Ambiance toxique

Le pays baigne actuellement dans une ambiance toxique, voire malsaine, qui ne contribue nullement à envisager l’avenir avec sérénité et certitude.
La population, déjà secouée par les effets de la pandémie de Covid-19, est confrontée à la hausse du coût de la vie. Il ne se passe pas un jour sans qu’on apprenne que le prix d’un produit essentiel n’a subi une augmentation sensible. La hausse des prix des produits pétroliers n’a pas tardé à avoir des conséquences.
La Private Notice Question du leader de l’opposition a, certes, permis au Premier ministre d’énumérer les mesures sociales prises par son gouvernement. Personne ne peut nier que ces mesures ont apporté un soutien considérable à l’intention des plus démunis de la société, des personnes vulnérables et des personnes âgées et qu’elles ont permis d’empêcher les pertes d’emplois durant la période difficile et exceptionnelle de la pandémie. Cependant, aucune de ces mesures n’est indexée sur le coût de la vie.
Or, le taux d’inflation cette année par rapport à l’année dernière a dépassé les 10% et rien n’indique que la courbe de l’inflation baissera de sitôt. Au contraire, tout indique qu’elle continue à prendre une tendance ascendante. Si on peut attribuer la hausse des prix à l’agression russe contre l’Ukraine, les dernières nouvelles qui nous parviennent donnent l’impression que le conflit et les sanctions qui l’accompagnent dureront encore plusieurs mois. La Banque mondiale ne prévoit pas un retour à la normale avant 2024.
Il est heureux que le ministre du Commerce ait fait comprendre qu’il n’y aura pas de hausse du prix de notre pain quotidien, qui aurait constitué un coup fatal pour des milliers de Mauriciens. La décision de contrôler le “mark-up” d’une quinzaine de médicaments est intéressante, mais pas suffisante. Il faudrait une stratégie globale qui tiendrait compte de l’importation parallèle et de la compétition sans toutefois faire des concessions sur la qualité de ces produits.
Jusqu’ici, nos décideurs donnent l’impression de refuser toute remise en cause de leur stratégie économique, financière et sociale et qu’ils seraient allergiques à toute critique. Sinon, ils auraient entendu les critiques des opérateurs et des observateurs économiques selon lesquelles la dépréciation de la roupie, associée à la hausse des prix à l’international, constitue un double fardeau pour les consommateurs. Puisqu’il est difficile de contrôler le second (les prix à l’international), il aurait fallu une politique financière adéquate pour stabiliser la roupie et empêcher la dépréciation. De plus, tout le monde s’accorde à dire qu’il y a des éléments dans la structure du prix du diesel et de l’essence qui peuvent être enlevés afin de réduire le prix de l’essence.
Amédée Darga, dans une interview au Mauricien, résume bien la situation actuelle en affirmant que « chaque fin de mois, quand les consommateurs vont faire leurs emplettes, c’est l’amertume ». Et puis, qu’il y a « l’arrogance, l’intolérance, les multiples situations de corruption, sans que les coupables soient retrouvés et punis, voire le comportement souvent outrancier, “dominer”, de la police ». Tout cela, selon lui, sème le trouble dans l’esprit du peuple.
Les événements de cette semaine ont aggravé la situation. Avec le recul, la police aurait pu gérer différemment les manifestations du week-end dernier. Pourquoi s’être entêté à incarcérer Darren Activiste alors que les manifestants et ses hommes de loi réclamaient sa libération ? Peut-être que les manifestations n’auraient pas pris une tournure aggravante. Ensuite, le traitement accordé au président du Bar Council, Yatin Varma, et le refus de la police de se conformer à l’ordre de la Cour suprême dans le cadre de l’affaire concernant le ressortissant slovaque n’ont pas fait honneur ni à la police, ni à l’exécutif du pays. Pour combler le tout, le traitement accordé au MTC, qui organise les courses hippiques depuis 210 ans, est aux yeux de beaucoup de Mauriciens aussi grave que l’agression russe contre l’Ukraine, toutes proportions gardées.
Le gouvernement a utilisé de toute l’artillerie dont il dispose pour éjecter le MTC au Champ-de-Mars et réduire le conseil municipal de Port Louis à un niveau de “rubber stamp”. Tout cela crée une situation toxique qui décourage et réduit à néant toute idée de solidarité nationale, souhaitée par beaucoup de personnes.

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