Aret reve kamrad !

Ce 18 novembre s’est tournée la 27e page de la Conférence des parties (COP) sur le climat. Avec une première question : quels enseignements tirer de cette énième grand-messe climatique ? En vérité, pas grand-chose.

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Car si tout le monde s’accorde à reconnaître l’urgence en la matière, lorsqu’il s’agit de prouver sa bonne foi par des actions concrètes, la voix la plus persistante reste celle du silence. Alors oui, des efforts ont été consentis pour les pays du Sud, mais rien (ou si peu) en matière de réduction de nos émissions polluantes. Preuve en est que si les pays développés, bien que responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, sont prêts à faire quelques concessions, il est une chose sur laquelle ils ne transigeront jamais : la croissance ! Or, pour que celle-ci perdure, il faudra continuer de produire, et produire toujours plus. Ce qui demande de l’énergie, pour l’heure toujours essentiellement fossile.
Vous l’aurez compris, ce rendez-vous annuel n’est en réalité rien d’autre qu’une plateforme politique.

Étant ultra-médiatisé, ce non-événement revêt même d’une importance capitale pour les États, de plus en plus désireux de prouver qu’ils sont « tous » à l’avant-garde de la cause climatique. D’autant que cela ne leur coûte rien, si ce n’est une signature au bas d’un document de toute manière non contraignant. Une question d’image, donc, davantage que de responsabilité politique et environnementale.

Non seulement ce simple constat tente à prouver que ces conférences sont relativement inutiles – y compris celle de Paris, qui bien que qualifiée d’historique, se sera finalement soldée par une grande déception –, mais l’on pourrait aller plus loin en affirmant, haut et fort, que la lutte contre le changement climatique est… un mauvais combat. Car le véritable ennemi, celui-là même à l’origine de tous nos maux, reste tapi dans l’ombre, même si l’on sait qu’il s’y trouve : à savoir notre système économique. Lorsque l’on comprend cela, l’on comprend également que le dérèglement du climat n’est en soi qu’un des nombreux symptômes d’une seule et unique maladie, aux origines faut-il le rappeler purement anthropiques.

Notre système, basé sur les échanges de capitaux, est en effet à la base de toutes nos crises sociétales. Des plus visibles – comme le réchauffement climatique, la destruction de la biodiversité, les trafics en tout genre et l’érosion sociale – aux moins évidentes, à l’instar de la Covid, toutes ont en effet pour dénominateur commun le profit. Autrement dit une notion purement humaine, et autour de laquelle nous avons bâti tout un système. Pour autant, cela ne reste qu’une notion. Un ensemble de conventions dont, si nous le voulions vraiment, nous pourrions changer les règles. Sauf qu’en l’état, personne n’oserait les changer. Car les seuls aptes à le faire sont également ceux qui en profitent le plus. Autant dire que ce faisant, cela équivaudrait pour eux à se tirer une balle dans le pied.

Qui plus est, la lutte contre le changement climatique revêt aujourd’hui d’une telle importance qu’elle aura enrôlé des armées citoyennes à travers le monde, les jeunes en première ligne. Et si l’on pourrait d’un prime abord s’en réjouir, en réalité, il n’en est rien. Car ce faisant, ces mêmes armées se désintéressent des autres causes. Et pire encore, des origines mêmes de ce contre lequel elles luttent. Ce qui bien dommage, car la seule manière d’arriver à régler la question climatique ne réside pas à défiler dans les rues à grands coups de slogans environnementaux. Pas plus que de se rassembler devant l’autel de ces grands rassemblements mondiaux prétendument pro-climat. L’action, puisqu’il doit y en avoir une, doit se situer sur un autre terrain, bien plus en amont. Pour peu que nous prenions conscience que de tenter de trancher une tête de l’Hydre de Lerne ne nous débarrassera jamais de toutes les autres.

Puisque nos fléaux modernes ont quasi tous une origine anthropique et que tous sont les fruits de notre système, il serait dès lors grand temps de revoir ce même système de fond en comble. La bonne nouvelle, c’est que l’humain a la capacité intellectuelle, politique et technologique de réfléchir à un changement total de paradigme. Ne reste désormais plus que le plus dur : la volonté. Alors peut-être verrons-nous émerger une COP dédiée à la révision du système… Pe badine la ! Aret reve kamrad !

Michel Jourdan

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