aux voix de Ray Charles, de James Brown et d’autres légendes. “Une fois que j’ai eu compris cette base, je pouvais revenir pour construire mon style, sans avoir à copier les autres.”
World.
Dans ce pèlerinage à la découverte de sa voie, Lion Kklash suit étroitement les conseils de Dagger Kkilla. C’est ce dernier qui l’encourage à faire appel à Danny Louison pour la réalisation de son album qui, en d’autres circonstances, aurait été confié au défunt Georges Corette. “Lorsque j’ai rencontré Danny Louison, il m’a proposé que l’on fasse un album de world music.”
L’idée ne pouvait que séduire le chanteur, qui comprit qu’il pourrait user de ses différentes influences musicales pour se démarquer par un son nouveau. Mais, au départ, la finalité demeurait floue : “Nous savions que les choses se mettraient en place d’elles-mêmes à mesure que le travail avancerait.” En sus de la longue réflexion qu’il s’était imposée avant de se lancer, Stéphane Ravaton a consacré deux mois entiers à cet album. “J’ai pris un congé de mon travail. Je ne suis pas rentré chez moi pour me concentrer entièrement sur ce projet. Il a été pour moi plus qu’un simple album.”
Perkit zot tinpan.
L’album ne pouvait que s’appelait Sanzmen d’akor. “Dimoun pou resenti sa sanzman la. Li pou perkit zot tinpan”, affirme Lion Kklash. Danny Louison (claviers, percussions), Steven Bernon (basse), Mike Rosicourt (guitare), Marcel Fleury (batterie, percussions) et Philippe Thomas (trompette) ont décliné à leur façon un parcours allant du conventionnel à des fantaisies musicales, avec une flexibilité permettant bien des écarts au gré de l’inspiration. “J’ai pris le temps d’expliquer l’esprit de chaque morceau aux musiciens. Ils m’ont écouté et ont joué d’après ce qu’ils avaient ressenti. Le tout a été réalisé avec beaucoup d’émotions.” Sur cet album, on retrouve aussi Dagger Kkilla, Natir, Jahrimba, Kaz Bad, 2Roupi, Blakkayo, Big Joe, Caroline, entre autres. Treize titres présentant chacun une ambiance bien précise, avec comme fils conducteurs la puissance vocale de Lion Kklash et l’arrangement non conforme que propose Danny Louison.
Expériences.
“Cet album représente 32 ans de ma vie”, confie le chanteur. “J’ai utilisé toutes les expériences que m’a fait vivre la vie pour le créer.” Il y a eu de bons moments et d’autres moins reluisants. L’enfant rappelle qu’il a “grandi dan enn site”. Certains pièges étaient parfois difficiles à éviter : “Il y a eu la drogue, des comprimés.” Il en a réchappé pour retourner vers ses responsabilités, mais n’hésite pas à en parler comme pour extirper ses démons.
À travers cet album, Lion Kklash voulait faire entendre son rugissement sur des faits de la vie, le chanteur ayant toujours considéré le rap comme un médium pour se faire entendre sur des choses essentielles, “et non pas comme une musique où l’on vient dire n’importe quoi”. Soulignons que l’un des morceaux proposés sur l’album est de Philippe Thomas.
Ti Frer, c’est le cousin de son grand-père. Stéphane Ravaton vient d’une famille de musiciens : “Moi, j’ai préféré chanter.” Depuis ses débuts, il a avancé par étapes. L’album le place maintenant sur un palier d’où sera décidée la suite de l’aventure. Si le choix de la world music lui permet de rêver d’ailleurs, Lion Kklash veut aussi aider à faire comprendre que la musique mauricienne offre d’autres possibilités et que son épanouissement est incessant. Il suffit de savoir oser, affirme-t-il.
Sanzmen d’akor sera sur le marché à partir du 6 avril. Sa production, son édition et sa distribution seront assurées par Dodo Music Shop.

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