Y a-t-il un bon pilote dans l’avion MSM/ML ?

Depuis les élections de 2014, le gouvernement MSM/ML — avec le PMSD, pendant quelques mois — a casé ses proches, leurs grands copains et leurs petites copines dans tous les postes existant au sein de l’administration gouvernementale pour contrôler l’appareil d’Etat à son profit. Comme on le sait, beaucoup de ces nominés étaient incompétents et ont été l’objet de scandales obligeant à s’interroger sur le sens de la responsabilité et du discernement de ceux qui les avaient nommés. Depuis qu’il est Premier ministre, Pravind Jugnauth s’est lancé dans des opérations de Com, censées créer son image de chef de gouvernement moderne, qui se sont souvent retournées contre lui. On a souvent attribué ces bourdes et ces couacs à ces spin doctors et aux marmitons de la célèbre kwizinn. Mais au fil du temps, une question s’est imposée : n’est-il pas de la responsabilité première d’un chef de savoir faire la différence entre un bon et un mauvais conseil, entre la flatterie d’un courtisan et l’opinion d’un conseiller qui a évalué tous les bénéfices, mais aussi tous les risques et conséquences d’une décision avant de l’émettre ? En d’autres termes : y a-t-il un bon pilote dans l’avion MSM/ML ? Cette question se pose avec persistance cette semaine. Dimanche dernier Pravind Jugnauth, maître du calendrier électoral selon la Constitution, décide de convoquer le pays aux urnes dans trente jours. On supposait qu’après deux ans à la tête du gouvernement et contrôlant tous les leviers de l’appareil d’Etat, il avait choisi le 7 novembre après avoir pésé le pour et le contre et établi une liste de candidats imbattables, au moins costauds pour qu’ils se mettent immédiatement en campagne. Dans un premier temps, quand il a informé dix-neuf députés et ministres MSM/ML qu’ils n’auraient pas de ticket, on a pensé que le petit Pravind était un chef qui savait mener ses troupes et leur imposer sa volonté.
Mais très vite, avec l’annonce des candidats, on a dû constater que, comme c’est souvent le cas avec le leader du MSM, c’est l’amateurisme et l’approximation qui l’emportent sur le reste. On a de plus en plus le sentiment que la liste des candidats a été plus improvisée que pensée. Sinon, comment expliquer que Pravind Jugeauth se débarrasse de députés MSM pour les remplacer par des transfuges politiques ou des représentants de mouvements socioculturels qui n’osent pas afficher le nom de leur mouvement ? Comment expliquer que le leader du MSM/ML puisse offrir un ticket à Ajay Daby pour poser à la place de Raj Dayal, sans savoir que l’ex-Speaker ne pouvait accepter cette offre pour des raisons d’éthique ? Comment expliquer qu’on a pu offrir quatre tickets à Alan Ganoo alors que le BP de son parti préférait une alliance avec le PTr, ce qui a donné lieu à un des épisodes les plus minables de notre histoire électorale ? Comment expliquer la valse des candidats, d’une circonscription à l’autre, au gré des réactions des agents, des sympathisants et des députés écartés, dont l’un a été jusqu’à dire : « Dans MSM pé remplace économiste par animatrice ! » Alors que les candidats contestés disent en choeur : « C’est Pravin qui m’choisi. » On s’est souvent moqué du PTr pour la manière dont il distribue les tickets électoraux à la onzième heure et dans une ambiance de bazar. Depuis lundi, le MSM le bat à plate couture dans ce spectacle pitoyable et pathétique dans lequel les tickets sont donnés, repris, échangés — comme les circonscriptions — face aux électeurs totalement dépassés, dont on insulte quotidiennement l’intelligence. Oui, face à ce spectacle grotesque et minable qu’est la constitution de sa liste, la question suivante prend tout son sens : Y a-t-il un bon pilote aux manettes de l’avion MSM/ML et consorts ?
Depuis la prorogation du Parlement, il semble que certains internautes critiques vis-à-vis du gouvernement sont l’objet de censure par Facebook. Vendredi, une vidéo enquête de Top FM TV dénonçant le Serenitygate, impliquant des proches de Pravind Jugnauth, a été enlevée sur la pace Facebook de la radio privée. Le fait que Facebook a censuré cette vidéo qui dénonce un scandale impliquant le gouvernement alors qu’elle ne touche pas à celles qui font campagne contre l’opposition pose question. On a souvent accusé Facebook de véhiculer des « fake news » et des discours de haine de certains de ses abonnés. On sait désormais qu’à Maurice, Facebook est capable de se mettre au service d’un gouvernement sortant et d’en assurer sa propagande en censurant ses contradicteurs. Mais fort heureusement pour la liberté d’expression et la circulation de l’information, Facebook n’est pas l’unique plate-forme de diffusion des réseaux sociaux. C’est ainsi que les intéressés peuvent regarder « Serenitygate », l’enquête de Top FM censurée sur Facebook en se branchant sur YouTube. Ce que de nombreux Mauriciens ont fait depuis vendredi soir en redistribuant la vidéo qui est devenue un buzz sur le Net. Cette tentative ratée de museler les contradicteurs est encore une preuve de l’amateurisme des spin doctors du leader du MSM/ML.

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